Speaker #0Attendre d'attendre un enfant, épisode 1, pourquoi la PMA et pourquoi en faire un podcast ? Je veux des enfants et je crois que je serai une super mère. Ok, on aura connu présentation moins frontale et plus humble, mais écoutez, vous avez cliqué sur le podcast après avoir eu l'occasion de lire le titre, peut-être même que vous avez écouté la bande-annonce, donc faut pas faire les étonner. Mais effectivement, c'est vrai, bonjour déjà ! Je veux des enfants et je crois que je serai une super mère. J'ai hâte de leur présenter leur famille, celle dont je viens, celle dont ma compagne vient, et puis celle composée de tous les copains qui seront autant de tontons et de tatas. J'ai hâte de les emmener à l'école, même les matins difficiles, genre avec la gueule de bois, et de me faire des potos parmi les autres parents. J'ai hâte de leur apprendre à mettre leur cartable tout seul, j'ai hâte de leur montrer les films que j'aime le plus, ceux qui me font des guilis dans le plexus solaire et monter les larmes aux yeux tellement ils sont beaux. J'ai hâte de leur faire découvrir tout un tas de chansons que j'adore et de leur faire lire les livres qui m'ont changé pour toujours. En attendant, je leur lirai Zozo la tornade, Zibeline décrotonné et Cochon ronron et Bzzz l'abeille qui étaient mes favoris quand j'étais petite. Vraiment des bangers, hein ? Comme disent les jeunes. J'ai hâte de les aider à trouver leur moyen à eux d'exprimer ce qui fait parfois mal dedans. Moi c'est l'écriture mais peut-être que ce sera la musique ou le dessin ou la cuisine. Ça m'arrangerait pas mal que ce soit la cuisine vu que j'adore bouffer. Mais je forcerai à rien. J'ai hâte qu'ils me fassent leur première blague, je suis sûre qu'ils seront marrants. J'ai hâte d'étendre leurs toutes petites chaussettes sur le temps carville et de ne pas repasser leurs vêtements. Oui parce que je pense que je serai une super mère mais faut pas déconner non plus quand même. J'ai hâte d'être enceinte. Je sais que ça fait des douleurs partout, que ça fait gonfler jusqu'aux filles, que ça va fusiller les abdos, que j'essaie de consolider à grands coups de yoga, de renforcement musculaire, de 8 et de cardio depuis presque 10 ans. Écoutez clairement là je fais le bilan, il y a effectivement plus de trucs qui me font me dire que c'est plus une idée de merde qu'une idée super. C'est super. En plus, je suis écolo, enfin bon, on aura le temps de revenir sur ce sujet plus tard, mais pourtant, j'en crève d'envie depuis très longtemps. C'est comme si c'était plus fort que moi. C'est quelque chose que je ne m'explique pas. Je comprends les gens qui n'en veulent pas, je ne suis pas en train de dire oui, alors c'est en nous forcément Évidemment, les gens qui n'en veulent pas n'en veulent pas, point barre. C'est comme la coriandre finalement, il y en a qui adorent, il y en a qui détestent. Vraiment, jamais je ne remettrai en question ce qu'ils et elles savent qu'ils sont. Je sais juste ce que je ressens moi, un feu dans le ventre. Une boule dans la gorge, un manque. Je sais que je veux des enfants depuis mes 25 ans environ. J'en ai 34 aujourd'hui. La première fois que je me suis naturellement imaginée mère, c'était il y a 10 ans. A l'époque, je fricotais depuis quelques mois avec un type qui m'a un jour dit qu'il voulait emménager près de l'océan pour y élever ses enfants. J'ai compris qu'on n'allait pas rester très longtemps ensemble. Bon en fait, je le savais déjà vu qu'on avait 24 pieds et qu'on fricotait vaguement. Mais disons que ça m'a fait imaginer où, moi, j'avais envie d'élever les miens, d'enfants. Et clairement, partout... sauf près de l'océan. Même si c'est génial et superbe, vraiment je suis la première à le dire, c'est génial et superbe. Mais moi, l'océan, au quotidien, je trouverais ça chiant. Parce que j'ai peur de tout en fait. Les marées ça me fait peur. En plus, alors ça fait qu'à certaines heures t'es obligé de marcher 20 minutes pour ne serait-ce que tremper tes pieds dans