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style de conduite. Pour les trajets courts, privilégiez la marche ou le vélo. France Inter. Le masque et la plume. Bonjour et bienvenue pour une émission consacrée aujourd'hui à l'actualité du cinéma avec Jean-Marc Lalanne, des Inrecuptibles, Charolotte Lipinska de... Télématin. Christophe Boursayet de France Inter, auteur de la chronique bien nommée Ce monde me rend fou tous les samedis et dimanches matins. Et merci de réserver un accueil chaleureux à Marie Sauvion de Télérama. À l'affiche du masque ! A l'affiche du masque de ce jour, le nouveau film de Quentin Dupieux, La Bête de Bertrand Bonello avec Léa Seydoux en majesté, Green Border de la cinéaste polonaise Agnieszka Hollande, le biopic de Bob Marley et enfin Cocorico, la comédie qui cartonne en salle avec Didier Bourdon et Christian Clavier, un peintre à moustache de la science-fiction, la réalité européenne, un rasta et des tests ADN. C'est le programme de l'heure qui vient face au public de l'Alliance française. Cher Masque, fidèle auditeur depuis des années, je n'ai jamais cédé à la tentation de vous écrire, d'autres le faisant avec humour et talent. Mais l'intervention de Xavier Leherper sur la zone d'intérêt m'a fait craquer. Beaucoup du courrier, vraiment très abondant, reçu cette semaine, commence de cette façon et je regrette d'autant plus que Xavier ne soit pas là pour y répondre. Vous êtes donc nombreux à vous indigner des adjectifs dangereux et révisionnistes accolés au film de Jonathan Glazer, qui, je le rappelle, nous fait entrer dans le quotidien de la famille Euss, installée juste à côté du camp d'Auschwitz. Si je résume la tonalité de la centaine de mails reçus, vous insistez sur le caractère remarquablement explicite du film et le mot que vous employez, le plus pour le qualifier, c'est immense Cela dit... Roger Calmel de Saint-Max, en Meurthe-et-Moselle, salue l'intervention de Xavier. Selon lui, les images manquantes du film peuvent faire le jeu des révisionnistes. Quelques courriers rejoignent l'avis d'Antoine, d'Ivry-sur-Seine, comme il est bref, je vous le livre en entier. Je vous écris comme on va à Confesse. Pendant les 1h45 de la zone d'intérêt, je me suis copieusement emmerdée. C'est mal, je sais. En tout cas, 15 jours après sa sortie, la zone d'intérêt de Jonathan Glazer... continuent de figurer parmi les cinq films qui réunissent le plus grand nombre de spectateurs en salle. Concernant May December de Todd Haynes, la plupart d'entre vous reviendront pas sur les actrices, Tuneanne Moore et Nathalie Portman, mais sur la musique du film. Patrick Dumas nous dit que ça lui fait penser au générique d'Affaires Sensibles sur France Inter. Mais Lorraine Billot corrige, Todd Haynes a repris la partition de Michel Legrand pour Le Messager de Joseph Losey. Le problème, je la cite, C'est que c'est devenu le générique de Faites entrer l'accusé Pas d'affaires sensibles. Penser à Christophe Ondelat dans une salle de ciné, c'est fâcheux, nous dit-elle. Pierre Cusor, qui nous écrit toutes les semaines, ne comprend pas le sens du titre May December mais conclut J'ai effectivement eu la sensation de passer sept mois enfermé dans une salle En revanche, il a beaucoup aimé Le dernier des Juifs premier film de Noé Debré. Stéphanie Roche écrit à son sujet, avec quatre F. Suivi de trois points de suspension, vous êtes d'imprévisibles au masque sur ce film. Et Philippe Gauthier de renchérir, j'étais sûre que vous alliez aimer, et voilà, ça n'a pas raté. C'est pourtant un tout petit pas grand chose. Laurent Mignot du Pré-Saint-Gervais me dit avoir été dans le public du Théâtre de l'Alliance, je ne sais pas s'il est là ce soir, en tout cas il l'était le jour où nous avons parlé du dernier des Juifs. Il me reproche de ne pas être intervenu contre l'unanimité et ajoute Ce film fera probablement plus sourire dans le sixième arrondissement que dans les cités où la triste réalité ne trouve malheureusement pas d'écho au cinéma. Alors cher Laurent, bien que ne vivant pas dans le sixième, j'ai beaucoup aimé Le Dernier des Juifs et surtout n'hésitez pas à vous saisir du micro la prochaine fois que nous aurons le plaisir de vous accueillir. Enfin, vous êtes nombreux à vous réjouir de l'arrivée de Christophe Boursayet à cette tribune, tandis que Stéphanie Roche suscitait mes cris pour la voix. Auriez-vous des liens de parenté avec Macha Béranger ? Avec 4 F suivi de 3 points de suspension. J'ouvre cette émission avec Daha Ali. J'espère avoir bien prononcé les 6 A du titre qui nous poussent à parler comme Salvador. C'est donc le nouveau film de Quentin Dupieux, 6 mois seulement après le succès de Yannick. Avec Daha Ali, Dupieux vit d'ailleurs son meilleur démarrage en salle. Pas moins d'une demi-douzaine de comédiens interprètent Salvador Dali, soit 6 versions possibles. Du peintre catalan par entre autres Gilles Lelouch, Edouard Baer, Jonathan Cohen ou Pio Marmaille, Anaïs Demoustier, elle, joue une pharmacienne reconvertie en journaliste qui rêve de réaliser un documentaire sur Dali et ça n'est pas de la tarte. Cette folle entreprise est notamment hantée par le cinéma de Louis Bunuel. C'est la première fois que Quentin Dupieux consacre un film à un personnage réel, en l'occurrence l'un des premiers artistes stars, mais ça n'a rien à voir avec un biopic. Christophe, c'est toi qui ouvre le bal.
Merci. Si vous voulez, quand on dit qu'un carnet dans les années 2000, une sorte de renouvellement générationnel, on est dans les années 2020, donc évidemment c'est moins le renouvellement. C'est un peu le mélange de l'esprit Yann Barthez et Canal+, de la grande époque, côté Simpson. petit mélange Jacques Tati, Simpson, enfin tout ça. Et puis là, avec ce film-là, c'est pas mal, c'est assez agréable. J'avoue que j'ai dormi que dix secondes, ce qui est peu. Et vraiment, j'ai eu un petit flop de fatigue, mais très court, parce que dans l'ensemble, c'est quand même assez amusant. Simplement de Dali...
Sinon, en moyenne, tu dors combien de temps pendant les films ?
Ça dépend des films. Il y a des films où je ne dors pas du tout. Et d'autres, par contre, c'est un cauchemar. Mais ça, c'est normal, c'est le cinéma. Heureusement qu'on est dans les salles. Oui, alors, de Dali, le problème, je dirais, c'est peut-être un problème pour moi, c'est comme ça que j'ai ressenti ça, c'est qu'étant donné qu'il a cette culture Simpson, de Dali, il n'a retenu que le chocolat à l'envin. C'est-à-dire que de Dali, il a retenu que le personnage est Dali, je m'appelle Dali. Alors, il dit qu'il rend un hommage à Louise Bunuel, mais enfin, il n'y a aucune espèce de... très très lointaine, très très vague référence. Et je pourrais comparer, si tu veux, ce qui me frappe, c'est la différence qu'il peut y avoir entre lui, par exemple, quand il manie comme ça les avant-gardes, en se réclamant d'une certaine façon d'une forme de surréalisme, mais il réduit le surréalisme à l'absurde, c'est le cinéma de l'absurde, alors que le surréalisme c'est un peu plus compliqué que ça, heureusement. Là, on sent un type qui dit Ah, Dali, il est marrant, et on va faire un film sur Dali parce qu'il est marrant, c'est un drôle de personnage et qu'il s'en amuse ! Et donc, c'est un jeu, mais enfin, c'est un jeu qui m'a moyennement séduit.
Charlotte ? Je suis d'accord avec une seule chose avec Christophe, c'est que c'est un jeu, en effet, mais c'est un film ludique. C'est-à-dire que je trouve que Quentin Dupieux, qui a un talent monstre... Alors, je suis un peu en colère avec lui, parce que je trouve qu'il est aussi talentueux que Flemmard, et que parfois, il pourrait travailler un peu plus sa matière, en l'occurrence ses scénarios. Mais sur la forme, il triture la matière du cinéma, comme aurait pu le faire Dali, c'est-à-dire que... Il nous propose un film qui est en forme de charade ou de rébus, de jeu de loi, de choses à tiroir. La façon qu'il a, je trouve, par des effets de montage, de travailler le temps, l'espace. Par exemple, la première apparition d'Edouard Baird dans un couloir, il marche dans un couloir et ça n'en finit jamais. Plus il s'approche de ses interlocutrices, plus il s'en éloigne. C'est assez génial. Donc je trouve qu'il y a plein d'idées comme ça formelles absolument formidables. C'est vrai que... tout le marketing du film a été fait sur les cinq comédiens qui incarnent Dali et qui, à mon sens,
c'est le meilleur.
Le meilleur, c'est Edouard Baird. Jonathan Cohen est très drôle aussi. Les autres sont quand même très nettement en deçà. Et du coup, pour moi, il y a une petite frustration. C'est que d'une scène à l'autre, je me dis, quand est-ce que revient Edouard ? Parce que les autres sont quand même plus mineurs, on va dire. Néanmoins, moi qui trouve toujours que Quentin Dupieux a des points de départ formidables mais qui n'arrivent jamais à les développer suffisamment pour des longs métrages, là, c'est la première fois où je trouve l'objet tout... totalement cohérent dans son incohérence. Et ça m'a assez réjouie.
Marie, toi aussi, ça t'a réjouie ?
Ça m'a follement amusée. Et peut-être un peu plus que ça, parce qu'en fait, ce que j'aime avec les films de Dupieux, c'est que je les ramène chez moi. Et puis que, voilà, c'est un film sur la rêverie, enfin sur le rêve. Et moi, ça provoque plein de rêveries. C'est-à-dire que j'adore l'idée qu'ils fassent des films très courts qui ne finissent jamais, par exemple. C'est-à-dire que... Personne n'en chasse, c'est terrible comme phrase, mais personne n'en chasse comme Dupieux. Et le fait qu'il ait un récit dans un récit dans un récit, ça m'amuse follement, mais ça provoque aussi toujours une curiosité chez moi. D'abord, je le cherche lui. Il est où Dupieux ? Dupieux, là, j'avais l'impression que c'était Anaïs Demoustier, c'est-à-dire quelqu'un qui ne s'y prend pas hyper bien, qui cherche à avoir la plus grosse caméra du monde pour aller filmer ses stars. Et en même temps, il est partout dans... Voilà, le goût des objets, le piano Fontaine, les vieux écrans de télé, etc. Moi, je m'amuse beaucoup toujours de la direction artistique chez Dupieux. Et puis, il y a dans ses derniers films, souvent quelque chose qui me touche. Et là, c'est un Dali qui est joué par Didier Sandre, que Jonathan Cohen regarde à travers une vitre. C'est un jeune homme face à un vieil homme et il a une simple phrase. Il dit Est-ce que c'est moi, ce vieux monsieur ? Et on va vivre la même scène, mais de l'autre côté de la vitre, un peu plus tard. avec un vieux monsieur qui se demande mais j'ai quel âge ? Et moi, voilà, on n'apprend pas grand-chose de Dali. C'est presque ce que je préfère dans le film, c'est que ce ne soit pas du tout un biopic, et qu'on ait comme ça une idée de Dali, cette scène du couloir interminable, elle est géniale. Comment donner une idée, une sensation des montres molles ? en filmant un couloir pendant un quart d'heure, c'est follement drôle.
Mais cette idée du temps qui passe et du vieillissement, elle revient de film en film d'ailleurs. Et puis Dali quand même, on se dit en voyant le film qu'il a inspiré énormément de rockstars avec ses caprices. C'est aussi ça. Amandalir. Amandalir, la bien-aimée Amandalir. Jean-Marc ?
Ah oui, c'est absolument un film sur le temps qui passe et même, je dirais plus, sur la peur de la mort. C'est ce qui me touche profondément dans le film, c'est-à-dire qu'à la fois, Quentin Dupieux, il invente une espèce de bulle de temps où tout se rejoue en se répétant. Il vient vraiment de la musique électronique minimaliste. Avec des boucles. Donc c'est vraiment quelqu'un qui fait des boucles. Et là, effectivement, ça tourne en rond, sauf qu'il y a cette apparition d'un Dalivieux. Et avec lui, tout à coup, il y a du temps qui s'écoule. Et je pense que ce qu'il cherche dans Dalivieux, c'est une sorte d'autoportrait d'artiste en contrôle fric. Je pense que vraiment, Dupieux, qui fait absolument tout dans ses films, c'est un artiste qui est... travaillé par le contrôle et il y a quelque chose qui est incontrôlable, c'est effectivement cette entropie, cet écoulement du temps. Et le film est extrêmement séduisant, extrêmement drôle, extrêmement gracieux, mais il est aussi travaillé par quelque chose de plus sourd, de plus profond, qui est cette angoisse de mort qui lui donne quelque chose de profondément touchant, au-delà de sa légèreté et de ce qu'il a de très séduisant et très charmant.
Un spectateur ou une spectatrice pour parler de Dali au Théâtre de l'Alliance ?
Le temps que le micro arrive, j'en profite, c'est Marie avec l'émotion à confondu de Didier, c'est Didier Flamand. Oui,
c'est Didier Flamand, pas Didier Flamand.
Je vous le prie, je suis pas sûre que... Oh ben voilà, je vais mourir.
Non mais ça n'a aucune importance.
Je vais mourir mais ralenti dans un film de Quentin Dupieux en tombant d'un toit.
Une participation de votre part dans le public, monsieur ? Oui,
moi j'ai beaucoup aimé parce que je ne pouvais pas m'empêcher de penser, surtout avec le... Le rêve du religieux qui revient sans arrêt différemment à Louise Bunuel. C'est pour moi un super hommage à Louise Bunuel. Et j'ai beaucoup rigolé, évidemment, mais les décalages des films précédents de Comte du Pieux étaient presque dérisoires à côté de celui-ci. C'est que du décalage, c'est qu'on peut le voir 36 façons différentes.
Et on est surpris,
mais je ne sais pas quoi dire d'autre, tellement je suis encore les images qui défilent devant mes yeux quand j'en parle.
On passe maintenant à la bête de Bertrand Bonello, un film d'anticipation puisque nous sommes en 2044 et dans ce futur proche, les émotions n'ont pas leur place. Elles représentent même une menace, tandis que l'intelligence artificielle, elle, est efficace. Pour se nettoyer de toutes ces émotions et de leurs traces, Gabriel, l'éas et doux à l'écran, doit replonger dans ses vies antérieures. On retrouve donc la femme qu'elle fut à Paris en 1910, la femme qu'elle fut à Los Angeles en 2014, et la femme qu'elle est en 2044. A chaque fois, elle vit différemment ses sentiments pour Louis, interprété par le britannique George McKay. C'est donc une variation autour du sentiment amoureux et de ce qu'il devient à travers le temps. Et en ce 18 février 2024, la bête t'a fait quel effet, Marie ?
Je l'ai trouvée belle et froide. J'ai eu une petite bagarre avec ce film, parce que je suis contente de retrouver un peu plus de temps. Bertrand Bonello dans une grande forme et puis en même temps, tout ce que j'aime chez lui, c'est-à-dire là vraiment déployer le grand architecte, le maître de l'espace-temps. Il adapte Henry James, mais en même temps, il inverse, il le transpose. Et c'est presque un documentaire en même temps sur les AC double, parce que le film commence, elle est sur un fond vert, elle joue une actrice en 2014, et elle joue une séquence terrifiante, sans accessoires, sans partenaire. Et là aussi, il va y avoir un système de boucle, c'est-à-dire que cette scène va être amenée à se répéter. J'ai trouvé ça à la fois magnifiquement tressé, c'est-à-dire que... Les entrelacs temporels sont vraiment superbes. On ferme les yeux dans une époque, on se réveille dans une autre. On entend un claque dans une époque, on se réveille encore dans une autre. Ça, ça marche merveilleusement. Mais j'ai trouvé le film, ce labyrinthe, extrêmement théorique aussi. Et comme il avait à cœur, je crois, il a beaucoup dit en interview, de réaliser un grand mélodrame sentimental. Et bien, j'attendais, moi, beaucoup de sentiments. Et j'ai comme un écran qui m'entend. empêche d'accéder vraiment à l'émotion. Or, j'ai eu...
T'as pas eu peur sur la fin ?
J'allais dire que j'allais dire d'émotion amoureuse, parce que c'est censé être une grande histoire d'amour, et que je trouve qu'il ne se produit pas énormément de choses entre Léa Seydoux et Georges Maquet, mon grand regret. Et je trouve aussi que le film est malgré tout hyper chargé de signes, d'oiseaux, de pop-up, d'ordinateurs.
acteurs,
de cartes anciennes, etc. Et finalement, presque, j'aurais voulu voir trois films individuels plutôt que ce mélange-là.
Je reviens sur ce que tu dis sur le côté documentaire, sur la maîtrise de l'art de Léa Seydoux. Il y a une scène quand même où son amoureux, en 1910, ils sont attablés et il lui demande de lui montrer ce que c'est que le visage d'une poupée. Et elle se transforme à vue. Et elle devient une poupée. Et je me suis dit, il a fait le film pour cette scène. C'est extraordinaire.
C'est un plan magnifique. Le sujet du film, c'est comment le cinéma fabrique des émotions. Tout le sujet du film, c'est les émotions. Est-ce que les émotions nous enfreignent ? Ou est-ce qu'au contraire, elles nous portent ? Et le cinéma, comme fabrique d'émotions, qui en simulant les émotions, les fait advenir. Le film est effectivement très théorique, mais je le trouve assez bouleversant là-dessus. Moi, le film m'impressionne beaucoup parce qu'il a une telle ambition, je dirais une double ambition. Il a à la fois une ambition très forte de production. C'est-à-dire que c'est un film opulent, un film qui veut être... spectaculaire, romanesque, et en même temps une ambition expérimentale. C'est un film extrêmement audacieux, extrêmement innovant, et joindre ces deux-là, souvent l'ambition expérimentale, elle freine l'ambition de production, et vouloir faire un spectacle aussi total, mélanger dix films un an, faire à la fois un film de SF, un thriller mental à la Lynch, il y a des scènes qui ressemblent à du Cronenberg, mais on revoit aussi passer tous les films que Bonello a fait, les scènes de boîte de nu qui font penser à Saint-Laurent, c'est comme s'il voulait faire dix films un an, il en fait une sorte de montage un peu cubiste, toujours au bord de la saturation en effet, mais que je trouve vraiment magnifique, et inspiré tout le temps et d'une intensité incroyable. C'est vraiment un très grand film sur le cinéma, et je trouve aussi que son idée sur la nouvelle d'Henri James est vraiment géniale, il la transforme complètement, et en même temps il a identifié quelque chose de très très fort, c'est que la peur est peut-être le sentiment le plus contemporain, celui qui nous identifie le plus justement, qu'on est tous terrorisés par l'imminence d'une catastrophe, et là ce qu'il fait là-dessus c'est vraiment de l'ordre de la vision pure, et c'est d'une... pouvoir de suggestion et d'une éloquence inouïe.
On ne l'a pas précisé, effectivement, c'est une adaptation lointaine, on va dire, de La Bête dans la jungle d'Henri Thiem.
Et pour rebondir sur ce que tu as dit en mars, il y a une réplique, moi, que je trouve magnifique, à un moment où l'un des deux demande à l'autre mais qu'est-ce qui est le plus fort, ta peur ou ton amour pour moi ? Et de là après, chacun appréciera l'effet miroir de cette phrase. Moi, le film a beaucoup troublé parce que il se trouve que La Bête dans la jungle, donc cette nouvelle a été très souvent jouée au théâtre, moi je l'ai vue beaucoup de fois au théâtre. Il y a 20 ans, c'était Fanny Ardant et Gérard Depardieu, plus récemment Valérie Dréville, et je n'avais jamais rien compris. J'étais toujours passée à côté de ce texte, et là... Et curieusement, alors que Bonello la prend comme point de départ mais s'en éloigne, pour la première fois, j'ai eu l'impression de vraiment saisir ce que nous disait Henry James, qui est plutôt la première partie, on va dire, du film. Et en effet, cette préscience d'une catastrophe imminente, qui est en fait évidemment une peur paralysante de l'amour, et en gros c'est fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve. Gainsbourg l'avait magnifiquement résumé avec ça. Moi, je trouve le film très très beau. Alors... Un peu long, on ne l'a pas dit, 2h26, il faut quand même prendre le temps. La première partie, qui est la plus historique, la plus ancienne au début du siècle, m'a paru un peu longue et répétitive, mais alors plus le film avance, plus j'étais complètement prise, jusqu'à cette dernière demi-heure que je trouve d'une puissance dingue, qui à mon sens est celle qui finalement provoque le plus d'émotions, comme avec Marie, en tout cas sur la peur au final. Après, Léa Seydoux, elle est juste magistrale, son visage... est un paysage et il y a au cœur du film, je voudrais juste la citer, une séquence sous-marine qui est pour moi l'une des plus belles séquences que j'aurais vu au cinéma cette année.
Dans une usine de poupées.
Oui, c'est absolument magnifique. J'ai été absolument sidéré par ce film et en fait je suis passé par tous les états. C'est-à-dire qu'au début j'ai dit oui, c'est quand même très prétentieux. Et puis après j'ai me dit qu'est-ce que c'est superficiel et je ne comprenais pas. Et en fait tout à coup j'ai eu une espèce de révélation deux jours plus tard.
Le deuxième effet,
la règle. Deux jours plus tard, j'ai compris qu'en fait, on est vraiment dans un David Lynch, dans la mesure où on est dans Bullo Land Drive, on est dans Twin Peaks, c'est-à-dire on est dans la tête de quelqu'un. C'est-à-dire que tout le film est vu depuis la tête, en apparence, de Léa Seydoux, mais quand on y réfléchit, et c'est là où tout à coup j'ai trouvé ce film incroyable, en fait on est dans la tête d'une intelligence artificielle qui tente de comprendre l'humanité à travers un cobaye. qu'elle est assez doux. Et il y a une esthétique extraordinaire, vraiment numérique, très forte, et ses effets numériques s'expliquent. Je ne comprenais pas en voyant le film pourquoi il y avait des scratches d'écran, l'écran qui tout à coup se pixelisait, des choses comme ça. C'est parce que c'est une intelligence artificielle qui étudie l'humain, l'humain qui pour elle est une bête.
Au point que le générique de fin est un QR code.
Mais c'est ça.
Oui,
c'est vrai. J'ai mis deux jours à le comprendre.
Vous connaissez la dernière image. Le public du Théâtre de l'Alliance, est-ce que vous voulez intervenir sur ce film, La Bête, de Bertrand Bonello ? Rebecca. Bonjour. Moi je l'ai vu en présence de Bonello, à Beaubourg, avec M. Lalanne, et heureusement qu'il m'a expliqué le film,
parce que moi je n'ai rien compris. Je me suis emmerdé, et en sortant du cinéma de Beaubourg, j'ai parlé avec un couple qui avait vu, comme moi, qui n'avait rien compris,
qui n'a pas aimé ce film. Voilà. Désolé M.
Lalanne. Je suis pas le seul à aimer le film ici.
Non, on est même assez nombreux.
Ça met du temps à infuser.
Voilà.
On en reparle dans le temps, monsieur.
Le long métrage suivant est signé de la cinéaste polonaise Agnieszka Holand. Il s'intitule Green Border, Frontière Verte, donc en français dans le texte. Et il désigne une forêt marécageuse, immense, entre la Biélorussie et la Pologne. Dans cette forêt échouent hommes, femmes et enfants qui tentent de rejoindre l'Europe. Ils viennent de Syrie, d'Afghanistan ou du Maroc et ils se retrouvent pris en tenaille. dans cette zone, en étant les jouets d'enjeux géopolitiques qui les dépassent. Le film est inspiré de faits réels qui ont eu lieu en 2021. Agnès Carlande met successivement en scène les réfugiés, les gardes-frontières polonais et les activistes humanitaires avec parfois... Des scènes insoutenables. Malgré les attaques du gouvernement au pouvoir quand Green Border est sorti en Pologne, le film a réuni plus de 800 000 spectateurs et il a remporté le prix spécial du jury à la dernière Mostra de Venise. Charlotte ?
Alors moi, je n'étais pas prête, clairement. C'est-à-dire que psychologiquement, émotionnellement, je n'étais pas prête à voir ce film qui est quand même d'une force assez inouïe. Donc je trouve qu'il faut s'armer un peu quand on y va. C'est quand même un film qu'on n'a pas envie de voir. mais qu'il faut voir. Je trouve extrêmement intéressant. Alors d'abord, le film Tulsa Rebecca est très documenté, ce qui le rend évidemment d'autant plus effrayant. Et il est chapitré avec ses différents points de vue, qui à mon sens est une construction très intéressante, parce que du coup, ça permet de montrer quand même tout un système sur ces réfugiés qui sont balottés d'un côté à l'autre de la frontière.
Et qui sont traités comme du bétail.
Ah oui, c'est au-delà de tout ce qu'on peut imaginer de violence, de méchanceté, de racisme, de perversité, de tout ce qu'on veut. Donc, elle signe un brûlot politique, très clairement, en montrant un racisme d'État, une violence organisée à cette frontière biélorusse. C'est vrai que le film est très difficile, elle est extrêmement courageuse de l'avoir fait. Et moi qui porte un nom polonais, pour la première fois, je n'en suis pas très fière.
C'était Lipinska, Charlotte. Christophe ?
Écoutez, si c'était un reportage, je serais tout à fait d'accord avec Charlotte, mais c'est un faux reportage avec des comédiens qui font semblant d'être des migrants, qui font semblant d'être des polonais, qui font semblant d'être des humanitaires.
Alors, en l'occurrence, la comédienne qui joue l'humanitaire est véritablement engagée dans cette association.
C'est quand même un faux reportage, avec des caméras moteurs, on y va, coupez, etc. Je pense que qui veut trop prouver ne prouve rien. Et je pense que le problème, je comprends très bien la position politique d'Agnès K. Hollande, qui veut dénoncer les violences qui sont faites aux migrants quand ils tentent d'entrer clandestinement dans l'Union Européenne. Je comprends très bien, c'est un débat politique passionnant et je serais ravi que l'on le mène. C'est une question, simplement, elle en fait quoi ? Elle en fait un faux reportage, filmé avec une caméra qui tressaute sans fin. C'est-à-dire que moi j'avais mal au cœur au bout d'un quart d'heure. Et c'est un reportage dans lequel tout est manichéen. C'est-à-dire que vous avez des migrants qui sont des gens formidables, cultivés, sympathiques. On a envie de les inviter à dîner le soir même pour parler de Dali, vous voyez, par exemple. En face de ça, vous avez des Polonais, donc des gardes-frontières polonais, qui sont des sous-d'armes et des sous-d'armes. Mais je veux dire, les SS à côté passeraient presque pour sympas. Enfin, c'est des gens horribles. Ils regardent des films pornos entre deux coups de matraque. Enfin, c'est des gens abjects. Et puis, vous avez des humanitaires qui sont des héros. Formidable, les gens, le cœur sur la main. Donc ils arrivent, on va essayer de vous soigner, on vous cache. Donc voilà. Mais ce que je regrette, c'est que c'est très manichéen. Alors, c'est un tract. Donc un tract, c'est formidable, après tout, pourquoi pas. Mais c'est un tract qui dure 2h30. Alors moi, quand un tract dure 2h30, pour moi, c'est un tract qui rate sa cible.
Marie ?
Moi, je rejoins Charlotte. Je trouve que c'est un film extrêmement puissant. Mais c'est hyper intéressant parce qu'en fait, c'est un débat de cinéma. C'est-à-dire que... Est-ce que le cinéma est là pour fabriquer les images manquantes ? Cette forêt de Bialowidza, qui est une des dernières forêts primaires d'Europe, qui est donc à la frontière de la Pologne et de la Biélorussie, cette zone a été interdite aux journalistes et même aux passants pour pouvoir effectivement immartiriser des réfugiés attirés par un pouvoir extrêmement cynique qui les fait venir juste pour emmerder l'Union Européenne. Et Agnieszka Hollande qui a... Traité de beaucoup de sujets historiques, Lolo d'Aumor, La Shoah, etc., elle se dit on ne pourra pas filmer cette situation, mais moi, avec mes outils de cinéma, je vais le faire Alors effectivement, le film est extrêmement documenté, avec une caméra qui est extrêmement empathique, qui est embarquée comme ça au cœur des choses, sauf qu'elle utilise aussi les outils de la fiction. Et là, pour moi, ça devient extrêmement fort. C'est-à-dire que sur ce thème de l'image manquante, ce qui me bouleverse le plus dans le film, Ce sont les images qui manquent, justement. C'est-à-dire que, changer de point de vue, d'un côté les gardes-frontières, de l'autre les humanitaires, et puis cette famille, ce n'est pas des migrants formidables, c'est une famille hyper attachante, avec des gens qu'on a l'impression de connaître tout de suite. Et en fait, chaque fois qu'on les quitte des yeux dans le film, on se demande ce qu'ils sont en train de dire. Est-ce qu'ils ont encore une valise ? Est-ce qu'ils ont encore un manteau ? Est-ce qu'ils ont faim ? Est-ce qu'ils sont blessés ? les gens qui vivent autour de cette forêt primaire, il y a beaucoup de scientifiques, il y a beaucoup d'intellectuels qui l'étudient, etc., racontent pour de vrai, on a fait un reportage dans Télérama, je vous conseille de le lire, c'est terrifiant, ils racontent pour de vrai que maintenant, quand ils vont se balader dans cette forêt, ils ont peur de tomber sur des corps. Et tout à coup, il n'y aurait pas de... Voilà, c'est des papiers dans des journaux un peu sérieux, c'est une minute au JT, et bien Agnieszka Hollande, 75 piges, elle prend sa caméra, elle va faire un film, on en sort furibard, voilà ce qui arrive quand on vote pour l'extrême droite. Le cinéma ça sert aussi à ça.
On en sort Furibar et on y pleure parfois aussi. Jean-Marc ?
Moi aussi je suis sensible à la force d'interpellation du film. Son côté didactique a une vertu, il y a vraiment une force de renseignement. On a vraiment le sentiment de tout à coup de tout comprendre et aussi de tout vivre parce qu'elle instaure une proximité avec chaque catégorie de personnages, aussi bien les gardes frontières que les réfugiés. Et là-dessus, sur la proximité, le film est assez fort. Moi je ne suis plus partagé sur sa mise en scène. Je trouve que par moments elle réussit des choses extrêmement fortes et souvent quand tu l'utilises... Des métonymies, quand elle essaie de ramasser en un seul plan une situation. Je trouve par exemple, il y a un plan que je trouve magnifique, où une maman va avec la main prendre la branche d'un sapin pour que de l'eau coule et qu'elle nourrisse, mais seulement de quelques gouttes, son enfant qui a soif. Il y a aussi un garde-frontière qui, à un moment donné, derrière des cartons, aperçoit le visage d'un réfugié, mais choisit de ne rien dire. Et ce plan comme ça, ce fragment de visage qui apparaît derrière les caisses... C'est d'une puissance figurative très impressionnante. Il y a un plan génial aussi où tout à coup, on entend une force de jacassement. Et puis un personnage regarde le ciel et on voit des oiseaux migrateurs. Et tout à coup, entre les personnages de migrants et les oiseaux migrateurs, ça dure une seconde, c'est fulgurant, mais c'est d'une puissance poétique incroyable entre les migrations empêchées et les migrations qui se font naturellement. Donc il y a plein d'images très très puissantes. Mais il y a aussi quand même des moments où je trouve qu'elles dilatent trop les scènes qui sont insoutenables de douleur. Il y a quand même le danger. d'être dans une complaisance de l'exhibition de la souffrance qui, à mon avis, affaiblit par moments le film.
Le film suivant se déroule entre la Jamaïque et Londres, puisqu'il s'agit de Bob Marley One Love, biopic hollywoodien, signé Redaldo Marcus Green. Ce film aussi développe une période précise de la vie de Bob Marley, les années 76-78, pendant lesquelles il est victime d'un attentat en Jamaïque, avant de s'exiler à Londres, et ce sont aussi les années où il devient... une star mondiale. Deux concerts mythiques encadrent ce biopic, de moments où Marley tente de réconcilier les clans qui plongent la Jamaïque dans la violence. Il me semble important de préciser que ce long métrage est produit avec la famille Marley. C'est son fils aîné, Ziggy Marley, qui assure la promo. D'ailleurs, on n'entend que son prénom prononcé dans le film, alors que Bob Marley en a eu beaucoup, des enfants. Et le scénario célèbre Rita, sa mère, en suivant l'adage, derrière chaque grand homme, il y a une femme. Cela dit... dans le cas de Marley, il y a eu beaucoup de femmes, dont Cindy Braxpear, qui fut sa passion amoureuse, et qui est totalement invisibilisée dans ce film.
T'exagères, il y a bien 22 secondes !
Voilà, c'est ça ! Jean-Marc ?
Oui, effectivement, le problème, comme tu l'as insinué, c'est que c'est vraiment une agéographie, et qu'il y a beaucoup d'aspects complexes, problématiques, même du personnage de Marley, qui sont totalement évacués par le film. Et cette agéographie est problématique à deux niveaux, à la fois parce que ça angélise le personnage et ça le rend du coup assez peu intéressant, assez peu attachant. Et formellement, ça produit aussi une imagerie très très lisse, une imagerie d'épinal, c'est une succession d'images pieuses qui fait que le film est vraiment assez peu captivant. Moi, je trouve qu'il y a une idée qui est vraiment assez belle, c'est qu'il y a deux bornes dans le film. C'est l'attentat raté dont il échappe miraculeusement et ça se termine avec l'annonce qu'il a un mélanome. et que probablement il va mourir. Et donc ces deux bandes qui sont une mort évitée de justesse, et une mort qui tout à coup va être inéluctable, ça donne en côté au film une force de présage, enfin quelque chose qui aurait pu être beau, mais qui est assez peu traité par la mise en scène, qui est juste une belle idée de scénario. Et je pense que le problème essentiel du film, c'est l'acteur, qui est vraiment... Qui est à la fois trop mignon et pas assez beau, comme Bob Marley pouvait être beau sans être mignon. C'est-à-dire que chez Bob Marley, il y avait un charisme,
une puissance,
et quelque chose... légèrement inquiétant. Enfin, il n'était pas aussi lisse que ce garçon qui est vraiment un mannequin et qui à aucun moment n'a la force charismatique de Bob Marley.
Et qui parfois, quand il doit jouer des scènes de concert, donne l'impression de bouger un peu comme une poupée mécanique. Charlotte ?
Oui, alors moi je serais pas aussi sévère sur Kingsley Benadir parce que parce qu'il est très agréable à regarder. Il fait à peu près deux fois la taille de Bob Marley mais bon, on n'est plus à sa presse, pas très grave. Alors moi je mets au crédit du film quand même alors je connaissais assez peu la vie de Bob Marley, je le confesse et j'avais complètement oublié ce contexte quand même politique et social de la Jamaïque dans les années 70 alors c'est même pas quand même un attentat c'est une tentative d'assassinat puisque des hommes sont rentrés chez lui et ont canardé à tout va faisant 4 blessés graves et miraculeusement aucun mort et ça moi je ne le savais pas du tout et en effet c'est quand même une sorte d'acte fondateur et qui fait qu'il n'aura de cesse après de prôner un message de paix et d'unité pour unifier son peuple qui est au bord de la guerre civile avec des élections à venir. Et donc ce contexte politique, je trouve, est assez bien rendu et me l'a rendu intéressant. Après, en effet, le fait que ce soit Rita Marley et Ziggy un peu aux commandes du projet, c'est la force et la faiblesse du film. La force, c'est qu'il y a un peu des témoignages, on va dire, de l'intérieur, une certaine intimité, certainement un peu authentique. Mais la faiblesse, en effet, c'est que les onze enfants, ils n'existent pas. Les sept autres femmes, ils n'existent pas. Et que c'est au-delà de la géographie. C'est-à-dire que c'est carrément presque messianique. Il y a des plans, des scènes où il est mis en scène comme... le fils de Dieu, quoi, de Zion, qui est là, sur scène. Moi, je trouve que quand même, les scènes de concert sont plutôt pas mal, et j'avoue que j'aime pas trop le reggae, mais là, le temps du film,
ça passe.
J'étais peace and love.
La force du film, c'est précisément la musique de Bob Marley, et c'est quand même très étrange d'entendre la voix de Bob Marley, parce qu'on l'entend chanter, c'est sa piste vocale. Ouais,
mais tu fermes les yeux !
Ah oui, d'accord. Allez au cinéma pour fermer les yeux, en fait. Mais toi, ça t'a plu, Christophe ?
Oui, mais moi j'ai trouvé que ce film était... Moi ça m'a surpris parce que je ne suis pas un fan de reggae, ça me donne mal au cœur, donc je regarde le reggae de temps en temps. Mais là, j'avoue que j'ai trouvé ce film absolument ahurissant quand je l'ai vu, parce qu'en fait je me suis dit tiens, c'est le contraire absolu de Priscilla. Alors Priscilla, c'est Priscilla Presley qui dénonçait l'emprise du King, et là c'est Rita Marley qui dit il était génial, Bob était extraordinaire, mais du coup, j'ai découvert quelque chose que je ne connaissais pas ou très peu, c'est la religion rastafarienne. Et c'est un... clip de propagande pour la religion rastafarienne, c'est-à-dire que Kingsley Benadir, qui est un vrai prêcheur exalté, il cite la Bible toutes les deux secondes, même dans les scènes où il ne chante pas. Et je dois dire que j'ai trouvé qu'il y avait une espèce de ferveur mystique qui m'a totalement surpris. pris, et pour moi, le régué, c'était de la...
T'as pas trouvé que le rastafarisme était réglé en deux-deux sur une place ?
Non, au contraire, ça ne finit pas !
Il parle jusqu'à sa mort,
il parle de la Bible, il cite des passages, il cite l'Apocalypse, c'est rempli de références, c'est incroyable ! Il passe son temps à prêcher ! Elle en fait, peut-être que c'est sûrement pas la vérité de Bob Marley, mais elle en fait une espèce de prêcheur de Messie ! Et ça, j'ai trouvé ça, personnellement, assez étonnant. Je ne serais peut-être pas allé le voir si vous ne m'aviez pas dit d'y aller, mais oui, c'est quand même... Assez intéressant.
Et toi, Marie ?
Moi, je regrette beaucoup. Il n'y a pas la scène où il marche sur l'eau. Je ne comprends pas. C'est pour les bonus DVD, je ne sais pas.
C'est dans le mécanisme.
C'est absolument nul. C'est vraiment un des pires biopics que j'ai vus ces dernières années. Mais pour une simple raison, vous l'avez tous dit, c'est effectivement un truc piloté par la famille. C'est à la fois académique, monstrueusement mal foutu. On ne comprend rien. On ne comprend rien à la situation politique en Jamaïque. Il y a des cartons, heureusement. Mais non, mais personne... Personnage autour de lui n'existe Qui sont les Wailers, qui sont ces musiciens Et je me dis, en fait les biopiques Il faut aller les voir quand c'est pas la famille qui parle Et quand les gens n'ont rien à vendre Ils avaient qu'à, je sais pas, faire un documentaire Avec leurs archives familiales,
ça aurait sûrement été plus intéressant Et d'ailleurs il y en a un que je recommande Qui s'intitule Marley de Kevin Macdonald Qui est absolument remarquable On termine donc ce masque avec un film Qui réunit Christian Clavier Didier Bourdon, Sylvie Testu Marianne Denis-Court, c'est Cocorico de Julien Hervé. Jusqu'ici, Julien Hervé était plus connu comme auteur pour les guignols de l'info et surtout comme co-scénariste de la saga des Tuches ou du dernier bolet d'Astérix réalisé par Guillaume Canet. Dans Cocorico, des futurs mariés décident de réunir leur famille pour leur annoncer la noce à venir et aussi pour leur révéler les résultats des tests ADN. Ainsi, chacun pourra découvrir ses origines. Quand soudain, c'est le drame. On ne choisit pas pas ses ancêtres. C'est le sous-titre du film. Beaucoup a été dit sur le duo Clavier-Bourdon réuni à l'écran pour la toute première fois. Et Cocorico est le film qui connaît le meilleur démarrage et de loin depuis le début de l'année avec déjà 500 000 spectateurs en 10 jours. Charlotte ?
C'est pas sympa que ça tombe sur moi pour commencer. Non, bon, qu'est-ce que vous voulez qu'on dise ? Alors, non mais, bon... Bon, Christian Clavier et Didier Bourdon n'avaient jamais tourné ensemble, voilà c'est fait, fallait-il le faire ? Non, en tout cas pas là-dedans, c'est-à-dire qu'en fait tout est tellement attendu, c'est du mauvais théâtre filmé, c'est un film qui n'a aucun mouvement, aucun élan, on se demande même pourquoi ils n'ont pas assumé le huis clos jusqu'au bout ça aurait pu être un ping-pong verbal avec ses quatre parents et les enfants au milieu, des espèces de petites excursions dehors, et puis alors... Tout d'un coup, vous savez, on nous fait, en télévision, on appelle ça les plans à la Dallas. C'est-à-dire quand vous avez tout d'un coup un plan à la Dallas, c'est quand vous avez une scène d'intérieur entre deux bureaux, puis tout d'un coup, on vous met un plan de South Fork pour vous dire qu'on revient dans South Fork. Là, il y a un petit plan dehors et puis, paf, le château, on revient au château.
Je précise que ça ne se passe pas à South Fork. Voilà, comme son titre l'indique.