l'eau. J'ai pas ce temps moi. en fait. Excusez-moi, l'océan, il y a trop de vagues, il y a les tourbillons, les vagues, c'est comme des claques dans ta gueule, limite ça t'assomme après tu meurs. Il y a des trous dans le fond dans le sable en fait, enfin je veux dire, peut-être qu'on m'a menti, peut-être qu'on m'a dit des carabistouilles, mais moi on m'a dit, fais attention, il y a des trous dans le sable, et après bah tu meurs. En fait, je n'ai pas envie de mourir. Et pardon, mais quitte à vouloir se baigner, autant aller près de la Méditerranée, où t'as pas l'impression de risquer ta vie toutes les 3 secondes, alors que tu voulais juste aller faire trempette pour pisser dans l'eau tranquille. Hein ? Ok je digresse pardon mais pardon pour moi c'était important. Mais tout ça pour dire, en comprenant que je ne voulais pas élever mes enfants à Osgore ou Biscarrosse ou Saint-Jean-de-Luz, même si c'est des noms de villes assez rigolos vous en conviendrez, j'ai compris que je voulais des enfants. Très bizarre à expliquer cette affaire. Quelques mois plus tard, je rencontrais un homme avec qui j'ai vraiment cru que j'en aurais. On a vécu ensemble longtemps, j'avais très vite pris mes ovaires à pleine main pour lui dire qu'un jour, je voudrais des enfants et qu'il fallait qu'il le sache parce que, si c'était pas son cas, autant qu'on ne se fasse pas perdre plus de temps. A l'heure de l'amour naissant, il était d'accord. Et puis, quatre ans plus tard, il était moins partant. Alors on s'est séparés. Aucun jugement, aucun regret. Il avait ses raisons et je les comprends totalement. C'est pas du tout un podcast pour faire des règlements de compte, d'accord ? Les ruptures, c'est toujours compliqué, mais cette rupture, avec ce motif principal, avait une saveur particulière. Je me souviens d'avoir eu le cœur brisé et les ovaires... présents. Je voulais des enfants si forts que je ne pensais qu'à ça. Il y avait une sorte d'euphorie là-dedans. J'étais triste, mais euphorique. J'avais mal au cœur, mais j'étais pleine d'espoir. Je me souviens que je quittais cet homme, et que je quittais Paris par là même, en touchant mon ventre souvent, comme si maintenant, ça allait être lui et moi. J'y pensais vraiment constamment. J'avais 28 ans. J'avais arrêté la pilule quelques mois plus tôt. La pilule, je l'avais prise depuis mes 16 ans, et je ne connaissais pas mes sensations de corps d'adulte sans. Ça, plus mon envie puissante d'être mère, j'avais une pulsion de vie concomitante avec une impression de virer full zinzin. Par exemple, j'avais l'impression qu'en me séparant, on me privait, ou je ne sais pas qui, mais quelque chose me privait, de ce que je pensais à une mise en cloque facile. C'est bête, mais j'y ai pensé. Je faisais des calculs basés sur du vent. Ça donnait quelque chose comme... Le temps que je me remette de ma rupture... Au moins un an. Le temps de rencontrer quelqu'un, entre un et deux ans. Le temps de rencontrer quelqu'un avec qui j'avais envie que ce soit sérieux, on rajoute au moins six mois. Écoutez, je sais pas vraiment sur quel genre de règles mathématiques je basais ce truc complètement hasardeux, mais fine, ok. Le temps qu'on emménage ensemble, un an et demi supplémentaire. Le temps que l'idée d'avoir des enfants devienne un sujet, entre quelques semaines et quelques années. Voir plus encore si je m'en tichais à nouveau d'un homme à qui, comme à tous les hommes, on fait croire à tort que leur sperme est fertile de manière constante jusqu'à leur mort, et qu'il n'y a donc jamais d'urgence pour eux. Bref, si j'en croyais mes savants calculs, je pourrais envisager d'avoir des enfants au mieux 3 ans plus tard. Ça me semblait le bout du monde. Aujourd'hui... Ça fait six ans. La rupture plus latente avant d'enfanter, je pensais que je m'en sortirais jamais. Spoiler alert, écoutez, si. C'est un message d'espoir pour tous les cœurs brisés, j'imagine. J'ai un temps envisagé de faire un enfant hors couple, mais la procédure et l'éducation d'un enfant