Non, alors j'étais tellement quand même un peu atterrée que j'ai fait un petit jeu. J'ai... Je vais vous lire le titre, ça aurait pu s'appeler ADN en délire Avec le synopsis suivant, Christian Clavier incarne François, un homme qui mène une vie tranquille jusqu'à ce qu'il reçoive un test ADN. Quand il reçoit les résultats de son test, à sa grande surprise, il découvre qu'il a des origines exotiques et lointaines, ce qui le plonge dans une confusion totale. La nouvelle se répand rapidement et François devient la cible de toutes sortes de quiproquos et de situations comiques. J'ai juste rentré dans ChatGPT Comédie avec Christian Clavier et un test ADN. Et ça a donné ça ? Et ça a donné ça.
Merci de me passer la parole. Il y a toujours eu deux types de comédies. Il y a les comédies, on pourrait dire, moi j'ai eu la chance dans mon jeune âge de jouer dans des comédies de qualité, écrites par Jean-Loup Dabadie, des choses comme ça. Je ne m'y ai pas mis, Robert. On pourrait dire l'héritage, ça serait d'un cachet tolé d'anneaux, qui font des comédies comme ça, avec du contenu, du sens, de l'émotion. Et puis des comédies bas de gamme, il y en a toujours eu. Aujourd'hui, pour moi, Cocorico incarne ce type de comédies un peu bas de gamme. Pourquoi ? Parce que d'abord, effectivement, au niveau de l'intrigue, il y a quatre enveloppes, on attend qu'ils les ouvrent. Donc enveloppe numéro un, enveloppe numéro deux. Puis après, on se dit, il y a encore deux enveloppes, donc on attend. Il y a un moment où ils vont ouvrir les quatre enveloppes, c'est une évidence. Et surtout, c'est là où ce n'est pas justement une comédie de qualité, c'est frileux. C'est-à-dire que quand, je vais quand même un tout petit peu spoiler au moins Didier Bourdon, quand Didier Bourdon ouvre son enveloppe, alors vous voyez, on aurait pu, ça parle des origines. Alors, on a parlé de Green Border tout à l'heure. Des origines, il y en a beaucoup sur Terre aujourd'hui. Mais Didier Bourdon, il est allemand. Alors, il fait Ah, mon Dieu, c'est trop affreux ! Je suis d'origine allemande, c'est trop affreux, je vais me suicider ! Vous voyez, tout est comme ça. Il y a Marianne de Nicourt qui découvre qu'elle a 10% de sang portugais. Ah non, je vais faire un infarctus, je suis portugaise ! Enfin, vous voyez, on est toujours dans une espèce de... Il passe à côté d'un sujet, en fait, pour en faire quelque chose de mièvre et de légèrement poujadiste.
Mais il ne passe pas tellement à côté d'un sujet, je pense que c'est vraiment le... cœur du problème, c'est qu'ils ont voulu traiter un sujet, un sujet qui serait un article de journal. Il y a une mode, les gens font des tests ADN, qui sont complètement bidons par ailleurs. Tous les généticiens disent que ça ne repose sur aucune validité scientifique, mais voilà. Avec votre test ADN, on est capable de, en gros, statistiquement, vous classer dans un ensemble de populations. Donc on va dire, vos ancêtres viennent plutôt de, je ne sais pas, Scandinavie, etc. Et il s'est dit, ça suffit pour faire un film. Ben non ! Ben non,
en fait. Ça dépend des origines.
Mais ce qui est intéressant, c'est que, évidemment, ça peut provoquer une crise existentielle, mais ne peuvent vivre une crise existentielle, je dis beaucoup de the que des personnages qui existeraient. Or, cela n'existe pas du tout, évidemment. Et c'est d'autant plus dommage que la question de la francité, la question de l'identité, elle est assez intéressante. Et là, en fait, plus qu'un film sur les origines, la francité, l'ADN, c'est un voyage dans le temps. temps, c'est-à-dire que ce sont des noms de personnages dans une non-époque qui serait les années 50 où on dit encore les Bosch, Schnell, vive les Mercedes. C'est dément de proposer de la daube pareille aux gens, mais comme c'est mécanique, comme ça débarque sur des centaines d'écrans avec deux pros du rire qui ont un ADN vraiment intéressant. On a ri avec le Splendide, on a ri avec les Inconnus. Moi, j'aime bien l'idée d'hybrider leurs univers et de rire avec ces gars-là qui ont tant de métiers. C'est une honte de proposer ça au public.
Oui, moi aussi je trouve que c'est une honte. Le film coûte 10 millions. On se demande où ils sont. On ne le coûte pas en salon. On pense que les deux acteurs principaux ont absorbé la moitié du budget. Moi, ce qui me rend vraiment fou dans le film, c'est que c'est un film sur le racisme, mais qui invisibilise absolument les personnes qui sont victimes du racisme. C'est-à-dire que cette espèce d'entourloupe de l'ADN permet de faire circuler des blagues racistes extrêmement pénibles. mais que sur des personnages qui sont tous blancs, en évacuant absolument une question aussi tendue que celle de l'immigration en France aujourd'hui. Donc le film est vraiment aberrant, à la fois très frileux, très pleutre, comme le disait Christophe, et en même temps un peu dégueulasse.
On n'a pas aimé, quoi.
Alors là, sur mon conducteur, je lis, virgule. Ça veut dire que c'est l'heure de vos coups de cœur, films, podcasts, livres, etc. Jean-Marc, c'est à toi.
Alors, mon coup de cœur, c'est un film qui s'appelle Sans jamais nous connaître de Andrew Haig. C'est un grand film d'amour, un grand film de fantôme, un grand film sur le deuil, et aussi un grand film sur le coming out, puisque c'est l'histoire d'un homme gay dont les parents sont morts lorsqu'il avait 8 ans, qui n'a jamais pu faire son coming out. Et ses mots ravalés vont totalement déterminer sa vie amoureuse. C'est un film absolument déchirant, avec en plus Frankie Ghost Hollywood et Pet Shop Boys. Deux chansons géniales qui sont utilisées génialement dans le film.
C'est validé. On redonne le titre ?
Sans jamais nous connaître.
Marie.
Alors c'est un film qui s'appelle 20 000 espèces d'abeilles et comme je suis dingue, j'ai évidemment choisi un film basque-espagnol dont je vais avoir du mal à prononcer le nom de la réalisatrice, à qui je présente d'avance mes excuses. Estibalise, Urezola, Sous la Gourenne. Alors c'est un film de vacances, on suit une famille, la mère, les enfants. On retrouve la grand-mère qui est un peu une grenouille de bénitier, la grand-tante qui est apicultrice. Et puis au centre, il y a une petite fille extraordinaire qui s'appelle Coco. Elle a de naissance un autre prénom et elle a un autre prénom qu'elle va choisir et on va comprendre pourquoi. C'est un... Non-drame, c'est la manière la plus intelligente que j'ai vu depuis longtemps de traiter la transidentité. 20 000 espèces d'abeilles avec une petite fille qui s'appelle Sophia Otero qui a eu un ours d'argent à Berlin. Destibalise, Oresola, Solagouren.
Bravo Marie ! Yes ! Charlotte !
Alors moi c'est plus facile à prononcer, Jean-Jacques Hannault, avec la ressortie en salle mercredi prochain du Nom de la Rose de 86 et qui ressort, figurez-vous, en version restaurée 4K. Et ce n'est pas qu'un petit détail, puisque le film était invisible depuis de nombreuses années pour des obscures questions de droit. Je ne vais pas vous faire l'affront de vous rappeler le cœur de ce film qui reste quand même peut-être l'étalon du polar en robe de bure. C'est un thriller religieux qui, 37 ans après, est toujours d'actualité dans le sens où c'est vraiment un plaidoyer sur la culture et la connaissance face à l'obscurantisme. Et donc, le revoir sur grand écran avec... le flègue, mais le sourcil dressé de pleine poignerie. Voilà, je vous le conseille sur grand écran, ça en jette.
Christophe ? Alors moi,
je prends la suite de Bertrand Bonello, puisqu'après Léa Seydoux, je vais vous parler de Nicolas Seydoux. Nicolas Seydoux qui vient de sortir un livre qui s'appelle Le cinéma, 50 ans de passion, 600 pages. Alors, Nicolas Seydoux, c'est le grand-oncle de Léa Seydoux. Et dans le livre, il y a beaucoup de portraits de cinéastes, dont un très beau portrait de Jean-Luc Godard, et il révèle toute une correspondance. qu'il a mené avec Godard tout au fil des années, donc en révélant un grand nombre de lettres inédites et c'est très émouvant.
Et je ferme le banc avec Hitchcock s'est trompé, fenêtre sur cours, contre-enquête, c'est signé Pierre Bayard. Alors Pierre Bayard il est professeur de littérature, il est psychanalyste aussi et il est l'auteur de livres indispensables comme Comment parler des livres qu'on n'a pas lus. Et dans celui-ci donc Bayard affirme que Hitchcock s'est trompé de coupable dans Fenêtre sur cours. Il s'est laissé balader par ses personnages alors que lui Bayard... Pierre va enfin nous révéler la vérité. Donc il reprend le dossier à zéro avec l'étude minutieuse des lieux du crime, les plans du film, la psyché des personnages. C'est à la fois très drôle et très urudit parce que Bayard convoque une histoire de la critique de Fenêtres sur cours. Et finalement, il remet au centre celui qui a le pouvoir dans une salle de cinéma. Ce n'est pas le cinéaste, ce ne sont pas les acteurs, mais c'est nous. les spectateurs. Donc Hitchcock s'est trompé, fenêtre sur cours, contre-enquête de Pierre Bayard, c'est édité par les éditions de minuit. Charlotte, Marie, Christophe, Jean-Marc, merci d'être venus à la tribune aujourd'hui. Je précise que l'émission spéciale dédiée à la remise du prix des auditorices du masque sera enregistrée le jeudi 22 février à 19h, je le redis, jeudi 22 février à 19h toujours au Théâtre de l'Alliance. Pour y assister, découvrir en avant-première les lauréats de Prestige et leur poser des questions, il suffit de vous inscrire sur le site maison-de-la-radio-et-de-la-musique.fr. Merci à Audrey Ripu qui a réalisé cette émission, et c'était avec Jérémy Kaufmann, Charles Bouticourt et Cédric Châtelus aujourd'hui. Merci à Iniken et Goulesco. pour la préparation au cordeau de cette émission avec l'aide précieuse de Célestine Babinet. La semaine prochaine, il sera question de l'actualité littéraire. Alors, à dimanche sur France Inter, évidemment.
Description
dzdadazdaz
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Transcription
Peugeot. Il paraît qu'un essai vaut mieux que mille mots. Alors, plutôt que d'en parler pendant des heures, venez essayer l'hybride par Peugeot pendant les portes ouvertes du 14 au 18 mars. Des modèles qui permettent de rouler 50% du temps en électrique et d'économiser 30% de carburant en ville, ça ne s'orfuse pas. Et en ce moment, Peugeot vous offre jusqu'à 5000 euros d'avantages clients. Valable pour toute commande d'une Peugeot hybride neuve réservée aux particuliers jusqu'au 29 mars. Conditions sur Peugeot.fr.
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style de conduite. Pour les trajets courts, privilégiez la marche ou le vélo. France Inter. Le masque et la plume. Bonjour et bienvenue pour une émission consacrée aujourd'hui à l'actualité du cinéma avec Jean-Marc Lalanne, des Inrecuptibles, Charolotte Lipinska de... Télématin. Christophe Boursayet de France Inter, auteur de la chronique bien nommée Ce monde me rend fou tous les samedis et dimanches matins. Et merci de réserver un accueil chaleureux à Marie Sauvion de Télérama. À l'affiche du masque ! A l'affiche du masque de ce jour, le nouveau film de Quentin Dupieux, La Bête de Bertrand Bonello avec Léa Seydoux en majesté, Green Border de la cinéaste polonaise Agnieszka Hollande, le biopic de Bob Marley et enfin Cocorico, la comédie qui cartonne en salle avec Didier Bourdon et Christian Clavier, un peintre à moustache de la science-fiction, la réalité européenne, un rasta et des tests ADN. C'est le programme de l'heure qui vient face au public de l'Alliance française. Cher Masque, fidèle auditeur depuis des années, je n'ai jamais cédé à la tentation de vous écrire, d'autres le faisant avec humour et talent. Mais l'intervention de Xavier Leherper sur la zone d'intérêt m'a fait craquer. Beaucoup du courrier, vraiment très abondant, reçu cette semaine, commence de cette façon et je regrette d'autant plus que Xavier ne soit pas là pour y répondre. Vous êtes donc nombreux à vous indigner des adjectifs dangereux et révisionnistes accolés au film de Jonathan Glazer, qui, je le rappelle, nous fait entrer dans le quotidien de la famille Euss, installée juste à côté du camp d'Auschwitz. Si je résume la tonalité de la centaine de mails reçus, vous insistez sur le caractère remarquablement explicite du film et le mot que vous employez, le plus pour le qualifier, c'est immense Cela dit... Roger Calmel de Saint-Max, en Meurthe-et-Moselle, salue l'intervention de Xavier. Selon lui, les images manquantes du film peuvent faire le jeu des révisionnistes. Quelques courriers rejoignent l'avis d'Antoine, d'Ivry-sur-Seine, comme il est bref, je vous le livre en entier. Je vous écris comme on va à Confesse. Pendant les 1h45 de la zone d'intérêt, je me suis copieusement emmerdée. C'est mal, je sais. En tout cas, 15 jours après sa sortie, la zone d'intérêt de Jonathan Glazer... continuent de figurer parmi les cinq films qui réunissent le plus grand nombre de spectateurs en salle. Concernant May December de Todd Haynes, la plupart d'entre vous reviendront pas sur les actrices, Tuneanne Moore et Nathalie Portman, mais sur la musique du film. Patrick Dumas nous dit que ça lui fait penser au générique d'Affaires Sensibles sur France Inter. Mais Lorraine Billot corrige, Todd Haynes a repris la partition de Michel Legrand pour Le Messager de Joseph Losey. Le problème, je la cite, C'est que c'est devenu le générique de Faites entrer l'accusé Pas d'affaires sensibles. Penser à Christophe Ondelat dans une salle de ciné, c'est fâcheux, nous dit-elle. Pierre Cusor, qui nous écrit toutes les semaines, ne comprend pas le sens du titre May December mais conclut J'ai effectivement eu la sensation de passer sept mois enfermé dans une salle En revanche, il a beaucoup aimé Le dernier des Juifs premier film de Noé Debré. Stéphanie Roche écrit à son sujet, avec quatre F. Suivi de trois points de suspension, vous êtes d'imprévisibles au masque sur ce film. Et Philippe Gauthier de renchérir, j'étais sûre que vous alliez aimer, et voilà, ça n'a pas raté. C'est pourtant un tout petit pas grand chose. Laurent Mignot du Pré-Saint-Gervais me dit avoir été dans le public du Théâtre de l'Alliance, je ne sais pas s'il est là ce soir, en tout cas il l'était le jour où nous avons parlé du dernier des Juifs. Il me reproche de ne pas être intervenu contre l'unanimité et ajoute Ce film fera probablement plus sourire dans le sixième arrondissement que dans les cités où la triste réalité ne trouve malheureusement pas d'écho au cinéma. Alors cher Laurent, bien que ne vivant pas dans le sixième, j'ai beaucoup aimé Le Dernier des Juifs et surtout n'hésitez pas à vous saisir du micro la prochaine fois que nous aurons le plaisir de vous accueillir. Enfin, vous êtes nombreux à vous réjouir de l'arrivée de Christophe Boursayet à cette tribune, tandis que Stéphanie Roche suscitait mes cris pour la voix. Auriez-vous des liens de parenté avec Macha Béranger ? Avec 4 F suivi de 3 points de suspension. J'ouvre cette émission avec Daha Ali. J'espère avoir bien prononcé les 6 A du titre qui nous poussent à parler comme Salvador. C'est donc le nouveau film de Quentin Dupieux, 6 mois seulement après le succès de Yannick. Avec Daha Ali, Dupieux vit d'ailleurs son meilleur démarrage en salle. Pas moins d'une demi-douzaine de comédiens interprètent Salvador Dali, soit 6 versions possibles. Du peintre catalan par entre autres Gilles Lelouch, Edouard Baer, Jonathan Cohen ou Pio Marmaille, Anaïs Demoustier, elle, joue une pharmacienne reconvertie en journaliste qui rêve de réaliser un documentaire sur Dali et ça n'est pas de la tarte. Cette folle entreprise est notamment hantée par le cinéma de Louis Bunuel. C'est la première fois que Quentin Dupieux consacre un film à un personnage réel, en l'occurrence l'un des premiers artistes stars, mais ça n'a rien à voir avec un biopic. Christophe, c'est toi qui ouvre le bal.
Merci. Si vous voulez, quand on dit qu'un carnet dans les années 2000, une sorte de renouvellement générationnel, on est dans les années 2020, donc évidemment c'est moins le renouvellement. C'est un peu le mélange de l'esprit Yann Barthez et Canal+, de la grande époque, côté Simpson. petit mélange Jacques Tati, Simpson, enfin tout ça. Et puis là, avec ce film-là, c'est pas mal, c'est assez agréable. J'avoue que j'ai dormi que dix secondes, ce qui est peu. Et vraiment, j'ai eu un petit flop de fatigue, mais très court, parce que dans l'ensemble, c'est quand même assez amusant. Simplement de Dali...
Sinon, en moyenne, tu dors combien de temps pendant les films ?
Ça dépend des films. Il y a des films où je ne dors pas du tout. Et d'autres, par contre, c'est un cauchemar. Mais ça, c'est normal, c'est le cinéma. Heureusement qu'on est dans les salles. Oui, alors, de Dali, le problème, je dirais, c'est peut-être un problème pour moi, c'est comme ça que j'ai ressenti ça, c'est qu'étant donné qu'il a cette culture Simpson, de Dali, il n'a retenu que le chocolat à l'envin. C'est-à-dire que de Dali, il a retenu que le personnage est Dali, je m'appelle Dali. Alors, il dit qu'il rend un hommage à Louise Bunuel, mais enfin, il n'y a aucune espèce de... très très lointaine, très très vague référence. Et je pourrais comparer, si tu veux, ce qui me frappe, c'est la différence qu'il peut y avoir entre lui, par exemple, quand il manie comme ça les avant-gardes, en se réclamant d'une certaine façon d'une forme de surréalisme, mais il réduit le surréalisme à l'absurde, c'est le cinéma de l'absurde, alors que le surréalisme c'est un peu plus compliqué que ça, heureusement. Là, on sent un type qui dit Ah, Dali, il est marrant, et on va faire un film sur Dali parce qu'il est marrant, c'est un drôle de personnage et qu'il s'en amuse ! Et donc, c'est un jeu, mais enfin, c'est un jeu qui m'a moyennement séduit.
Charlotte ? Je suis d'accord avec une seule chose avec Christophe, c'est que c'est un jeu, en effet, mais c'est un film ludique. C'est-à-dire que je trouve que Quentin Dupieux, qui a un talent monstre... Alors, je suis un peu en colère avec lui, parce que je trouve qu'il est aussi talentueux que Flemmard, et que parfois, il pourrait travailler un peu plus sa matière, en l'occurrence ses scénarios. Mais sur la forme, il triture la matière du cinéma, comme aurait pu le faire Dali, c'est-à-dire que... Il nous propose un film qui est en forme de charade ou de rébus, de jeu de loi, de choses à tiroir. La façon qu'il a, je trouve, par des effets de montage, de travailler le temps, l'espace. Par exemple, la première apparition d'Edouard Baird dans un couloir, il marche dans un couloir et ça n'en finit jamais. Plus il s'approche de ses interlocutrices, plus il s'en éloigne. C'est assez génial. Donc je trouve qu'il y a plein d'idées comme ça formelles absolument formidables. C'est vrai que... tout le marketing du film a été fait sur les cinq comédiens qui incarnent Dali et qui, à mon sens,
c'est le meilleur.
Le meilleur, c'est Edouard Baird. Jonathan Cohen est très drôle aussi. Les autres sont quand même très nettement en deçà. Et du coup, pour moi, il y a une petite frustration. C'est que d'une scène à l'autre, je me dis, quand est-ce que revient Edouard ? Parce que les autres sont quand même plus mineurs, on va dire. Néanmoins, moi qui trouve toujours que Quentin Dupieux a des points de départ formidables mais qui n'arrivent jamais à les développer suffisamment pour des longs métrages, là, c'est la première fois où je trouve l'objet tout... totalement cohérent dans son incohérence. Et ça m'a assez réjouie.
Marie, toi aussi, ça t'a réjouie ?
Ça m'a follement amusée. Et peut-être un peu plus que ça, parce qu'en fait, ce que j'aime avec les films de Dupieux, c'est que je les ramène chez moi. Et puis que, voilà, c'est un film sur la rêverie, enfin sur le rêve. Et moi, ça provoque plein de rêveries. C'est-à-dire que j'adore l'idée qu'ils fassent des films très courts qui ne finissent jamais, par exemple. C'est-à-dire que... Personne n'en chasse, c'est terrible comme phrase, mais personne n'en chasse comme Dupieux. Et le fait qu'il ait un récit dans un récit dans un récit, ça m'amuse follement, mais ça provoque aussi toujours une curiosité chez moi. D'abord, je le cherche lui. Il est où Dupieux ? Dupieux, là, j'avais l'impression que c'était Anaïs Demoustier, c'est-à-dire quelqu'un qui ne s'y prend pas hyper bien, qui cherche à avoir la plus grosse caméra du monde pour aller filmer ses stars. Et en même temps, il est partout dans... Voilà, le goût des objets, le piano Fontaine, les vieux écrans de télé, etc. Moi, je m'amuse beaucoup toujours de la direction artistique chez Dupieux. Et puis, il y a dans ses derniers films, souvent quelque chose qui me touche. Et là, c'est un Dali qui est joué par Didier Sandre, que Jonathan Cohen regarde à travers une vitre. C'est un jeune homme face à un vieil homme et il a une simple phrase. Il dit Est-ce que c'est moi, ce vieux monsieur ? Et on va vivre la même scène, mais de l'autre côté de la vitre, un peu plus tard. avec un vieux monsieur qui se demande mais j'ai quel âge ? Et moi, voilà, on n'apprend pas grand-chose de Dali. C'est presque ce que je préfère dans le film, c'est que ce ne soit pas du tout un biopic, et qu'on ait comme ça une idée de Dali, cette scène du couloir interminable, elle est géniale. Comment donner une idée, une sensation des montres molles ? en filmant un couloir pendant un quart d'heure, c'est follement drôle.
Mais cette idée du temps qui passe et du vieillissement, elle revient de film en film d'ailleurs. Et puis Dali quand même, on se dit en voyant le film qu'il a inspiré énormément de rockstars avec ses caprices. C'est aussi ça. Amandalir. Amandalir, la bien-aimée Amandalir. Jean-Marc ?
Ah oui, c'est absolument un film sur le temps qui passe et même, je dirais plus, sur la peur de la mort. C'est ce qui me touche profondément dans le film, c'est-à-dire qu'à la fois, Quentin Dupieux, il invente une espèce de bulle de temps où tout se rejoue en se répétant. Il vient vraiment de la musique électronique minimaliste. Avec des boucles. Donc c'est vraiment quelqu'un qui fait des boucles. Et là, effectivement, ça tourne en rond, sauf qu'il y a cette apparition d'un Dalivieux. Et avec lui, tout à coup, il y a du temps qui s'écoule. Et je pense que ce qu'il cherche dans Dalivieux, c'est une sorte d'autoportrait d'artiste en contrôle fric. Je pense que vraiment, Dupieux, qui fait absolument tout dans ses films, c'est un artiste qui est... travaillé par le contrôle et il y a quelque chose qui est incontrôlable, c'est effectivement cette entropie, cet écoulement du temps. Et le film est extrêmement séduisant, extrêmement drôle, extrêmement gracieux, mais il est aussi travaillé par quelque chose de plus sourd, de plus profond, qui est cette angoisse de mort qui lui donne quelque chose de profondément touchant, au-delà de sa légèreté et de ce qu'il a de très séduisant et très charmant.
Un spectateur ou une spectatrice pour parler de Dali au Théâtre de l'Alliance ?
Le temps que le micro arrive, j'en profite, c'est Marie avec l'émotion à confondu de Didier, c'est Didier Flamand. Oui,
c'est Didier Flamand, pas Didier Flamand.
Je vous le prie, je suis pas sûre que... Oh ben voilà, je vais mourir.
Non mais ça n'a aucune importance.
Je vais mourir mais ralenti dans un film de Quentin Dupieux en tombant d'un toit.
Une participation de votre part dans le public, monsieur ? Oui,
moi j'ai beaucoup aimé parce que je ne pouvais pas m'empêcher de penser, surtout avec le... Le rêve du religieux qui revient sans arrêt différemment à Louise Bunuel. C'est pour moi un super hommage à Louise Bunuel. Et j'ai beaucoup rigolé, évidemment, mais les décalages des films précédents de Comte du Pieux étaient presque dérisoires à côté de celui-ci. C'est que du décalage, c'est qu'on peut le voir 36 façons différentes.
Et on est surpris,
mais je ne sais pas quoi dire d'autre, tellement je suis encore les images qui défilent devant mes yeux quand j'en parle.
On passe maintenant à la bête de Bertrand Bonello, un film d'anticipation puisque nous sommes en 2044 et dans ce futur proche, les émotions n'ont pas leur place. Elles représentent même une menace, tandis que l'intelligence artificielle, elle, est efficace. Pour se nettoyer de toutes ces émotions et de leurs traces, Gabriel, l'éas et doux à l'écran, doit replonger dans ses vies antérieures. On retrouve donc la femme qu'elle fut à Paris en 1910, la femme qu'elle fut à Los Angeles en 2014, et la femme qu'elle est en 2044. A chaque fois, elle vit différemment ses sentiments pour Louis, interprété par le britannique George McKay. C'est donc une variation autour du sentiment amoureux et de ce qu'il devient à travers le temps. Et en ce 18 février 2024, la bête t'a fait quel effet, Marie ?
Je l'ai trouvée belle et froide. J'ai eu une petite bagarre avec ce film, parce que je suis contente de retrouver un peu plus de temps. Bertrand Bonello dans une grande forme et puis en même temps, tout ce que j'aime chez lui, c'est-à-dire là vraiment déployer le grand architecte, le maître de l'espace-temps. Il adapte Henry James, mais en même temps, il inverse, il le transpose. Et c'est presque un documentaire en même temps sur les AC double, parce que le film commence, elle est sur un fond vert, elle joue une actrice en 2014, et elle joue une séquence terrifiante, sans accessoires, sans partenaire. Et là aussi, il va y avoir un système de boucle, c'est-à-dire que cette scène va être amenée à se répéter. J'ai trouvé ça à la fois magnifiquement tressé, c'est-à-dire que... Les entrelacs temporels sont vraiment superbes. On ferme les yeux dans une époque, on se réveille dans une autre. On entend un claque dans une époque, on se réveille encore dans une autre. Ça, ça marche merveilleusement. Mais j'ai trouvé le film, ce labyrinthe, extrêmement théorique aussi. Et comme il avait à cœur, je crois, il a beaucoup dit en interview, de réaliser un grand mélodrame sentimental. Et bien, j'attendais, moi, beaucoup de sentiments. Et j'ai comme un écran qui m'entend. empêche d'accéder vraiment à l'émotion. Or, j'ai eu...
T'as pas eu peur sur la fin ?
J'allais dire que j'allais dire d'émotion amoureuse, parce que c'est censé être une grande histoire d'amour, et que je trouve qu'il ne se produit pas énormément de choses entre Léa Seydoux et Georges Maquet, mon grand regret. Et je trouve aussi que le film est malgré tout hyper chargé de signes, d'oiseaux, de pop-up, d'ordinateurs.
acteurs,
de cartes anciennes, etc. Et finalement, presque, j'aurais voulu voir trois films individuels plutôt que ce mélange-là.
Je reviens sur ce que tu dis sur le côté documentaire, sur la maîtrise de l'art de Léa Seydoux. Il y a une scène quand même où son amoureux, en 1910, ils sont attablés et il lui demande de lui montrer ce que c'est que le visage d'une poupée. Et elle se transforme à vue. Et elle devient une poupée. Et je me suis dit, il a fait le film pour cette scène. C'est extraordinaire.
C'est un plan magnifique. Le sujet du film, c'est comment le cinéma fabrique des émotions. Tout le sujet du film, c'est les émotions. Est-ce que les émotions nous enfreignent ? Ou est-ce qu'au contraire, elles nous portent ? Et le cinéma, comme fabrique d'émotions, qui en simulant les émotions, les fait advenir. Le film est effectivement très théorique, mais je le trouve assez bouleversant là-dessus. Moi, le film m'impressionne beaucoup parce qu'il a une telle ambition, je dirais une double ambition. Il a à la fois une ambition très forte de production. C'est-à-dire que c'est un film opulent, un film qui veut être... spectaculaire, romanesque, et en même temps une ambition expérimentale. C'est un film extrêmement audacieux, extrêmement innovant, et joindre ces deux-là, souvent l'ambition expérimentale, elle freine l'ambition de production, et vouloir faire un spectacle aussi total, mélanger dix films un an, faire à la fois un film de SF, un thriller mental à la Lynch, il y a des scènes qui ressemblent à du Cronenberg, mais on revoit aussi passer tous les films que Bonello a fait, les scènes de boîte de nu qui font penser à Saint-Laurent, c'est comme s'il voulait faire dix films un an, il en fait une sorte de montage un peu cubiste, toujours au bord de la saturation en effet, mais que je trouve vraiment magnifique, et inspiré tout le temps et d'une intensité incroyable. C'est vraiment un très grand film sur le cinéma, et je trouve aussi que son idée sur la nouvelle d'Henri James est vraiment géniale, il la transforme complètement, et en même temps il a identifié quelque chose de très très fort, c'est que la peur est peut-être le sentiment le plus contemporain, celui qui nous identifie le plus justement, qu'on est tous terrorisés par l'imminence d'une catastrophe, et là ce qu'il fait là-dessus c'est vraiment de l'ordre de la vision pure, et c'est d'une... pouvoir de suggestion et d'une éloquence inouïe.
On ne l'a pas précisé, effectivement, c'est une adaptation lointaine, on va dire, de La Bête dans la jungle d'Henri Thiem.
Et pour rebondir sur ce que tu as dit en mars, il y a une réplique, moi, que je trouve magnifique, à un moment où l'un des deux demande à l'autre mais qu'est-ce qui est le plus fort, ta peur ou ton amour pour moi ? Et de là après, chacun appréciera l'effet miroir de cette phrase. Moi, le film a beaucoup troublé parce que il se trouve que La Bête dans la jungle, donc cette nouvelle a été très souvent jouée au théâtre, moi je l'ai vue beaucoup de fois au théâtre. Il y a 20 ans, c'était Fanny Ardant et Gérard Depardieu, plus récemment Valérie Dréville, et je n'avais jamais rien compris. J'étais toujours passée à côté de ce texte, et là... Et curieusement, alors que Bonello la prend comme point de départ mais s'en éloigne, pour la première fois, j'ai eu l'impression de vraiment saisir ce que nous disait Henry James, qui est plutôt la première partie, on va dire, du film. Et en effet, cette préscience d'une catastrophe imminente, qui est en fait évidemment une peur paralysante de l'amour, et en gros c'est fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve. Gainsbourg l'avait magnifiquement résumé avec ça. Moi, je trouve le film très très beau. Alors... Un peu long, on ne l'a pas dit, 2h26, il faut quand même prendre le temps. La première partie, qui est la plus historique, la plus ancienne au début du siècle, m'a paru un peu longue et répétitive, mais alors plus le film avance, plus j'étais complètement prise, jusqu'à cette dernière demi-heure que je trouve d'une puissance dingue, qui à mon sens est celle qui finalement provoque le plus d'émotions, comme avec Marie, en tout cas sur la peur au final. Après, Léa Seydoux, elle est juste magistrale, son visage... est un paysage et il y a au cœur du film, je voudrais juste la citer, une séquence sous-marine qui est pour moi l'une des plus belles séquences que j'aurais vu au cinéma cette année.
Dans une usine de poupées.
Oui, c'est absolument magnifique. J'ai été absolument sidéré par ce film et en fait je suis passé par tous les états. C'est-à-dire qu'au début j'ai dit oui, c'est quand même très prétentieux. Et puis après j'ai me dit qu'est-ce que c'est superficiel et je ne comprenais pas. Et en fait tout à coup j'ai eu une espèce de révélation deux jours plus tard.
Le deuxième effet,
la règle. Deux jours plus tard, j'ai compris qu'en fait, on est vraiment dans un David Lynch, dans la mesure où on est dans Bullo Land Drive, on est dans Twin Peaks, c'est-à-dire on est dans la tête de quelqu'un. C'est-à-dire que tout le film est vu depuis la tête, en apparence, de Léa Seydoux, mais quand on y réfléchit, et c'est là où tout à coup j'ai trouvé ce film incroyable, en fait on est dans la tête d'une intelligence artificielle qui tente de comprendre l'humanité à travers un cobaye. qu'elle est assez doux. Et il y a une esthétique extraordinaire, vraiment numérique, très forte, et ses effets numériques s'expliquent. Je ne comprenais pas en voyant le film pourquoi il y avait des scratches d'écran, l'écran qui tout à coup se pixelisait, des choses comme ça. C'est parce que c'est une intelligence artificielle qui étudie l'humain, l'humain qui pour elle est une bête.
Au point que le générique de fin est un QR code.
Mais c'est ça.
Oui,
c'est vrai. J'ai mis deux jours à le comprendre.
Vous connaissez la dernière image. Le public du Théâtre de l'Alliance, est-ce que vous voulez intervenir sur ce film, La Bête, de Bertrand Bonello ? Rebecca. Bonjour. Moi je l'ai vu en présence de Bonello, à Beaubourg, avec M. Lalanne, et heureusement qu'il m'a expliqué le film,
parce que moi je n'ai rien compris. Je me suis emmerdé, et en sortant du cinéma de Beaubourg, j'ai parlé avec un couple qui avait vu, comme moi, qui n'avait rien compris,
qui n'a pas aimé ce film. Voilà. Désolé M.
Lalanne. Je suis pas le seul à aimer le film ici.
Non, on est même assez nombreux.
Ça met du temps à infuser.
Voilà.
On en reparle dans le temps, monsieur.
Le long métrage suivant est signé de la cinéaste polonaise Agnieszka Holand. Il s'intitule Green Border, Frontière Verte, donc en français dans le texte. Et il désigne une forêt marécageuse, immense, entre la Biélorussie et la Pologne. Dans cette forêt échouent hommes, femmes et enfants qui tentent de rejoindre l'Europe. Ils viennent de Syrie, d'Afghanistan ou du Maroc et ils se retrouvent pris en tenaille. dans cette zone, en étant les jouets d'enjeux géopolitiques qui les dépassent. Le film est inspiré de faits réels qui ont eu lieu en 2021. Agnès Carlande met successivement en scène les réfugiés, les gardes-frontières polonais et les activistes humanitaires avec parfois... Des scènes insoutenables. Malgré les attaques du gouvernement au pouvoir quand Green Border est sorti en Pologne, le film a réuni plus de 800 000 spectateurs et il a remporté le prix spécial du jury à la dernière Mostra de Venise. Charlotte ?
Alors moi, je n'étais pas prête, clairement. C'est-à-dire que psychologiquement, émotionnellement, je n'étais pas prête à voir ce film qui est quand même d'une force assez inouïe. Donc je trouve qu'il faut s'armer un peu quand on y va. C'est quand même un film qu'on n'a pas envie de voir. mais qu'il faut voir. Je trouve extrêmement intéressant. Alors d'abord, le film Tulsa Rebecca est très documenté, ce qui le rend évidemment d'autant plus effrayant. Et il est chapitré avec ses différents points de vue, qui à mon sens est une construction très intéressante, parce que du coup, ça permet de montrer quand même tout un système sur ces réfugiés qui sont balottés d'un côté à l'autre de la frontière.
Et qui sont traités comme du bétail.
Ah oui, c'est au-delà de tout ce qu'on peut imaginer de violence, de méchanceté, de racisme, de perversité, de tout ce qu'on veut. Donc, elle signe un brûlot politique, très clairement, en montrant un racisme d'État, une violence organisée à cette frontière biélorusse. C'est vrai que le film est très difficile, elle est extrêmement courageuse de l'avoir fait. Et moi qui porte un nom polonais, pour la première fois, je n'en suis pas très fière.
C'était Lipinska, Charlotte. Christophe ?
Écoutez, si c'était un reportage, je serais tout à fait d'accord avec Charlotte, mais c'est un faux reportage avec des comédiens qui font semblant d'être des migrants, qui font semblant d'être des polonais, qui font semblant d'être des humanitaires.
Alors, en l'occurrence, la comédienne qui joue l'humanitaire est véritablement engagée dans cette association.
C'est quand même un faux reportage, avec des caméras moteurs, on y va, coupez, etc. Je pense que qui veut trop prouver ne prouve rien. Et je pense que le problème, je comprends très bien la position politique d'Agnès K. Hollande, qui veut dénoncer les violences qui sont faites aux migrants quand ils tentent d'entrer clandestinement dans l'Union Européenne. Je comprends très bien, c'est un débat politique passionnant et je serais ravi que l'on le mène. C'est une question, simplement, elle en fait quoi ? Elle en fait un faux reportage, filmé avec une caméra qui tressaute sans fin. C'est-à-dire que moi j'avais mal au cœur au bout d'un quart d'heure. Et c'est un reportage dans lequel tout est manichéen. C'est-à-dire que vous avez des migrants qui sont des gens formidables, cultivés, sympathiques. On a envie de les inviter à dîner le soir même pour parler de Dali, vous voyez, par exemple. En face de ça, vous avez des Polonais, donc des gardes-frontières polonais, qui sont des sous-d'armes et des sous-d'armes. Mais je veux dire, les SS à côté passeraient presque pour sympas. Enfin, c'est des gens horribles. Ils regardent des films pornos entre deux coups de matraque. Enfin, c'est des gens abjects. Et puis, vous avez des humanitaires qui sont des héros. Formidable, les gens, le cœur sur la main. Donc ils arrivent, on va essayer de vous soigner, on vous cache. Donc voilà. Mais ce que je regrette, c'est que c'est très manichéen. Alors, c'est un tract. Donc un tract, c'est formidable, après tout, pourquoi pas. Mais c'est un tract qui dure 2h30. Alors moi, quand un tract dure 2h30, pour moi, c'est un tract qui rate sa cible.
Marie ?
Moi, je rejoins Charlotte. Je trouve que c'est un film extrêmement puissant. Mais c'est hyper intéressant parce qu'en fait, c'est un débat de cinéma. C'est-à-dire que... Est-ce que le cinéma est là pour fabriquer les images manquantes ? Cette forêt de Bialowidza, qui est une des dernières forêts primaires d'Europe, qui est donc à la frontière de la Pologne et de la Biélorussie, cette zone a été interdite aux journalistes et même aux passants pour pouvoir effectivement immartiriser des réfugiés attirés par un pouvoir extrêmement cynique qui les fait venir juste pour emmerder l'Union Européenne. Et Agnieszka Hollande qui a... Traité de beaucoup de sujets historiques, Lolo d'Aumor, La Shoah, etc., elle se dit on ne pourra pas filmer cette situation, mais moi, avec mes outils de cinéma, je vais le faire Alors effectivement, le film est extrêmement documenté, avec une caméra qui est extrêmement empathique, qui est embarquée comme ça au cœur des choses, sauf qu'elle utilise aussi les outils de la fiction. Et là, pour moi, ça devient extrêmement fort. C'est-à-dire que sur ce thème de l'image manquante, ce qui me bouleverse le plus dans le film, Ce sont les images qui manquent, justement. C'est-à-dire que, changer de point de vue, d'un côté les gardes-frontières, de l'autre les humanitaires, et puis cette famille, ce n'est pas des migrants formidables, c'est une famille hyper attachante, avec des gens qu'on a l'impression de connaître tout de suite. Et en fait, chaque fois qu'on les quitte des yeux dans le film, on se demande ce qu'ils sont en train de dire. Est-ce qu'ils ont encore une valise ? Est-ce qu'ils ont encore un manteau ? Est-ce qu'ils ont faim ? Est-ce qu'ils sont blessés ? les gens qui vivent autour de cette forêt primaire, il y a beaucoup de scientifiques, il y a beaucoup d'intellectuels qui l'étudient, etc., racontent pour de vrai, on a fait un reportage dans Télérama, je vous conseille de le lire, c'est terrifiant, ils racontent pour de vrai que maintenant, quand ils vont se balader dans cette forêt, ils ont peur de tomber sur des corps. Et tout à coup, il n'y aurait pas de... Voilà, c'est des papiers dans des journaux un peu sérieux, c'est une minute au JT, et bien Agnieszka Hollande, 75 piges, elle prend sa caméra, elle va faire un film, on en sort furibard, voilà ce qui arrive quand on vote pour l'extrême droite. Le cinéma ça sert aussi à ça.
On en sort Furibar et on y pleure parfois aussi. Jean-Marc ?
Moi aussi je suis sensible à la force d'interpellation du film. Son côté didactique a une vertu, il y a vraiment une force de renseignement. On a vraiment le sentiment de tout à coup de tout comprendre et aussi de tout vivre parce qu'elle instaure une proximité avec chaque catégorie de personnages, aussi bien les gardes frontières que les réfugiés. Et là-dessus, sur la proximité, le film est assez fort. Moi je ne suis plus partagé sur sa mise en scène. Je trouve que par moments elle réussit des choses extrêmement fortes et souvent quand tu l'utilises... Des métonymies, quand elle essaie de ramasser en un seul plan une situation. Je trouve par exemple, il y a un plan que je trouve magnifique, où une maman va avec la main prendre la branche d'un sapin pour que de l'eau coule et qu'elle nourrisse, mais seulement de quelques gouttes, son enfant qui a soif. Il y a aussi un garde-frontière qui, à un moment donné, derrière des cartons, aperçoit le visage d'un réfugié, mais choisit de ne rien dire. Et ce plan comme ça, ce fragment de visage qui apparaît derrière les caisses... C'est d'une puissance figurative très impressionnante. Il y a un plan génial aussi où tout à coup, on entend une force de jacassement. Et puis un personnage regarde le ciel et on voit des oiseaux migrateurs. Et tout à coup, entre les personnages de migrants et les oiseaux migrateurs, ça dure une seconde, c'est fulgurant, mais c'est d'une puissance poétique incroyable entre les migrations empêchées et les migrations qui se font naturellement. Donc il y a plein d'images très très puissantes. Mais il y a aussi quand même des moments où je trouve qu'elles dilatent trop les scènes qui sont insoutenables de douleur. Il y a quand même le danger. d'être dans une complaisance de l'exhibition de la souffrance qui, à mon avis, affaiblit par moments le film.