que j'aurais dû confier plus souvent à une assistante maternelle ou une crèche, était un coup que je ne pouvais pas envisager. J'étais prête, mais ma vie ne me semblait pas l'être. Quelque chose comme ça, je crois. Alors à la place, j'ai fait la fête. L'alcool aidant, j'avais un crush par soir sur un type. Je suis bi ou pan, je ne sais plus tellement, enfin pour moi ça veut dire la même chose, mais peut-être pas, vous me direz. Mais je ne m'autorisais pas à envisager les femmes pendant ces quelques années-là. Je n'ai aucune idée de pourquoi. Peut-être juste les hormones, je ne sais pas. J'avais beau rêver d'avoir un enfant, j'y ai renoncé à un moment. C'était pendant les confinements. Je ne voyais plus comment ça pourrait arriver. Je ne voyais plus comment je pourrais rencontrer quelqu'un. Je ne voyais plus comment je pourrais retomber amoureuse. Le temps passait. Je savais pas dans quel état mes ovaires étaient. Et je pleurais des litres en écoutant en boucle ton héritage de biolée, en me disant qu'à moi, ce bonheur-là n'arriverait jamais. Qu'il y avait trop de trucs, trop de preuves, trop de signes. Le fait que je n'ai été en couple qu'avec des gens qui ne voulaient pas d'enfants, ou qui en voulaient mais pas avec moi, ou qui en voulaient avec moi mais avec qui j'en voulais pas. Les mauvaises décisions pro que j'avais prises, qui m'empêchaient d'avoir une rémunération stable pour envisager sérieusement une maternité sola. Et maintenant, le confinement ? Ça me brisait le cœur, mais j'essayais de me forcer à laisser tomber. C'était trop pour moi. Et puis un jour, je suis retombée très amoureuse d'une femme formidable qui s'appelle Clémence. C'est une très belle histoire d'amour qui a commencé comme une très belle histoire d'amitié. J'ai mis presque deux ans à lui faire ma déclaration. Et j'étais la plus heureuse du monde quand elle a accepté d'être amoureuse de moi en retour. Enfin, c'est pas exactement ça. Elle a pas accepté, elle était juste amoureuse de moi en retour, point. J'étais folle de joie, mais j'aurais pu la quitter si, quand on a parlé d'enfant, elle m'avait dit que pour elle, c'était hors de question. Par chance, elle m'a dit qu'avec moi, oui. Les élevés, oui. Les portés, non. Alors j'ai dit banco. Faisons une PMA. Maintenant, tout est prêt. J'ai même fait du zèle. J'ai pris un CDI pour tout ce qui est revenu fixe. On a acheté une maison pour tout ce qui est mise à l'abri de la famille. La chambre de l'enfant ou des enfants sert encore à stocker mes fringues et faire pioncer les potes de passage. Mais elle les attend. Pas autant que nous, mais elle les attend. C'est fou quand même quand on y pense. Je raconte ma vie de manière peut-être un peu trop précise pour que ça ne fasse des frissons de gêne à personne, et pourtant, je sais qu'elle va forcément résonner chez au moins une personne. Je me disais ça en regardant par la fenêtre de ma chambre mon jardin et ceux des voisins. Nos jardins, ils sont très différents. Certains ont un garage, certains une petite cabane, certains de la pelouse parfaitement tendue, d'autres des herbes folles disparates et trop hautes, certains ont des toboggans, d'autres encore des hamacs, mais tous ont des points communs. Ici, leur forme, la tranquillité, la joie qu'on ressent quand on peut ressortir le salon de jardin au printemps, qui est commune à tout le monde je pense. Le désir d'être parent, j'ai l'impression que c'est pareil. On a toutes et tous nos raisons, on est toutes et tous différents. Quand on galère, on est encore à la fois plus pareil et plus différent. Il y a les hétéros qui doivent passer par une PMA parce que la méthode naturelle ne fonctionne pas pour eux. Il y a les personnes qui font une maternité hors couple, il y a les personnes qui se lancent dans une procédure d'adoption ou qui sont dedans depuis des années. et qui attendent. Il y a les gens qui veulent devenir coparents avec des amis, ou peut-être des inconnus. Il y a les couples de femmes, il y a les couples non-binaires, il