Le film suivant se déroule entre la Jamaïque et Londres, puisqu'il s'agit de Bob Marley One Love, biopic hollywoodien, signé Redaldo Marcus Green. Ce film aussi développe une période précise de la vie de Bob Marley, les années 76-78, pendant lesquelles il est victime d'un attentat en Jamaïque, avant de s'exiler à Londres, et ce sont aussi les années où il devient... une star mondiale. Deux concerts mythiques encadrent ce biopic, de moments où Marley tente de réconcilier les clans qui plongent la Jamaïque dans la violence. Il me semble important de préciser que ce long métrage est produit avec la famille Marley. C'est son fils aîné, Ziggy Marley, qui assure la promo. D'ailleurs, on n'entend que son prénom prononcé dans le film, alors que Bob Marley en a eu beaucoup, des enfants. Et le scénario célèbre Rita, sa mère, en suivant l'adage, derrière chaque grand homme, il y a une femme. Cela dit... dans le cas de Marley, il y a eu beaucoup de femmes, dont Cindy Braxpear, qui fut sa passion amoureuse, et qui est totalement invisibilisée dans ce film.
T'exagères, il y a bien 22 secondes !
Voilà, c'est ça ! Jean-Marc ?
Oui, effectivement, le problème, comme tu l'as insinué, c'est que c'est vraiment une agéographie, et qu'il y a beaucoup d'aspects complexes, problématiques, même du personnage de Marley, qui sont totalement évacués par le film. Et cette agéographie est problématique à deux niveaux, à la fois parce que ça angélise le personnage et ça le rend du coup assez peu intéressant, assez peu attachant. Et formellement, ça produit aussi une imagerie très très lisse, une imagerie d'épinal, c'est une succession d'images pieuses qui fait que le film est vraiment assez peu captivant. Moi, je trouve qu'il y a une idée qui est vraiment assez belle, c'est qu'il y a deux bornes dans le film. C'est l'attentat raté dont il échappe miraculeusement et ça se termine avec l'annonce qu'il a un mélanome. et que probablement il va mourir. Et donc ces deux bandes qui sont une mort évitée de justesse, et une mort qui tout à coup va être inéluctable, ça donne en côté au film une force de présage, enfin quelque chose qui aurait pu être beau, mais qui est assez peu traité par la mise en scène, qui est juste une belle idée de scénario. Et je pense que le problème essentiel du film, c'est l'acteur, qui est vraiment... Qui est à la fois trop mignon et pas assez beau, comme Bob Marley pouvait être beau sans être mignon. C'est-à-dire que chez Bob Marley, il y avait un charisme,
une puissance,
et quelque chose... légèrement inquiétant. Enfin, il n'était pas aussi lisse que ce garçon qui est vraiment un mannequin et qui à aucun moment n'a la force charismatique de Bob Marley.
Et qui parfois, quand il doit jouer des scènes de concert, donne l'impression de bouger un peu comme une poupée mécanique. Charlotte ?
Oui, alors moi je serais pas aussi sévère sur Kingsley Benadir parce que parce qu'il est très agréable à regarder. Il fait à peu près deux fois la taille de Bob Marley mais bon, on n'est plus à sa presse, pas très grave. Alors moi je mets au crédit du film quand même alors je connaissais assez peu la vie de Bob Marley, je le confesse et j'avais complètement oublié ce contexte quand même politique et social de la Jamaïque dans les années 70 alors c'est même pas quand même un attentat c'est une tentative d'assassinat puisque des hommes sont rentrés chez lui et ont canardé à tout va faisant 4 blessés graves et miraculeusement aucun mort et ça moi je ne le savais pas du tout et en effet c'est quand même une sorte d'acte fondateur et qui fait qu'il n'aura de cesse après de prôner un message de paix et d'unité pour unifier son peuple qui est au bord de la guerre civile avec des élections à venir. Et donc ce contexte politique, je trouve, est assez bien rendu et me l'a rendu intéressant. Après, en effet, le fait que ce soit Rita Marley et Ziggy un peu aux commandes du projet, c'est la force et la faiblesse du film. La force, c'est qu'il y a un peu des témoignages, on va dire, de l'intérieur, une certaine intimité, certainement un peu authentique. Mais la faiblesse, en effet, c'est que les onze enfants, ils n'existent pas. Les sept autres femmes, ils n'existent pas. Et que c'est au-delà de la géographie. C'est-à-dire que c'est carrément presque messianique. Il y a des plans, des scènes où il est mis en scène comme... le fils de Dieu, quoi, de Zion, qui est là, sur scène. Moi, je trouve que quand même, les scènes de concert sont plutôt pas mal, et j'avoue que j'aime pas trop le reggae, mais là, le temps du film,
ça passe.
J'étais peace and love.
La force du film, c'est précisément la musique de Bob Marley, et c'est quand même très étrange d'entendre la voix de Bob Marley, parce qu'on l'entend chanter, c'est sa piste vocale. Ouais,
mais tu fermes les yeux !
Ah oui, d'accord. Allez au cinéma pour fermer les yeux, en fait. Mais toi, ça t'a plu, Christophe ?
Oui, mais moi j'ai trouvé que ce film était... Moi ça m'a surpris parce que je ne suis pas un fan de reggae, ça me donne mal au cœur, donc je regarde le reggae de temps en temps. Mais là, j'avoue que j'ai trouvé ce film absolument ahurissant quand je l'ai vu, parce qu'en fait je me suis dit tiens, c'est le contraire absolu de Priscilla. Alors Priscilla, c'est Priscilla Presley qui dénonçait l'emprise du King, et là c'est Rita Marley qui dit il était génial, Bob était extraordinaire, mais du coup, j'ai découvert quelque chose que je ne connaissais pas ou très peu, c'est la religion rastafarienne. Et c'est un... clip de propagande pour la religion rastafarienne, c'est-à-dire que Kingsley Benadir, qui est un vrai prêcheur exalté, il cite la Bible toutes les deux secondes, même dans les scènes où il ne chante pas. Et je dois dire que j'ai trouvé qu'il y avait une espèce de ferveur mystique qui m'a totalement surpris. pris, et pour moi, le régué, c'était de la...
T'as pas trouvé que le rastafarisme était réglé en deux-deux sur une place ?
Non, au contraire, ça ne finit pas !
Il parle jusqu'à sa mort,
il parle de la Bible, il cite des passages, il cite l'Apocalypse, c'est rempli de références, c'est incroyable ! Il passe son temps à prêcher ! Elle en fait, peut-être que c'est sûrement pas la vérité de Bob Marley, mais elle en fait une espèce de prêcheur de Messie ! Et ça, j'ai trouvé ça, personnellement, assez étonnant. Je ne serais peut-être pas allé le voir si vous ne m'aviez pas dit d'y aller, mais oui, c'est quand même... Assez intéressant.
Et toi, Marie ?
Moi, je regrette beaucoup. Il n'y a pas la scène où il marche sur l'eau. Je ne comprends pas. C'est pour les bonus DVD, je ne sais pas.
C'est dans le mécanisme.
C'est absolument nul. C'est vraiment un des pires biopics que j'ai vus ces dernières années. Mais pour une simple raison, vous l'avez tous dit, c'est effectivement un truc piloté par la famille. C'est à la fois académique, monstrueusement mal foutu. On ne comprend rien. On ne comprend rien à la situation politique en Jamaïque. Il y a des cartons, heureusement. Mais non, mais personne... Personnage autour de lui n'existe Qui sont les Wailers, qui sont ces musiciens Et je me dis, en fait les biopiques Il faut aller les voir quand c'est pas la famille qui parle Et quand les gens n'ont rien à vendre Ils avaient qu'à, je sais pas, faire un documentaire Avec leurs archives familiales,
ça aurait sûrement été plus intéressant Et d'ailleurs il y en a un que je recommande Qui s'intitule Marley de Kevin Macdonald Qui est absolument remarquable On termine donc ce masque avec un film Qui réunit Christian Clavier Didier Bourdon, Sylvie Testu Marianne Denis-Court, c'est Cocorico de Julien Hervé. Jusqu'ici, Julien Hervé était plus connu comme auteur pour les guignols de l'info et surtout comme co-scénariste de la saga des Tuches ou du dernier bolet d'Astérix réalisé par Guillaume Canet. Dans Cocorico, des futurs mariés décident de réunir leur famille pour leur annoncer la noce à venir et aussi pour leur révéler les résultats des tests ADN. Ainsi, chacun pourra découvrir ses origines. Quand soudain, c'est le drame. On ne choisit pas pas ses ancêtres. C'est le sous-titre du film. Beaucoup a été dit sur le duo Clavier-Bourdon réuni à l'écran pour la toute première fois. Et Cocorico est le film qui connaît le meilleur démarrage et de loin depuis le début de l'année avec déjà 500 000 spectateurs en 10 jours. Charlotte ?
C'est pas sympa que ça tombe sur moi pour commencer. Non, bon, qu'est-ce que vous voulez qu'on dise ? Alors, non mais, bon... Bon, Christian Clavier et Didier Bourdon n'avaient jamais tourné ensemble, voilà c'est fait, fallait-il le faire ? Non, en tout cas pas là-dedans, c'est-à-dire qu'en fait tout est tellement attendu, c'est du mauvais théâtre filmé, c'est un film qui n'a aucun mouvement, aucun élan, on se demande même pourquoi ils n'ont pas assumé le huis clos jusqu'au bout ça aurait pu être un ping-pong verbal avec ses quatre parents et les enfants au milieu, des espèces de petites excursions dehors, et puis alors... Tout d'un coup, vous savez, on nous fait, en télévision, on appelle ça les plans à la Dallas. C'est-à-dire quand vous avez tout d'un coup un plan à la Dallas, c'est quand vous avez une scène d'intérieur entre deux bureaux, puis tout d'un coup, on vous met un plan de South Fork pour vous dire qu'on revient dans South Fork. Là, il y a un petit plan dehors et puis, paf, le château, on revient au château.
Je précise que ça ne se passe pas à South Fork. Voilà, comme son titre l'indique.
Non, alors j'étais tellement quand même un peu atterrée que j'ai fait un petit jeu. J'ai... Je vais vous lire le titre, ça aurait pu s'appeler ADN en délire Avec le synopsis suivant, Christian Clavier incarne François, un homme qui mène une vie tranquille jusqu'à ce qu'il reçoive un test ADN. Quand il reçoit les résultats de son test, à sa grande surprise, il découvre qu'il a des origines exotiques et lointaines, ce qui le plonge dans une confusion totale. La nouvelle se répand rapidement et François devient la cible de toutes sortes de quiproquos et de situations comiques. J'ai juste rentré dans ChatGPT Comédie avec Christian Clavier et un test ADN. Et ça a donné ça ? Et ça a donné ça.
Merci de me passer la parole. Il y a toujours eu deux types de comédies. Il y a les comédies, on pourrait dire, moi j'ai eu la chance dans mon jeune âge de jouer dans des comédies de qualité, écrites par Jean-Loup Dabadie, des choses comme ça. Je ne m'y ai pas mis, Robert. On pourrait dire l'héritage, ça serait d'un cachet tolé d'anneaux, qui font des comédies comme ça, avec du contenu, du sens, de l'émotion. Et puis des comédies bas de gamme, il y en a toujours eu. Aujourd'hui, pour moi, Cocorico incarne ce type de comédies un peu bas de gamme. Pourquoi ? Parce que d'abord, effectivement, au niveau de l'intrigue, il y a quatre enveloppes, on attend qu'ils les ouvrent. Donc enveloppe numéro un, enveloppe numéro deux. Puis après, on se dit, il y a encore deux enveloppes, donc on attend. Il y a un moment où ils vont ouvrir les quatre enveloppes, c'est une évidence. Et surtout, c'est là où ce n'est pas justement une comédie de qualité, c'est frileux. C'est-à-dire que quand, je vais quand même un tout petit peu spoiler au moins Didier Bourdon, quand Didier Bourdon ouvre son enveloppe, alors vous voyez, on aurait pu, ça parle des origines. Alors, on a parlé de Green Border tout à l'heure. Des origines, il y en a beaucoup sur Terre aujourd'hui. Mais Didier Bourdon, il est allemand. Alors, il fait Ah, mon Dieu, c'est trop affreux ! Je suis d'origine allemande, c'est trop affreux, je vais me suicider ! Vous voyez, tout est comme ça. Il y a Marianne de Nicourt qui découvre qu'elle a 10% de sang portugais. Ah non, je vais faire un infarctus, je suis portugaise ! Enfin, vous voyez, on est toujours dans une espèce de... Il passe à côté d'un sujet, en fait, pour en faire quelque chose de mièvre et de légèrement poujadiste.
Mais il ne passe pas tellement à côté d'un sujet, je pense que c'est vraiment le... cœur du problème, c'est qu'ils ont voulu traiter un sujet, un sujet qui serait un article de journal. Il y a une mode, les gens font des tests ADN, qui sont complètement bidons par ailleurs. Tous les généticiens disent que ça ne repose sur aucune validité scientifique, mais voilà. Avec votre test ADN, on est capable de, en gros, statistiquement, vous classer dans un ensemble de populations. Donc on va dire, vos ancêtres viennent plutôt de, je ne sais pas, Scandinavie, etc. Et il s'est dit, ça suffit pour faire un film. Ben non ! Ben non,
en fait. Ça dépend des origines.
Mais ce qui est intéressant, c'est que, évidemment, ça peut provoquer une crise existentielle, mais ne peuvent vivre une crise existentielle, je dis beaucoup de the que des personnages qui existeraient. Or, cela n'existe pas du tout, évidemment. Et c'est d'autant plus dommage que la question de la francité, la question de l'identité, elle est assez intéressante. Et là, en fait, plus qu'un film sur les origines, la francité, l'ADN, c'est un voyage dans le temps. temps, c'est-à-dire que ce sont des noms de personnages dans une non-époque qui serait les années 50 où on dit encore les Bosch, Schnell, vive les Mercedes. C'est dément de proposer de la daube pareille aux gens, mais comme c'est mécanique, comme ça débarque sur des centaines d'écrans avec deux pros du rire qui ont un ADN vraiment intéressant. On a ri avec le Splendide, on a ri avec les Inconnus. Moi, j'aime bien l'idée d'hybrider leurs univers et de rire avec ces gars-là qui ont tant de métiers. C'est une honte de proposer ça au public.
Oui, moi aussi je trouve que c'est une honte. Le film coûte 10 millions. On se demande où ils sont. On ne le coûte pas en salon. On pense que les deux acteurs principaux ont absorbé la moitié du budget. Moi, ce qui me rend vraiment fou dans le film, c'est que c'est un film sur le racisme, mais qui invisibilise absolument les personnes qui sont victimes du racisme. C'est-à-dire que cette espèce d'entourloupe de l'ADN permet de faire circuler des blagues racistes extrêmement pénibles. mais que sur des personnages qui sont tous blancs, en évacuant absolument une question aussi tendue que celle de l'immigration en France aujourd'hui. Donc le film est vraiment aberrant, à la fois très frileux, très pleutre, comme le disait Christophe, et en même temps un peu dégueulasse.
On n'a pas aimé, quoi.
Alors là, sur mon conducteur, je lis, virgule. Ça veut dire que c'est l'heure de vos coups de cœur, films, podcasts, livres, etc. Jean-Marc, c'est à toi.
Alors, mon coup de cœur, c'est un film qui s'appelle Sans jamais nous connaître de Andrew Haig. C'est un grand film d'amour, un grand film de fantôme, un grand film sur le deuil, et aussi un grand film sur le coming out, puisque c'est l'histoire d'un homme gay dont les parents sont morts lorsqu'il avait 8 ans, qui n'a jamais pu faire son coming out. Et ses mots ravalés vont totalement déterminer sa vie amoureuse. C'est un film absolument déchirant, avec en plus Frankie Ghost Hollywood et Pet Shop Boys. Deux chansons géniales qui sont utilisées génialement dans le film.
C'est validé. On redonne le titre ?
Sans jamais nous connaître.
Marie.
Alors c'est un film qui s'appelle 20 000 espèces d'abeilles et comme je suis dingue, j'ai évidemment choisi un film basque-espagnol dont je vais avoir du mal à prononcer le nom de la réalisatrice, à qui je présente d'avance mes excuses. Estibalise, Urezola, Sous la Gourenne. Alors c'est un film de vacances, on suit une famille, la mère, les enfants. On retrouve la grand-mère qui est un peu une grenouille de bénitier, la grand-tante qui est apicultrice. Et puis au centre, il y a une petite fille extraordinaire qui s'appelle Coco. Elle a de naissance un autre prénom et elle a un autre prénom qu'elle va choisir et on va comprendre pourquoi. C'est un... Non-drame, c'est la manière la plus intelligente que j'ai vu depuis longtemps de traiter la transidentité. 20 000 espèces d'abeilles avec une petite fille qui s'appelle Sophia Otero qui a eu un ours d'argent à Berlin. Destibalise, Oresola, Solagouren.
Bravo Marie ! Yes ! Charlotte !
Alors moi c'est plus facile à prononcer, Jean-Jacques Hannault, avec la ressortie en salle mercredi prochain du Nom de la Rose de 86 et qui ressort, figurez-vous, en version restaurée 4K. Et ce n'est pas qu'un petit détail, puisque le film était invisible depuis de nombreuses années pour des obscures questions de droit. Je ne vais pas vous faire l'affront de vous rappeler le cœur de ce film qui reste quand même peut-être l'étalon du polar en robe de bure. C'est un thriller religieux qui, 37 ans après, est toujours d'actualité dans le sens où c'est vraiment un plaidoyer sur la culture et la connaissance face à l'obscurantisme. Et donc, le revoir sur grand écran avec... le flègue, mais le sourcil dressé de pleine poignerie. Voilà, je vous le conseille sur grand écran, ça en jette.
Christophe ? Alors moi,
je prends la suite de Bertrand Bonello, puisqu'après Léa Seydoux, je vais vous parler de Nicolas Seydoux. Nicolas Seydoux qui vient de sortir un livre qui s'appelle Le cinéma, 50 ans de passion, 600 pages. Alors, Nicolas Seydoux, c'est le grand-oncle de Léa Seydoux. Et dans le livre, il y a beaucoup de portraits de cinéastes, dont un très beau portrait de Jean-Luc Godard, et il révèle toute une correspondance. qu'il a mené avec Godard tout au fil des années, donc en révélant un grand nombre de lettres inédites et c'est très émouvant.
Et je ferme le banc avec Hitchcock s'est trompé, fenêtre sur cours, contre-enquête, c'est signé Pierre Bayard. Alors Pierre Bayard il est professeur de littérature, il est psychanalyste aussi et il est l'auteur de livres indispensables comme Comment parler des livres qu'on n'a pas lus. Et dans celui-ci donc Bayard affirme que Hitchcock s'est trompé de coupable dans Fenêtre sur cours. Il s'est laissé balader par ses personnages alors que lui Bayard... Pierre va enfin nous révéler la vérité. Donc il reprend le dossier à zéro avec l'étude minutieuse des lieux du crime, les plans du film, la psyché des personnages. C'est à la fois très drôle et très urudit parce que Bayard convoque une histoire de la critique de Fenêtres sur cours. Et finalement, il remet au centre celui qui a le pouvoir dans une salle de cinéma. Ce n'est pas le cinéaste, ce ne sont pas les acteurs, mais c'est nous. les spectateurs. Donc Hitchcock s'est trompé, fenêtre sur cours, contre-enquête de Pierre Bayard, c'est édité par les éditions de minuit. Charlotte, Marie, Christophe, Jean-Marc, merci d'être venus à la tribune aujourd'hui. Je précise que l'émission spéciale dédiée à la remise du prix des auditorices du masque sera enregistrée le jeudi 22 février à 19h, je le redis, jeudi 22 février à 19h toujours au Théâtre de l'Alliance. Pour y assister, découvrir en avant-première les lauréats de Prestige et leur poser des questions, il suffit de vous inscrire sur le site maison-de-la-radio-et-de-la-musique.fr. Merci à Audrey Ripu qui a réalisé cette émission, et c'était avec Jérémy Kaufmann, Charles Bouticourt et Cédric Châtelus aujourd'hui. Merci à Iniken et Goulesco. pour la préparation au cordeau de cette émission avec l'aide précieuse de Célestine Babinet. La semaine prochaine, il sera question de l'actualité littéraire. Alors, à dimanche sur France Inter, évidemment.
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Peugeot. Il paraît qu'un essai vaut mieux que mille mots. Alors, plutôt que d'en parler pendant des heures, venez essayer l'hybride par Peugeot pendant les portes ouvertes du 14 au 18 mars. Des modèles qui permettent de rouler 50% du temps en électrique et d'économiser 30% de carburant en ville, ça ne s'orfuse pas. Et en ce moment, Peugeot vous offre jusqu'à 5000 euros d'avantages clients. Valable pour toute commande d'une Peugeot hybride neuve réservée aux particuliers jusqu'au 29 mars. Conditions sur Peugeot.fr.
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Cher Masque, fidèle auditeur depuis des années, je n'ai jamais cédé à la tentation de vous écrire, d'autres le faisant avec humour et talent. Mais l'intervention de Xavier Leherper sur la zone d'intérêt m'a fait craquer. Beaucoup du courrier, vraiment très abondant, reçu cette semaine, commence de cette façon et je regrette d'autant plus que Xavier ne soit pas là pour y répondre. Vous êtes donc nombreux à vous indigner des adjectifs dangereux et révisionnistes accolés au film de Jonathan Glazer, qui, je le rappelle, nous fait entrer dans le quotidien de la famille Euss, installée juste à côté du camp d'Auschwitz. Si je résume la tonalité de la centaine de mails reçus, vous insistez sur le caractère remarquablement explicite du film et le mot que vous employez, le plus pour le qualifier, c'est immense Cela dit... Roger Calmel de Saint-Max, en Meurthe-et-Moselle, salue l'intervention de Xavier. Selon lui, les images manquantes du film peuvent faire le jeu des révisionnistes. Quelques courriers rejoignent l'avis d'Antoine, d'Ivry-sur-Seine, comme il est bref, je vous le livre en entier. Je vous écris comme on va à Confesse. Pendant les 1h45 de la zone d'intérêt, je me suis copieusement emmerdée. C'est mal, je sais. En tout cas, 15 jours après sa sortie, la zone d'intérêt de Jonathan Glazer... continuent de figurer parmi les cinq films qui réunissent le plus grand nombre de spectateurs en salle. Concernant May December de Todd Haynes, la plupart d'entre vous reviendront pas sur les actrices, Tuneanne Moore et Nathalie Portman, mais sur la musique du film. Patrick Dumas nous dit que ça lui fait penser au générique d'Affaires Sensibles sur France Inter. Mais Lorraine Billot corrige, Todd Haynes a repris la partition de Michel Legrand pour Le Messager de Joseph Losey. Le problème, je la cite, C'est que c'est devenu le générique de Faites entrer l'accusé Pas d'affaires sensibles. Penser à Christophe Ondelat dans une salle de ciné, c'est fâcheux, nous dit-elle. Pierre Cusor, qui nous écrit toutes les semaines, ne comprend pas le sens du titre May December mais conclut J'ai effectivement eu la sensation de passer sept mois enfermé dans une salle En revanche, il a beaucoup aimé Le dernier des Juifs premier film de Noé Debré. Stéphanie Roche écrit à son sujet, avec quatre F. Suivi de trois points de suspension, vous êtes d'imprévisibles au masque sur ce film. Et Philippe Gauthier de renchérir, j'étais sûre que vous alliez aimer, et voilà, ça n'a pas raté. C'est pourtant un tout petit pas grand chose. Laurent Mignot du Pré-Saint-Gervais me dit avoir été dans le public du Théâtre de l'Alliance, je ne sais pas s'il est là ce soir, en tout cas il l'était le jour où nous avons parlé du dernier des Juifs. Il me reproche de ne pas être intervenu contre l'unanimité et ajoute Ce film fera probablement plus sourire dans le sixième arrondissement que dans les cités où la triste réalité ne trouve malheureusement pas d'écho au cinéma. Alors cher Laurent, bien que ne vivant pas dans le sixième, j'ai beaucoup aimé Le Dernier des Juifs et surtout n'hésitez pas à vous saisir du micro la prochaine fois que nous aurons le plaisir de vous accueillir. Enfin, vous êtes nombreux à vous réjouir de l'arrivée de Christophe Boursayet à cette tribune, tandis que Stéphanie Roche suscitait mes cris pour la voix. Auriez-vous des liens de parenté avec Macha Béranger ? Avec 4 F suivi de 3 points de suspension. J'ouvre cette émission avec Daha Ali. J'espère avoir bien prononcé les 6 A du titre qui nous poussent à parler comme Salvador. C'est donc le nouveau film de Quentin Dupieux, 6 mois seulement après le succès de Yannick. Avec Daha Ali, Dupieux vit d'ailleurs son meilleur démarrage en salle. Pas moins d'une demi-douzaine de comédiens interprètent Salvador Dali, soit 6 versions possibles. Du peintre catalan par entre autres Gilles Lelouch, Edouard Baer, Jonathan Cohen ou Pio Marmaille, Anaïs Demoustier, elle, joue une pharmacienne reconvertie en journaliste qui rêve de réaliser un documentaire sur Dali et ça n'est pas de la tarte. Cette folle entreprise est notamment hantée par le cinéma de Louis Bunuel. C'est la première fois que Quentin Dupieux consacre un film à un personnage réel, en l'occurrence l'un des premiers artistes stars, mais ça n'a rien à voir avec un biopic. Christophe, c'est toi qui ouvre le bal.
Merci. Si vous voulez, quand on dit qu'un carnet dans les années 2000, une sorte de renouvellement générationnel, on est dans les années 2020, donc évidemment c'est moins le renouvellement. C'est un peu le mélange de l'esprit Yann Barthez et Canal+, de la grande époque, côté Simpson. petit mélange Jacques Tati, Simpson, enfin tout ça. Et puis là, avec ce film-là, c'est pas mal, c'est assez agréable. J'avoue que j'ai dormi que dix secondes, ce qui est peu. Et vraiment, j'ai eu un petit flop de fatigue, mais très court, parce que dans l'ensemble, c'est quand même assez amusant. Simplement de Dali...
Sinon, en moyenne, tu dors combien de temps pendant les films ?
Ça dépend des films. Il y a des films où je ne dors pas du tout. Et d'autres, par contre, c'est un cauchemar. Mais ça, c'est normal, c'est le cinéma. Heureusement qu'on est dans les salles. Oui, alors, de Dali, le problème, je dirais, c'est peut-être un problème pour moi, c'est comme ça que j'ai ressenti ça, c'est qu'étant donné qu'il a cette culture Simpson, de Dali, il n'a retenu que le chocolat à l'envin. C'est-à-dire que de Dali, il a retenu que le personnage est Dali, je m'appelle Dali. Alors, il dit qu'il rend un hommage à Louise Bunuel, mais enfin, il n'y a aucune espèce de... très très lointaine, très très vague référence. Et je pourrais comparer, si tu veux, ce qui me frappe, c'est la différence qu'il peut y avoir entre lui, par exemple, quand il manie comme ça les avant-gardes, en se réclamant d'une certaine façon d'une forme de surréalisme, mais il réduit le surréalisme à l'absurde, c'est le cinéma de l'absurde, alors que le surréalisme c'est un peu plus compliqué que ça, heureusement. Là, on sent un type qui dit Ah, Dali, il est marrant, et on va faire un film sur Dali parce qu'il est marrant, c'est un drôle de personnage et qu'il s'en amuse ! Et donc, c'est un jeu, mais enfin, c'est un jeu qui m'a moyennement séduit.
Charlotte ? Je suis d'accord avec une seule chose avec Christophe, c'est que c'est un jeu, en effet, mais c'est un film ludique. C'est-à-dire que je trouve que Quentin Dupieux, qui a un talent monstre... Alors, je suis un peu en colère avec lui, parce que je trouve qu'il est aussi talentueux que Flemmard, et que parfois, il pourrait travailler un peu plus sa matière, en l'occurrence ses scénarios. Mais sur la forme, il triture la matière du cinéma, comme aurait pu le faire Dali, c'est-à-dire que... Il nous propose un film qui est en forme de charade ou de rébus, de jeu de loi, de choses à tiroir. La façon qu'il a, je trouve, par des effets de montage, de travailler le temps, l'espace. Par exemple, la première apparition d'Edouard Baird dans un couloir, il marche dans un couloir et ça n'en finit jamais. Plus il s'approche de ses interlocutrices, plus il s'en éloigne. C'est assez génial. Donc je trouve qu'il y a plein d'idées comme ça formelles absolument formidables. C'est vrai que... tout le marketing du film a été fait sur les cinq comédiens qui incarnent Dali et qui, à mon sens,
c'est le meilleur.
Le meilleur, c'est Edouard Baird. Jonathan Cohen est très drôle aussi. Les autres sont quand même très nettement en deçà. Et du coup, pour moi, il y a une petite frustration. C'est que d'une scène à l'autre, je me dis, quand est-ce que revient Edouard ? Parce que les autres sont quand même plus mineurs, on va dire. Néanmoins, moi qui trouve toujours que Quentin Dupieux a des points de départ formidables mais qui n'arrivent jamais à les développer suffisamment pour des longs métrages, là, c'est la première fois où je trouve l'objet tout... totalement cohérent dans son incohérence. Et ça m'a assez réjouie.
Marie, toi aussi, ça t'a réjouie ?
Ça m'a follement amusée. Et peut-être un peu plus que ça, parce qu'en fait, ce que j'aime avec les films de Dupieux, c'est que je les ramène chez moi. Et puis que, voilà, c'est un film sur la rêverie, enfin sur le rêve. Et moi, ça provoque plein de rêveries. C'est-à-dire que j'adore l'idée qu'ils fassent des films très courts qui ne finissent jamais, par exemple. C'est-à-dire que... Personne n'en chasse, c'est terrible comme phrase, mais personne n'en chasse comme Dupieux. Et le fait qu'il ait un récit dans un récit dans un récit, ça m'amuse follement, mais ça provoque aussi toujours une curiosité chez moi. D'abord, je le cherche lui. Il est où Dupieux ? Dupieux, là, j'avais l'impression que c'était Anaïs Demoustier, c'est-à-dire quelqu'un qui ne s'y prend pas hyper bien, qui cherche à avoir la plus grosse caméra du monde pour aller filmer ses stars. Et en même temps, il est partout dans... Voilà, le goût des objets, le piano Fontaine, les vieux écrans de télé, etc. Moi, je m'amuse beaucoup toujours de la direction artistique chez Dupieux. Et puis, il y a dans ses derniers films, souvent quelque chose qui me touche. Et là, c'est un Dali qui est joué par Didier Sandre, que Jonathan Cohen regarde à travers une vitre. C'est un jeune homme face à un vieil homme et il a une simple phrase. Il dit Est-ce que c'est moi, ce vieux monsieur ? Et on va vivre la même scène, mais de l'autre côté de la vitre, un peu plus tard. avec un vieux monsieur qui se demande mais j'ai quel âge ? Et moi, voilà, on n'apprend pas grand-chose de Dali. C'est presque ce que je préfère dans le film, c'est que ce ne soit pas du tout un biopic, et qu'on ait comme ça une idée de Dali, cette scène du couloir interminable, elle est géniale. Comment donner une idée, une sensation des montres molles ? en filmant un couloir pendant un quart d'heure, c'est follement drôle.
Mais cette idée du temps qui passe et du vieillissement, elle revient de film en film d'ailleurs. Et puis Dali quand même, on se dit en voyant le film qu'il a inspiré énormément de rockstars avec ses caprices. C'est aussi ça. Amandalir. Amandalir, la bien-aimée Amandalir. Jean-Marc ?
Ah oui, c'est absolument un film sur le temps qui passe et même, je dirais plus, sur la peur de la mort. C'est ce qui me touche profondément dans le film, c'est-à-dire qu'à la fois, Quentin Dupieux, il invente une espèce de bulle de temps où tout se rejoue en se répétant. Il vient vraiment de la musique électronique minimaliste. Avec des boucles. Donc c'est vraiment quelqu'un qui fait des boucles. Et là, effectivement, ça tourne en rond, sauf qu'il y a cette apparition d'un Dalivieux. Et avec lui, tout à coup, il y a du temps qui s'écoule. Et je pense que ce qu'il cherche dans Dalivieux, c'est une sorte d'autoportrait d'artiste en contrôle fric. Je pense que vraiment, Dupieux, qui fait absolument tout dans ses films, c'est un artiste qui est... travaillé par le contrôle et il y a quelque chose qui est incontrôlable, c'est effectivement cette entropie, cet écoulement du temps. Et le film est extrêmement séduisant, extrêmement drôle, extrêmement gracieux, mais il est aussi travaillé par quelque chose de plus sourd, de plus profond, qui est cette angoisse de mort qui lui donne quelque chose de profondément touchant, au-delà de sa légèreté et de ce qu'il a de très séduisant et très charmant.
Un spectateur ou une spectatrice pour parler de Dali au Théâtre de l'Alliance ?
Le temps que le micro arrive, j'en profite, c'est Marie avec l'émotion à confondu de Didier, c'est Didier Flamand. Oui,
c'est Didier Flamand, pas Didier Flamand.
Je vous le prie, je suis pas sûre que... Oh ben voilà, je vais mourir.
Non mais ça n'a aucune importance.
Je vais mourir mais ralenti dans un film de Quentin Dupieux en tombant d'un toit.
Une participation de votre part dans le public, monsieur ? Oui,
moi j'ai beaucoup aimé parce que je ne pouvais pas m'empêcher de penser, surtout avec le... Le rêve du religieux qui revient sans arrêt différemment à Louise Bunuel. C'est pour moi un super hommage à Louise Bunuel. Et j'ai beaucoup rigolé, évidemment, mais les décalages des films précédents de Comte du Pieux étaient presque dérisoires à côté de celui-ci. C'est que du décalage, c'est qu'on peut le voir 36 façons différentes.
Et on est surpris,
mais je ne sais pas quoi dire d'autre, tellement je suis encore les images qui défilent devant mes yeux quand j'en parle.
On passe maintenant à la bête de Bertrand Bonello, un film d'anticipation puisque nous sommes en 2044 et dans ce futur proche, les émotions n'ont pas leur place. Elles représentent même une menace, tandis que l'intelligence artificielle, elle, est efficace. Pour se nettoyer de toutes ces émotions et de leurs traces, Gabriel, l'éas et doux à l'écran, doit replonger dans ses vies antérieures. On retrouve donc la femme qu'elle fut à Paris en 1910, la femme qu'elle fut à Los Angeles en 2014, et la femme qu'elle est en 2044. A chaque fois, elle vit différemment ses sentiments pour Louis, interprété par le britannique George McKay. C'est donc une variation autour du sentiment amoureux et de ce qu'il devient à travers le temps. Et en ce 18 février 2024, la bête t'a fait quel effet, Marie ?
Je l'ai trouvée belle et froide. J'ai eu une petite bagarre avec ce film, parce que je suis contente de retrouver un peu plus de temps. Bertrand Bonello dans une grande forme et puis en même temps, tout ce que j'aime chez lui, c'est-à-dire là vraiment déployer le grand architecte, le maître de l'espace-temps. Il adapte Henry James, mais en même temps, il inverse, il le transpose. Et c'est presque un documentaire en même temps sur les AC double, parce que le film commence, elle est sur un fond vert, elle joue une actrice en 2014, et elle joue une séquence terrifiante, sans accessoires, sans partenaire. Et là aussi, il va y avoir un système de boucle, c'est-à-dire que cette scène va être amenée à se répéter. J'ai trouvé ça à la fois magnifiquement tressé, c'est-à-dire que... Les entrelacs temporels sont vraiment superbes. On ferme les yeux dans une époque, on se réveille dans une autre. On entend un claque dans une époque, on se réveille encore dans une autre. Ça, ça marche merveilleusement. Mais j'ai trouvé le film, ce labyrinthe, extrêmement théorique aussi. Et comme il avait à cœur, je crois, il a beaucoup dit en interview, de réaliser un grand mélodrame sentimental. Et bien, j'attendais, moi, beaucoup de sentiments. Et j'ai comme un écran qui m'entend. empêche d'accéder vraiment à l'émotion. Or, j'ai eu...
T'as pas eu peur sur la fin ?
J'allais dire que j'allais dire d'émotion amoureuse, parce que c'est censé être une grande histoire d'amour, et que je trouve qu'il ne se produit pas énormément de choses entre Léa Seydoux et Georges Maquet, mon grand regret. Et je trouve aussi que le film est malgré tout hyper chargé de signes, d'oiseaux, de pop-up, d'ordinateurs.
acteurs,
de cartes anciennes, etc. Et finalement, presque, j'aurais voulu voir trois films individuels plutôt que ce mélange-là.
Je reviens sur ce que tu dis sur le côté documentaire, sur la maîtrise de l'art de Léa Seydoux. Il y a une scène quand même où son amoureux, en 1910, ils sont attablés et il lui demande de lui montrer ce que c'est que le visage d'une poupée. Et elle se transforme à vue. Et elle devient une poupée. Et je me suis dit, il a fait le film pour cette scène. C'est extraordinaire.
C'est un plan magnifique. Le sujet du film, c'est comment le cinéma fabrique des émotions. Tout le sujet du film, c'est les émotions. Est-ce que les émotions nous enfreignent ? Ou est-ce qu'au contraire, elles nous portent ? Et le cinéma, comme fabrique d'émotions, qui en simulant les émotions, les fait advenir. Le film est effectivement très théorique, mais je le trouve assez bouleversant là-dessus. Moi, le film m'impressionne beaucoup parce qu'il a une telle ambition, je dirais une double ambition. Il a à la fois une ambition très forte de production. C'est-à-dire que c'est un film opulent, un film qui veut être... spectaculaire, romanesque, et en même temps une ambition expérimentale. C'est un film extrêmement audacieux, extrêmement innovant, et joindre ces deux-là, souvent l'ambition expérimentale, elle freine l'ambition de production, et vouloir faire un spectacle aussi total, mélanger dix films un an, faire à la fois un film de SF, un thriller mental à la Lynch, il y a des scènes qui ressemblent à du Cronenberg, mais on revoit aussi passer tous les films que Bonello a fait, les scènes de boîte de nu qui font penser à Saint-Laurent, c'est comme s'il voulait faire dix films un an, il en fait une sorte de montage un peu cubiste, toujours au bord de la saturation en effet, mais que je trouve vraiment magnifique, et inspiré tout le temps et d'une intensité incroyable. C'est vraiment un très grand film sur le cinéma, et je trouve aussi que son idée sur la nouvelle d'Henri James est vraiment géniale, il la transforme complètement, et en même temps il a identifié quelque chose de très très fort, c'est que la peur est peut-être le sentiment le plus contemporain, celui qui nous identifie le plus justement, qu'on est tous terrorisés par l'imminence d'une catastrophe, et là ce qu'il fait là-dessus c'est vraiment de l'ordre de la vision pure, et c'est d'une... pouvoir de suggestion et d'une éloquence inouïe.
On ne l'a pas précisé, effectivement, c'est une adaptation lointaine, on va dire, de La Bête dans la jungle d'Henri Thiem.
Et pour rebondir sur ce que tu as dit en mars, il y a une réplique, moi, que je trouve magnifique, à un moment où l'un des deux demande à l'autre mais qu'est-ce qui est le plus fort, ta peur ou ton amour pour moi ? Et de là après, chacun appréciera l'effet miroir de cette phrase. Moi, le film a beaucoup troublé parce que il se trouve que La Bête dans la jungle, donc cette nouvelle a été très souvent jouée au théâtre, moi je l'ai vue beaucoup de fois au théâtre. Il y a 20 ans, c'était Fanny Ardant et Gérard Depardieu, plus récemment Valérie Dréville, et je n'avais jamais rien compris. J'étais toujours passée à côté de ce texte, et là... Et curieusement, alors que Bonello la prend comme point de départ mais s'en éloigne, pour la première fois, j'ai eu l'impression de vraiment saisir ce que nous disait Henry James, qui est plutôt la première partie, on va dire, du film. Et en effet, cette préscience d'une catastrophe imminente, qui est en fait évidemment une peur paralysante de l'amour, et en gros c'est fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve. Gainsbourg l'avait magnifiquement résumé avec ça. Moi, je trouve le film très très beau. Alors... Un peu long, on ne l'a pas dit, 2h26, il faut quand même prendre le temps. La première partie, qui est la plus historique, la plus ancienne au début du siècle, m'a paru un peu longue et répétitive, mais alors plus le film avance, plus j'étais complètement prise, jusqu'à cette dernière demi-heure que je trouve d'une puissance dingue, qui à mon sens est celle qui finalement provoque le plus d'émotions, comme avec Marie, en tout cas sur la peur au final. Après, Léa Seydoux, elle est juste magistrale, son visage... est un paysage et il y a au cœur du film, je voudrais juste la citer, une séquence sous-marine qui est pour moi l'une des plus belles séquences que j'aurais vu au cinéma cette année.
Dans une usine de poupées.
Oui, c'est absolument magnifique. J'ai été absolument sidéré par ce film et en fait je suis passé par tous les états. C'est-à-dire qu'au début j'ai dit oui, c'est quand même très prétentieux. Et puis après j'ai me dit qu'est-ce que c'est superficiel et je ne comprenais pas. Et en fait tout à coup j'ai eu une espèce de révélation deux jours plus tard.