y a les couples d'hommes. Il y a les gens qui ont toujours su qu'ils voulaient enfanter. Il y a celles et ceux pour qui ça a été plus tardif, plus soudain. Et au final, on a tous au fond de nous la même hâte, le même espoir, le même cœur qui se sert quand on y pense, quand on se demande C'est pour quand ? C'est pour quand pour moi ? Quand est-ce que ça va marcher ? Est-ce que ça marchera un jour ? Il y a le même manque d'un amour dont on n'a pas idée de la force. Mais juste un peu. Suffisamment en tout cas pour en mourir d'envie. Attendre d'attendre un enfant, c'est l'histoire d'un parcours PMA. C'est l'histoire du mien en tout cas. C'est donc pas l'histoire de tous les parcours PMA de la Terre, mais ce sera peut-être un peu proche du vôtre, ou de celui de votre conjointe, ou de celui de votre BFF, ou de celui de votre sœur. J'ai eu envie de parler de cette aventure pour m'en souvenir, pour la représentativité des couples de femmes, pour trouver un écho dans le cœur des personnes au même stade que moi, et dans le cœur de leurs partenaires, pour qu'on se fasse comme un hug de compassion de loin, ou juste un mouvement de tête de... On se sait. On s'essaie. Pour donner les informations dont j'ai l'impression de manquer aussi. Un peu comme, vous voyez, la pote à la puberté plus précoce que la vôtre, qui vous a rassuré en vous racontant ses premières règles, avant que vous n'ayez été menstrué vous-même, qui vous a dit, prends les serviettes avec ailette, le temps de t'habituer, sinon tu vas salir tous tes slips, et pour peu que t'aies mis ton jogging peau de pêche couleur pêche, y'a moyen que t'aies des taffes si tu fais pas gaffe. Vous voyez, ce genre de conseils précieux. Je vais être ça pour vous. Je vais vous empêcher de taffer votre jogging. Cette PMA, Peut-être qu'elle marchera du premier coup et que ce sera très joyeux. Peut-être que ça ne marchera pas et ça le sera quand même un peu, promis. Je suis Sophie Rich, je suis créatrice de contenu sur internet depuis une quinzaine d'années, sur YouTube et en podcast. J'ai eu envie de faire ce podcast parce que dans mon passé pro, que j'ai parlé de rupture, de vagin ou de masturbation, je me suis rendu compte que produire quelque chose sur ce qui me tracassait me faisait du bien et même que ça aidait parfois les gens qui entendaient ce que je disais. Mais c'est pas la seule raison. Depuis qu'on a pris la décision de faire une PMA avec ma compagne, j'ai très peu croisé de personnes dans la même situation. Et quand ça a été le cas, j'ai vécu un tel soulagement à pouvoir évoquer, ne serait-ce que quelques minutes, le stress, les questionnements et les effets sur le corps, que j'ai envie d'essayer de recréer ça pour d'autres. Une grande conversation où on croirait qu'il n'y a que moi qui parle, mais où en vrai, vous aurez tout le loisir de me répondre. Sur mon Instagram, at sophierich, underscore, notamment. Dans le prochain épisode, on parlera de comment bien préparer le premier rendez-vous chez son ou sa gynéco. Enfin, pour être tout à fait honnête, je vais vous raconter à quel point j'ai chié le mien, comme ça vous saurez comment faire mieux. Plaisir d'offrir ! Vous écoutez Attendre d'attendre un enfant. Abonnez-vous via votre plateforme d'écoute de podcast préférée, laissez 5 étoiles et un commentaire si ça vous dit, suivez-moi sur Instagram, pour qu'on continue la discussion ensemble, et surtout, partagez-le en en parlant autour de vous, ou sur vos réseaux sociaux. Ce podcast est rémunéré par la publicité et par vos dons. Si vous le voulez, et si vous en avez les moyens, vous pouvez m'aider à le produire en me soutenant sur Patreon. Le lien est en description. On se retrouve la semaine prochaine pour un nouvel épisode, et en attendant, prenez soin de vous. Éventuellement, renseignez-vous sur le don de Sperm et de vos sites. Plus d'infos en description. Bisous. C'est pas sponso, hein. Enfin, ça me dérangerait pas, mais c'est pas sponso, je vous l'assure. C'est juste qu'on a besoin de Sperm.