Le deuxième effet,
la règle. Deux jours plus tard, j'ai compris qu'en fait, on est vraiment dans un David Lynch, dans la mesure où on est dans Bullo Land Drive, on est dans Twin Peaks, c'est-à-dire on est dans la tête de quelqu'un. C'est-à-dire que tout le film est vu depuis la tête, en apparence, de Léa Seydoux, mais quand on y réfléchit, et c'est là où tout à coup j'ai trouvé ce film incroyable, en fait on est dans la tête d'une intelligence artificielle qui tente de comprendre l'humanité à travers un cobaye. qu'elle est assez doux. Et il y a une esthétique extraordinaire, vraiment numérique, très forte, et ses effets numériques s'expliquent. Je ne comprenais pas en voyant le film pourquoi il y avait des scratches d'écran, l'écran qui tout à coup se pixelisait, des choses comme ça. C'est parce que c'est une intelligence artificielle qui étudie l'humain, l'humain qui pour elle est une bête.
Au point que le générique de fin est un QR code.
Mais c'est ça.
Oui,
c'est vrai. J'ai mis deux jours à le comprendre.
Vous connaissez la dernière image. Le public du Théâtre de l'Alliance, est-ce que vous voulez intervenir sur ce film, La Bête, de Bertrand Bonello ? Rebecca. Bonjour. Moi je l'ai vu en présence de Bonello, à Beaubourg, avec M. Lalanne, et heureusement qu'il m'a expliqué le film,
parce que moi je n'ai rien compris. Je me suis emmerdé, et en sortant du cinéma de Beaubourg, j'ai parlé avec un couple qui avait vu, comme moi, qui n'avait rien compris,
qui n'a pas aimé ce film. Voilà. Désolé M.
Lalanne. Je suis pas le seul à aimer le film ici.
Non, on est même assez nombreux.
Ça met du temps à infuser.
Voilà.
On en reparle dans le temps, monsieur.
Le long métrage suivant est signé de la cinéaste polonaise Agnieszka Holand. Il s'intitule Green Border, Frontière Verte, donc en français dans le texte. Et il désigne une forêt marécageuse, immense, entre la Biélorussie et la Pologne. Dans cette forêt échouent hommes, femmes et enfants qui tentent de rejoindre l'Europe. Ils viennent de Syrie, d'Afghanistan ou du Maroc et ils se retrouvent pris en tenaille. dans cette zone, en étant les jouets d'enjeux géopolitiques qui les dépassent. Le film est inspiré de faits réels qui ont eu lieu en 2021. Agnès Carlande met successivement en scène les réfugiés, les gardes-frontières polonais et les activistes humanitaires avec parfois... Des scènes insoutenables. Malgré les attaques du gouvernement au pouvoir quand Green Border est sorti en Pologne, le film a réuni plus de 800 000 spectateurs et il a remporté le prix spécial du jury à la dernière Mostra de Venise. Charlotte ?
Alors moi, je n'étais pas prête, clairement. C'est-à-dire que psychologiquement, émotionnellement, je n'étais pas prête à voir ce film qui est quand même d'une force assez inouïe. Donc je trouve qu'il faut s'armer un peu quand on y va. C'est quand même un film qu'on n'a pas envie de voir. mais qu'il faut voir. Je trouve extrêmement intéressant. Alors d'abord, le film Tulsa Rebecca est très documenté, ce qui le rend évidemment d'autant plus effrayant. Et il est chapitré avec ses différents points de vue, qui à mon sens est une construction très intéressante, parce que du coup, ça permet de montrer quand même tout un système sur ces réfugiés qui sont balottés d'un côté à l'autre de la frontière.
Et qui sont traités comme du bétail.
Ah oui, c'est au-delà de tout ce qu'on peut imaginer de violence, de méchanceté, de racisme, de perversité, de tout ce qu'on veut. Donc, elle signe un brûlot politique, très clairement, en montrant un racisme d'État, une violence organisée à cette frontière biélorusse. C'est vrai que le film est très difficile, elle est extrêmement courageuse de l'avoir fait. Et moi qui porte un nom polonais, pour la première fois, je n'en suis pas très fière.
C'était Lipinska, Charlotte. Christophe ?
Écoutez, si c'était un reportage, je serais tout à fait d'accord avec Charlotte, mais c'est un faux reportage avec des comédiens qui font semblant d'être des migrants, qui font semblant d'être des polonais, qui font semblant d'être des humanitaires.
Alors, en l'occurrence, la comédienne qui joue l'humanitaire est véritablement engagée dans cette association.
C'est quand même un faux reportage, avec des caméras moteurs, on y va, coupez, etc. Je pense que qui veut trop prouver ne prouve rien. Et je pense que le problème, je comprends très bien la position politique d'Agnès K. Hollande, qui veut dénoncer les violences qui sont faites aux migrants quand ils tentent d'entrer clandestinement dans l'Union Européenne. Je comprends très bien, c'est un débat politique passionnant et je serais ravi que l'on le mène. C'est une question, simplement, elle en fait quoi ? Elle en fait un faux reportage, filmé avec une caméra qui tressaute sans fin. C'est-à-dire que moi j'avais mal au cœur au bout d'un quart d'heure. Et c'est un reportage dans lequel tout est manichéen. C'est-à-dire que vous avez des migrants qui sont des gens formidables, cultivés, sympathiques. On a envie de les inviter à dîner le soir même pour parler de Dali, vous voyez, par exemple. En face de ça, vous avez des Polonais, donc des gardes-frontières polonais, qui sont des sous-d'armes et des sous-d'armes. Mais je veux dire, les SS à côté passeraient presque pour sympas. Enfin, c'est des gens horribles. Ils regardent des films pornos entre deux coups de matraque. Enfin, c'est des gens abjects. Et puis, vous avez des humanitaires qui sont des héros. Formidable, les gens, le cœur sur la main. Donc ils arrivent, on va essayer de vous soigner, on vous cache. Donc voilà. Mais ce que je regrette, c'est que c'est très manichéen. Alors, c'est un tract. Donc un tract, c'est formidable, après tout, pourquoi pas. Mais c'est un tract qui dure 2h30. Alors moi, quand un tract dure 2h30, pour moi, c'est un tract qui rate sa cible.
Marie ?
Moi, je rejoins Charlotte. Je trouve que c'est un film extrêmement puissant. Mais c'est hyper intéressant parce qu'en fait, c'est un débat de cinéma. C'est-à-dire que... Est-ce que le cinéma est là pour fabriquer les images manquantes ? Cette forêt de Bialowidza, qui est une des dernières forêts primaires d'Europe, qui est donc à la frontière de la Pologne et de la Biélorussie, cette zone a été interdite aux journalistes et même aux passants pour pouvoir effectivement immartiriser des réfugiés attirés par un pouvoir extrêmement cynique qui les fait venir juste pour emmerder l'Union Européenne. Et Agnieszka Hollande qui a... Traité de beaucoup de sujets historiques, Lolo d'Aumor, La Shoah, etc., elle se dit on ne pourra pas filmer cette situation, mais moi, avec mes outils de cinéma, je vais le faire Alors effectivement, le film est extrêmement documenté, avec une caméra qui est extrêmement empathique, qui est embarquée comme ça au cœur des choses, sauf qu'elle utilise aussi les outils de la fiction. Et là, pour moi, ça devient extrêmement fort. C'est-à-dire que sur ce thème de l'image manquante, ce qui me bouleverse le plus dans le film, Ce sont les images qui manquent, justement. C'est-à-dire que, changer de point de vue, d'un côté les gardes-frontières, de l'autre les humanitaires, et puis cette famille, ce n'est pas des migrants formidables, c'est une famille hyper attachante, avec des gens qu'on a l'impression de connaître tout de suite. Et en fait, chaque fois qu'on les quitte des yeux dans le film, on se demande ce qu'ils sont en train de dire. Est-ce qu'ils ont encore une valise ? Est-ce qu'ils ont encore un manteau ? Est-ce qu'ils ont faim ? Est-ce qu'ils sont blessés ? les gens qui vivent autour de cette forêt primaire, il y a beaucoup de scientifiques, il y a beaucoup d'intellectuels qui l'étudient, etc., racontent pour de vrai, on a fait un reportage dans Télérama, je vous conseille de le lire, c'est terrifiant, ils racontent pour de vrai que maintenant, quand ils vont se balader dans cette forêt, ils ont peur de tomber sur des corps. Et tout à coup, il n'y aurait pas de... Voilà, c'est des papiers dans des journaux un peu sérieux, c'est une minute au JT, et bien Agnieszka Hollande, 75 piges, elle prend sa caméra, elle va faire un film, on en sort furibard, voilà ce qui arrive quand on vote pour l'extrême droite. Le cinéma ça sert aussi à ça.
On en sort Furibar et on y pleure parfois aussi. Jean-Marc ?
Moi aussi je suis sensible à la force d'interpellation du film. Son côté didactique a une vertu, il y a vraiment une force de renseignement. On a vraiment le sentiment de tout à coup de tout comprendre et aussi de tout vivre parce qu'elle instaure une proximité avec chaque catégorie de personnages, aussi bien les gardes frontières que les réfugiés. Et là-dessus, sur la proximité, le film est assez fort. Moi je ne suis plus partagé sur sa mise en scène. Je trouve que par moments elle réussit des choses extrêmement fortes et souvent quand tu l'utilises... Des métonymies, quand elle essaie de ramasser en un seul plan une situation. Je trouve par exemple, il y a un plan que je trouve magnifique, où une maman va avec la main prendre la branche d'un sapin pour que de l'eau coule et qu'elle nourrisse, mais seulement de quelques gouttes, son enfant qui a soif. Il y a aussi un garde-frontière qui, à un moment donné, derrière des cartons, aperçoit le visage d'un réfugié, mais choisit de ne rien dire. Et ce plan comme ça, ce fragment de visage qui apparaît derrière les caisses... C'est d'une puissance figurative très impressionnante. Il y a un plan génial aussi où tout à coup, on entend une force de jacassement. Et puis un personnage regarde le ciel et on voit des oiseaux migrateurs. Et tout à coup, entre les personnages de migrants et les oiseaux migrateurs, ça dure une seconde, c'est fulgurant, mais c'est d'une puissance poétique incroyable entre les migrations empêchées et les migrations qui se font naturellement. Donc il y a plein d'images très très puissantes. Mais il y a aussi quand même des moments où je trouve qu'elles dilatent trop les scènes qui sont insoutenables de douleur. Il y a quand même le danger. d'être dans une complaisance de l'exhibition de la souffrance qui, à mon avis, affaiblit par moments le film.
Le film suivant se déroule entre la Jamaïque et Londres, puisqu'il s'agit de Bob Marley One Love, biopic hollywoodien, signé Redaldo Marcus Green. Ce film aussi développe une période précise de la vie de Bob Marley, les années 76-78, pendant lesquelles il est victime d'un attentat en Jamaïque, avant de s'exiler à Londres, et ce sont aussi les années où il devient... une star mondiale. Deux concerts mythiques encadrent ce biopic, de moments où Marley tente de réconcilier les clans qui plongent la Jamaïque dans la violence. Il me semble important de préciser que ce long métrage est produit avec la famille Marley. C'est son fils aîné, Ziggy Marley, qui assure la promo. D'ailleurs, on n'entend que son prénom prononcé dans le film, alors que Bob Marley en a eu beaucoup, des enfants. Et le scénario célèbre Rita, sa mère, en suivant l'adage, derrière chaque grand homme, il y a une femme. Cela dit... dans le cas de Marley, il y a eu beaucoup de femmes, dont Cindy Braxpear, qui fut sa passion amoureuse, et qui est totalement invisibilisée dans ce film.
T'exagères, il y a bien 22 secondes !
Voilà, c'est ça ! Jean-Marc ?
Oui, effectivement, le problème, comme tu l'as insinué, c'est que c'est vraiment une agéographie, et qu'il y a beaucoup d'aspects complexes, problématiques, même du personnage de Marley, qui sont totalement évacués par le film. Et cette agéographie est problématique à deux niveaux, à la fois parce que ça angélise le personnage et ça le rend du coup assez peu intéressant, assez peu attachant. Et formellement, ça produit aussi une imagerie très très lisse, une imagerie d'épinal, c'est une succession d'images pieuses qui fait que le film est vraiment assez peu captivant. Moi, je trouve qu'il y a une idée qui est vraiment assez belle, c'est qu'il y a deux bornes dans le film. C'est l'attentat raté dont il échappe miraculeusement et ça se termine avec l'annonce qu'il a un mélanome. et que probablement il va mourir. Et donc ces deux bandes qui sont une mort évitée de justesse, et une mort qui tout à coup va être inéluctable, ça donne en côté au film une force de présage, enfin quelque chose qui aurait pu être beau, mais qui est assez peu traité par la mise en scène, qui est juste une belle idée de scénario. Et je pense que le problème essentiel du film, c'est l'acteur, qui est vraiment... Qui est à la fois trop mignon et pas assez beau, comme Bob Marley pouvait être beau sans être mignon. C'est-à-dire que chez Bob Marley, il y avait un charisme,
une puissance,
et quelque chose... légèrement inquiétant. Enfin, il n'était pas aussi lisse que ce garçon qui est vraiment un mannequin et qui à aucun moment n'a la force charismatique de Bob Marley.
Et qui parfois, quand il doit jouer des scènes de concert, donne l'impression de bouger un peu comme une poupée mécanique. Charlotte ?
Oui, alors moi je serais pas aussi sévère sur Kingsley Benadir parce que parce qu'il est très agréable à regarder. Il fait à peu près deux fois la taille de Bob Marley mais bon, on n'est plus à sa presse, pas très grave. Alors moi je mets au crédit du film quand même alors je connaissais assez peu la vie de Bob Marley, je le confesse et j'avais complètement oublié ce contexte quand même politique et social de la Jamaïque dans les années 70 alors c'est même pas quand même un attentat c'est une tentative d'assassinat puisque des hommes sont rentrés chez lui et ont canardé à tout va faisant 4 blessés graves et miraculeusement aucun mort et ça moi je ne le savais pas du tout et en effet c'est quand même une sorte d'acte fondateur et qui fait qu'il n'aura de cesse après de prôner un message de paix et d'unité pour unifier son peuple qui est au bord de la guerre civile avec des élections à venir. Et donc ce contexte politique, je trouve, est assez bien rendu et me l'a rendu intéressant. Après, en effet, le fait que ce soit Rita Marley et Ziggy un peu aux commandes du projet, c'est la force et la faiblesse du film. La force, c'est qu'il y a un peu des témoignages, on va dire, de l'intérieur, une certaine intimité, certainement un peu authentique. Mais la faiblesse, en effet, c'est que les onze enfants, ils n'existent pas. Les sept autres femmes, ils n'existent pas. Et que c'est au-delà de la géographie. C'est-à-dire que c'est carrément presque messianique. Il y a des plans, des scènes où il est mis en scène comme... le fils de Dieu, quoi, de Zion, qui est là, sur scène. Moi, je trouve que quand même, les scènes de concert sont plutôt pas mal, et j'avoue que j'aime pas trop le reggae, mais là, le temps du film,
ça passe.
J'étais peace and love.
La force du film, c'est précisément la musique de Bob Marley, et c'est quand même très étrange d'entendre la voix de Bob Marley, parce qu'on l'entend chanter, c'est sa piste vocale. Ouais,
mais tu fermes les yeux !
Ah oui, d'accord. Allez au cinéma pour fermer les yeux, en fait. Mais toi, ça t'a plu, Christophe ?
Oui, mais moi j'ai trouvé que ce film était... Moi ça m'a surpris parce que je ne suis pas un fan de reggae, ça me donne mal au cœur, donc je regarde le reggae de temps en temps. Mais là, j'avoue que j'ai trouvé ce film absolument ahurissant quand je l'ai vu, parce qu'en fait je me suis dit tiens, c'est le contraire absolu de Priscilla. Alors Priscilla, c'est Priscilla Presley qui dénonçait l'emprise du King, et là c'est Rita Marley qui dit il était génial, Bob était extraordinaire, mais du coup, j'ai découvert quelque chose que je ne connaissais pas ou très peu, c'est la religion rastafarienne. Et c'est un... clip de propagande pour la religion rastafarienne, c'est-à-dire que Kingsley Benadir, qui est un vrai prêcheur exalté, il cite la Bible toutes les deux secondes, même dans les scènes où il ne chante pas. Et je dois dire que j'ai trouvé qu'il y avait une espèce de ferveur mystique qui m'a totalement surpris. pris, et pour moi, le régué, c'était de la...
T'as pas trouvé que le rastafarisme était réglé en deux-deux sur une place ?
Non, au contraire, ça ne finit pas !
Il parle jusqu'à sa mort,
il parle de la Bible, il cite des passages, il cite l'Apocalypse, c'est rempli de références, c'est incroyable ! Il passe son temps à prêcher ! Elle en fait, peut-être que c'est sûrement pas la vérité de Bob Marley, mais elle en fait une espèce de prêcheur de Messie ! Et ça, j'ai trouvé ça, personnellement, assez étonnant. Je ne serais peut-être pas allé le voir si vous ne m'aviez pas dit d'y aller, mais oui, c'est quand même... Assez intéressant.
Et toi, Marie ?
Moi, je regrette beaucoup. Il n'y a pas la scène où il marche sur l'eau. Je ne comprends pas. C'est pour les bonus DVD, je ne sais pas.
C'est dans le mécanisme.
C'est absolument nul. C'est vraiment un des pires biopics que j'ai vus ces dernières années. Mais pour une simple raison, vous l'avez tous dit, c'est effectivement un truc piloté par la famille. C'est à la fois académique, monstrueusement mal foutu. On ne comprend rien. On ne comprend rien à la situation politique en Jamaïque. Il y a des cartons, heureusement. Mais non, mais personne... Personnage autour de lui n'existe Qui sont les Wailers, qui sont ces musiciens Et je me dis, en fait les biopiques Il faut aller les voir quand c'est pas la famille qui parle Et quand les gens n'ont rien à vendre Ils avaient qu'à, je sais pas, faire un documentaire Avec leurs archives familiales,
ça aurait sûrement été plus intéressant Et d'ailleurs il y en a un que je recommande Qui s'intitule Marley de Kevin Macdonald Qui est absolument remarquable On termine donc ce masque avec un film Qui réunit Christian Clavier Didier Bourdon, Sylvie Testu Marianne Denis-Court, c'est Cocorico de Julien Hervé. Jusqu'ici, Julien Hervé était plus connu comme auteur pour les guignols de l'info et surtout comme co-scénariste de la saga des Tuches ou du dernier bolet d'Astérix réalisé par Guillaume Canet. Dans Cocorico, des futurs mariés décident de réunir leur famille pour leur annoncer la noce à venir et aussi pour leur révéler les résultats des tests ADN. Ainsi, chacun pourra découvrir ses origines. Quand soudain, c'est le drame. On ne choisit pas pas ses ancêtres. C'est le sous-titre du film. Beaucoup a été dit sur le duo Clavier-Bourdon réuni à l'écran pour la toute première fois. Et Cocorico est le film qui connaît le meilleur démarrage et de loin depuis le début de l'année avec déjà 500 000 spectateurs en 10 jours. Charlotte ?
C'est pas sympa que ça tombe sur moi pour commencer. Non, bon, qu'est-ce que vous voulez qu'on dise ? Alors, non mais, bon... Bon, Christian Clavier et Didier Bourdon n'avaient jamais tourné ensemble, voilà c'est fait, fallait-il le faire ? Non, en tout cas pas là-dedans, c'est-à-dire qu'en fait tout est tellement attendu, c'est du mauvais théâtre filmé, c'est un film qui n'a aucun mouvement, aucun élan, on se demande même pourquoi ils n'ont pas assumé le huis clos jusqu'au bout ça aurait pu être un ping-pong verbal avec ses quatre parents et les enfants au milieu, des espèces de petites excursions dehors, et puis alors... Tout d'un coup, vous savez, on nous fait, en télévision, on appelle ça les plans à la Dallas. C'est-à-dire quand vous avez tout d'un coup un plan à la Dallas, c'est quand vous avez une scène d'intérieur entre deux bureaux, puis tout d'un coup, on vous met un plan de South Fork pour vous dire qu'on revient dans South Fork. Là, il y a un petit plan dehors et puis, paf, le château, on revient au château.
Je précise que ça ne se passe pas à South Fork. Voilà, comme son titre l'indique.
Non, alors j'étais tellement quand même un peu atterrée que j'ai fait un petit jeu. J'ai... Je vais vous lire le titre, ça aurait pu s'appeler ADN en délire Avec le synopsis suivant, Christian Clavier incarne François, un homme qui mène une vie tranquille jusqu'à ce qu'il reçoive un test ADN. Quand il reçoit les résultats de son test, à sa grande surprise, il découvre qu'il a des origines exotiques et lointaines, ce qui le plonge dans une confusion totale. La nouvelle se répand rapidement et François devient la cible de toutes sortes de quiproquos et de situations comiques. J'ai juste rentré dans ChatGPT Comédie avec Christian Clavier et un test ADN. Et ça a donné ça ? Et ça a donné ça.
Merci de me passer la parole. Il y a toujours eu deux types de comédies. Il y a les comédies, on pourrait dire, moi j'ai eu la chance dans mon jeune âge de jouer dans des comédies de qualité, écrites par Jean-Loup Dabadie, des choses comme ça. Je ne m'y ai pas mis, Robert. On pourrait dire l'héritage, ça serait d'un cachet tolé d'anneaux, qui font des comédies comme ça, avec du contenu, du sens, de l'émotion. Et puis des comédies bas de gamme, il y en a toujours eu. Aujourd'hui, pour moi, Cocorico incarne ce type de comédies un peu bas de gamme. Pourquoi ? Parce que d'abord, effectivement, au niveau de l'intrigue, il y a quatre enveloppes, on attend qu'ils les ouvrent. Donc enveloppe numéro un, enveloppe numéro deux. Puis après, on se dit, il y a encore deux enveloppes, donc on attend. Il y a un moment où ils vont ouvrir les quatre enveloppes, c'est une évidence. Et surtout, c'est là où ce n'est pas justement une comédie de qualité, c'est frileux. C'est-à-dire que quand, je vais quand même un tout petit peu spoiler au moins Didier Bourdon, quand Didier Bourdon ouvre son enveloppe, alors vous voyez, on aurait pu, ça parle des origines. Alors, on a parlé de Green Border tout à l'heure. Des origines, il y en a beaucoup sur Terre aujourd'hui. Mais Didier Bourdon, il est allemand. Alors, il fait Ah, mon Dieu, c'est trop affreux ! Je suis d'origine allemande, c'est trop affreux, je vais me suicider ! Vous voyez, tout est comme ça. Il y a Marianne de Nicourt qui découvre qu'elle a 10% de sang portugais. Ah non, je vais faire un infarctus, je suis portugaise ! Enfin, vous voyez, on est toujours dans une espèce de... Il passe à côté d'un sujet, en fait, pour en faire quelque chose de mièvre et de légèrement poujadiste.
Mais il ne passe pas tellement à côté d'un sujet, je pense que c'est vraiment le... cœur du problème, c'est qu'ils ont voulu traiter un sujet, un sujet qui serait un article de journal. Il y a une mode, les gens font des tests ADN, qui sont complètement bidons par ailleurs. Tous les généticiens disent que ça ne repose sur aucune validité scientifique, mais voilà. Avec votre test ADN, on est capable de, en gros, statistiquement, vous classer dans un ensemble de populations. Donc on va dire, vos ancêtres viennent plutôt de, je ne sais pas, Scandinavie, etc. Et il s'est dit, ça suffit pour faire un film. Ben non ! Ben non,
en fait. Ça dépend des origines.
Mais ce qui est intéressant, c'est que, évidemment, ça peut provoquer une crise existentielle, mais ne peuvent vivre une crise existentielle, je dis beaucoup de the que des personnages qui existeraient. Or, cela n'existe pas du tout, évidemment. Et c'est d'autant plus dommage que la question de la francité, la question de l'identité, elle est assez intéressante. Et là, en fait, plus qu'un film sur les origines, la francité, l'ADN, c'est un voyage dans le temps. temps, c'est-à-dire que ce sont des noms de personnages dans une non-époque qui serait les années 50 où on dit encore les Bosch, Schnell, vive les Mercedes. C'est dément de proposer de la daube pareille aux gens, mais comme c'est mécanique, comme ça débarque sur des centaines d'écrans avec deux pros du rire qui ont un ADN vraiment intéressant. On a ri avec le Splendide, on a ri avec les Inconnus. Moi, j'aime bien l'idée d'hybrider leurs univers et de rire avec ces gars-là qui ont tant de métiers. C'est une honte de proposer ça au public.
Oui, moi aussi je trouve que c'est une honte. Le film coûte 10 millions. On se demande où ils sont. On ne le coûte pas en salon. On pense que les deux acteurs principaux ont absorbé la moitié du budget. Moi, ce qui me rend vraiment fou dans le film, c'est que c'est un film sur le racisme, mais qui invisibilise absolument les personnes qui sont victimes du racisme. C'est-à-dire que cette espèce d'entourloupe de l'ADN permet de faire circuler des blagues racistes extrêmement pénibles. mais que sur des personnages qui sont tous blancs, en évacuant absolument une question aussi tendue que celle de l'immigration en France aujourd'hui. Donc le film est vraiment aberrant, à la fois très frileux, très pleutre, comme le disait Christophe, et en même temps un peu dégueulasse.
On n'a pas aimé, quoi.
Alors là, sur mon conducteur, je lis, virgule. Ça veut dire que c'est l'heure de vos coups de cœur, films, podcasts, livres, etc. Jean-Marc, c'est à toi.
Alors, mon coup de cœur, c'est un film qui s'appelle Sans jamais nous connaître de Andrew Haig. C'est un grand film d'amour, un grand film de fantôme, un grand film sur le deuil, et aussi un grand film sur le coming out, puisque c'est l'histoire d'un homme gay dont les parents sont morts lorsqu'il avait 8 ans, qui n'a jamais pu faire son coming out. Et ses mots ravalés vont totalement déterminer sa vie amoureuse. C'est un film absolument déchirant, avec en plus Frankie Ghost Hollywood et Pet Shop Boys. Deux chansons géniales qui sont utilisées génialement dans le film.
C'est validé. On redonne le titre ?
Sans jamais nous connaître.
Marie.
Alors c'est un film qui s'appelle 20 000 espèces d'abeilles et comme je suis dingue, j'ai évidemment choisi un film basque-espagnol dont je vais avoir du mal à prononcer le nom de la réalisatrice, à qui je présente d'avance mes excuses. Estibalise, Urezola, Sous la Gourenne. Alors c'est un film de vacances, on suit une famille, la mère, les enfants. On retrouve la grand-mère qui est un peu une grenouille de bénitier, la grand-tante qui est apicultrice. Et puis au centre, il y a une petite fille extraordinaire qui s'appelle Coco. Elle a de naissance un autre prénom et elle a un autre prénom qu'elle va choisir et on va comprendre pourquoi. C'est un... Non-drame, c'est la manière la plus intelligente que j'ai vu depuis longtemps de traiter la transidentité. 20 000 espèces d'abeilles avec une petite fille qui s'appelle Sophia Otero qui a eu un ours d'argent à Berlin. Destibalise, Oresola, Solagouren.
Bravo Marie ! Yes ! Charlotte !
Alors moi c'est plus facile à prononcer, Jean-Jacques Hannault, avec la ressortie en salle mercredi prochain du Nom de la Rose de 86 et qui ressort, figurez-vous, en version restaurée 4K. Et ce n'est pas qu'un petit détail, puisque le film était invisible depuis de nombreuses années pour des obscures questions de droit. Je ne vais pas vous faire l'affront de vous rappeler le cœur de ce film qui reste quand même peut-être l'étalon du polar en robe de bure. C'est un thriller religieux qui, 37 ans après, est toujours d'actualité dans le sens où c'est vraiment un plaidoyer sur la culture et la connaissance face à l'obscurantisme. Et donc, le revoir sur grand écran avec... le flègue, mais le sourcil dressé de pleine poignerie. Voilà, je vous le conseille sur grand écran, ça en jette.
Christophe ? Alors moi,
je prends la suite de Bertrand Bonello, puisqu'après Léa Seydoux, je vais vous parler de Nicolas Seydoux. Nicolas Seydoux qui vient de sortir un livre qui s'appelle Le cinéma, 50 ans de passion, 600 pages. Alors, Nicolas Seydoux, c'est le grand-oncle de Léa Seydoux. Et dans le livre, il y a beaucoup de portraits de cinéastes, dont un très beau portrait de Jean-Luc Godard, et il révèle toute une correspondance. qu'il a mené avec Godard tout au fil des années, donc en révélant un grand nombre de lettres inédites et c'est très émouvant.
Et je ferme le banc avec Hitchcock s'est trompé, fenêtre sur cours, contre-enquête, c'est signé Pierre Bayard. Alors Pierre Bayard il est professeur de littérature, il est psychanalyste aussi et il est l'auteur de livres indispensables comme Comment parler des livres qu'on n'a pas lus. Et dans celui-ci donc Bayard affirme que Hitchcock s'est trompé de coupable dans Fenêtre sur cours. Il s'est laissé balader par ses personnages alors que lui Bayard... Pierre va enfin nous révéler la vérité. Donc il reprend le dossier à zéro avec l'étude minutieuse des lieux du crime, les plans du film, la psyché des personnages. C'est à la fois très drôle et très urudit parce que Bayard convoque une histoire de la critique de Fenêtres sur cours. Et finalement, il remet au centre celui qui a le pouvoir dans une salle de cinéma. Ce n'est pas le cinéaste, ce ne sont pas les acteurs, mais c'est nous. les spectateurs. Donc Hitchcock s'est trompé, fenêtre sur cours, contre-enquête de Pierre Bayard, c'est édité par les éditions de minuit. Charlotte, Marie, Christophe, Jean-Marc, merci d'être venus à la tribune aujourd'hui. Je précise que l'émission spéciale dédiée à la remise du prix des auditorices du masque sera enregistrée le jeudi 22 février à 19h, je le redis, jeudi 22 février à 19h toujours au Théâtre de l'Alliance. Pour y assister, découvrir en avant-première les lauréats de Prestige et leur poser des questions, il suffit de vous inscrire sur le site maison-de-la-radio-et-de-la-musique.fr. Merci à Audrey Ripu qui a réalisé cette émission, et c'était avec Jérémy Kaufmann, Charles Bouticourt et Cédric Châtelus aujourd'hui. Merci à Iniken et Goulesco. pour la préparation au cordeau de cette émission avec l'aide précieuse de Célestine Babinet. La semaine prochaine, il sera question de l'actualité littéraire. Alors, à dimanche sur France Inter, évidemment.
Description
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Transcription
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Cher Masque, fidèle auditeur depuis des années, je n'ai jamais cédé à la tentation de vous écrire, d'autres le faisant avec humour et talent. Mais l'intervention de Xavier Leherper sur la zone d'intérêt m'a fait craquer. Beaucoup du courrier, vraiment très abondant, reçu cette semaine, commence de cette façon et je regrette d'autant plus que Xavier ne soit pas là pour y répondre. Vous êtes donc nombreux à vous indigner des adjectifs dangereux et révisionnistes accolés au film de Jonathan Glazer, qui, je le rappelle, nous fait entrer dans le quotidien de la famille Euss, installée juste à côté du camp d'Auschwitz. Si je résume la tonalité de la centaine de mails reçus, vous insistez sur le caractère remarquablement explicite du film et le mot que vous employez, le plus pour le qualifier, c'est immense Cela dit... Roger Calmel de Saint-Max, en Meurthe-et-Moselle, salue l'intervention de Xavier. Selon lui, les images manquantes du film peuvent faire le jeu des révisionnistes. Quelques courriers rejoignent l'avis d'Antoine, d'Ivry-sur-Seine, comme il est bref, je vous le livre en entier. Je vous écris comme on va à Confesse. Pendant les 1h45 de la zone d'intérêt, je me suis copieusement emmerdée. C'est mal, je sais. En tout cas, 15 jours après sa sortie, la zone d'intérêt de Jonathan Glazer... continuent de figurer parmi les cinq films qui réunissent le plus grand nombre de spectateurs en salle. Concernant May December de Todd Haynes, la plupart d'entre vous reviendront pas sur les actrices, Tuneanne Moore et Nathalie Portman, mais sur la musique du film. Patrick Dumas nous dit que ça lui fait penser au générique d'Affaires Sensibles sur France Inter. Mais Lorraine Billot corrige, Todd Haynes a repris la partition de Michel Legrand pour Le Messager de Joseph Losey. Le problème, je la cite, C'est que c'est devenu le générique de Faites entrer l'accusé Pas d'affaires sensibles. Penser à Christophe Ondelat dans une salle de ciné, c'est fâcheux, nous dit-elle. Pierre Cusor, qui nous écrit toutes les semaines, ne comprend pas le sens du titre May December mais conclut J'ai effectivement eu la sensation de passer sept mois enfermé dans une salle En revanche, il a beaucoup aimé Le dernier des Juifs premier film de Noé Debré. Stéphanie Roche écrit à son sujet, avec quatre F. Suivi de trois points de suspension, vous êtes d'imprévisibles au masque sur ce film. Et Philippe Gauthier de renchérir, j'étais sûre que vous alliez aimer, et voilà, ça n'a pas raté. C'est pourtant un tout petit pas grand chose. Laurent Mignot du Pré-Saint-Gervais me dit avoir été dans le public du Théâtre de l'Alliance, je ne sais pas s'il est là ce soir, en tout cas il l'était le jour où nous avons parlé du dernier des Juifs. Il me reproche de ne pas être intervenu contre l'unanimité et ajoute Ce film fera probablement plus sourire dans le sixième arrondissement que dans les cités où la triste réalité ne trouve malheureusement pas d'écho au cinéma. Alors cher Laurent, bien que ne vivant pas dans le sixième, j'ai beaucoup aimé Le Dernier des Juifs et surtout n'hésitez pas à vous saisir du micro la prochaine fois que nous aurons le plaisir de vous accueillir. Enfin, vous êtes nombreux à vous réjouir de l'arrivée de Christophe Boursayet à cette tribune, tandis que Stéphanie Roche suscitait mes cris pour la voix. Auriez-vous des liens de parenté avec Macha Béranger ? Avec 4 F suivi de 3 points de suspension. J'ouvre cette émission avec Daha Ali. J'espère avoir bien prononcé les 6 A du titre qui nous poussent à parler comme Salvador. C'est donc le nouveau film de Quentin Dupieux, 6 mois seulement après le succès de Yannick. Avec Daha Ali, Dupieux vit d'ailleurs son meilleur démarrage en salle. Pas moins d'une demi-douzaine de comédiens interprètent Salvador Dali, soit 6 versions possibles. Du peintre catalan par entre autres Gilles Lelouch, Edouard Baer, Jonathan Cohen ou Pio Marmaille, Anaïs Demoustier, elle, joue une pharmacienne reconvertie en journaliste qui rêve de réaliser un documentaire sur Dali et ça n'est pas de la tarte. Cette folle entreprise est notamment hantée par le cinéma de Louis Bunuel. C'est la première fois que Quentin Dupieux consacre un film à un personnage réel, en l'occurrence l'un des premiers artistes stars, mais ça n'a rien à voir avec un biopic. Christophe, c'est toi qui ouvre le bal.
Merci. Si vous voulez, quand on dit qu'un carnet dans les années 2000, une sorte de renouvellement générationnel, on est dans les années 2020, donc évidemment c'est moins le renouvellement. C'est un peu le mélange de l'esprit Yann Barthez et Canal+, de la grande époque, côté Simpson. petit mélange Jacques Tati, Simpson, enfin tout ça. Et puis là, avec ce film-là, c'est pas mal, c'est assez agréable. J'avoue que j'ai dormi que dix secondes, ce qui est peu. Et vraiment, j'ai eu un petit flop de fatigue, mais très court, parce que dans l'ensemble, c'est quand même assez amusant. Simplement de Dali...
Sinon, en moyenne, tu dors combien de temps pendant les films ?
Ça dépend des films. Il y a des films où je ne dors pas du tout. Et d'autres, par contre, c'est un cauchemar. Mais ça, c'est normal, c'est le cinéma. Heureusement qu'on est dans les salles. Oui, alors, de Dali, le problème, je dirais, c'est peut-être un problème pour moi, c'est comme ça que j'ai ressenti ça, c'est qu'étant donné qu'il a cette culture Simpson, de Dali, il n'a retenu que le chocolat à l'envin. C'est-à-dire que de Dali, il a retenu que le personnage est Dali, je m'appelle Dali. Alors, il dit qu'il rend un hommage à Louise Bunuel, mais enfin, il n'y a aucune espèce de... très très lointaine, très très vague référence. Et je pourrais comparer, si tu veux, ce qui me frappe, c'est la différence qu'il peut y avoir entre lui, par exemple, quand il manie comme ça les avant-gardes, en se réclamant d'une certaine façon d'une forme de surréalisme, mais il réduit le surréalisme à l'absurde, c'est le cinéma de l'absurde, alors que le surréalisme c'est un peu plus compliqué que ça, heureusement. Là, on sent un type qui dit Ah, Dali, il est marrant, et on va faire un film sur Dali parce qu'il est marrant, c'est un drôle de personnage et qu'il s'en amuse ! Et donc, c'est un jeu, mais enfin, c'est un jeu qui m'a moyennement séduit.
Charlotte ? Je suis d'accord avec une seule chose avec Christophe, c'est que c'est un jeu, en effet, mais c'est un film ludique. C'est-à-dire que je trouve que Quentin Dupieux, qui a un talent monstre... Alors, je suis un peu en colère avec lui, parce que je trouve qu'il est aussi talentueux que Flemmard, et que parfois, il pourrait travailler un peu plus sa matière, en l'occurrence ses scénarios. Mais sur la forme, il triture la matière du cinéma, comme aurait pu le faire Dali, c'est-à-dire que... Il nous propose un film qui est en forme de charade ou de rébus, de jeu de loi, de choses à tiroir. La façon qu'il a, je trouve, par des effets de montage, de travailler le temps, l'espace. Par exemple, la première apparition d'Edouard Baird dans un couloir, il marche dans un couloir et ça n'en finit jamais. Plus il s'approche de ses interlocutrices, plus il s'en éloigne. C'est assez génial. Donc je trouve qu'il y a plein d'idées comme ça formelles absolument formidables. C'est vrai que... tout le marketing du film a été fait sur les cinq comédiens qui incarnent Dali et qui, à mon sens,
c'est le meilleur.
Le meilleur, c'est Edouard Baird. Jonathan Cohen est très drôle aussi. Les autres sont quand même très nettement en deçà. Et du coup, pour moi, il y a une petite frustration. C'est que d'une scène à l'autre, je me dis, quand est-ce que revient Edouard ? Parce que les autres sont quand même plus mineurs, on va dire. Néanmoins, moi qui trouve toujours que Quentin Dupieux a des points de départ formidables mais qui n'arrivent jamais à les développer suffisamment pour des longs métrages, là, c'est la première fois où je trouve l'objet tout... totalement cohérent dans son incohérence. Et ça m'a assez réjouie.
Marie, toi aussi, ça t'a réjouie ?
Ça m'a follement amusée. Et peut-être un peu plus que ça, parce qu'en fait, ce que j'aime avec les films de Dupieux, c'est que je les ramène chez moi. Et puis que, voilà, c'est un film sur la rêverie, enfin sur le rêve. Et moi, ça provoque plein de rêveries. C'est-à-dire que j'adore l'idée qu'ils fassent des films très courts qui ne finissent jamais, par exemple. C'est-à-dire que... Personne n'en chasse, c'est terrible comme phrase, mais personne n'en chasse comme Dupieux. Et le fait qu'il ait un récit dans un récit dans un récit, ça m'amuse follement, mais ça provoque aussi toujours une curiosité chez moi. D'abord, je le cherche lui. Il est où Dupieux ? Dupieux, là, j'avais l'impression que c'était Anaïs Demoustier, c'est-à-dire quelqu'un qui ne s'y prend pas hyper bien, qui cherche à avoir la plus grosse caméra du monde pour aller filmer ses stars. Et en même temps, il est partout dans... Voilà, le goût des objets, le piano Fontaine, les vieux écrans de télé, etc. Moi, je m'amuse beaucoup toujours de la direction artistique chez Dupieux. Et puis, il y a dans ses derniers films, souvent quelque chose qui me touche. Et là, c'est un Dali qui est joué par Didier Sandre, que Jonathan Cohen regarde à travers une vitre. C'est un jeune homme face à un vieil homme et il a une simple phrase. Il dit Est-ce que c'est moi, ce vieux monsieur ? Et on va vivre la même scène, mais de l'autre côté de la vitre, un peu plus tard. avec un vieux monsieur qui se demande mais j'ai quel âge ? Et moi, voilà, on n'apprend pas grand-chose de Dali. C'est presque ce que je préfère dans le film, c'est que ce ne soit pas du tout un biopic, et qu'on ait comme ça une idée de Dali, cette scène du couloir interminable, elle est géniale. Comment donner une idée, une sensation des montres molles ? en filmant un couloir pendant un quart d'heure, c'est follement drôle.
Mais cette idée du temps qui passe et du vieillissement, elle revient de film en film d'ailleurs. Et puis Dali quand même, on se dit en voyant le film qu'il a inspiré énormément de rockstars avec ses caprices. C'est aussi ça. Amandalir. Amandalir, la bien-aimée Amandalir. Jean-Marc ?
Ah oui, c'est absolument un film sur le temps qui passe et même, je dirais plus, sur la peur de la mort. C'est ce qui me touche profondément dans le film, c'est-à-dire qu'à la fois, Quentin Dupieux, il invente une espèce de bulle de temps où tout se rejoue en se répétant. Il vient vraiment de la musique électronique minimaliste. Avec des boucles. Donc c'est vraiment quelqu'un qui fait des boucles. Et là, effectivement, ça tourne en rond, sauf qu'il y a cette apparition d'un Dalivieux. Et avec lui, tout à coup, il y a du temps qui s'écoule. Et je pense que ce qu'il cherche dans Dalivieux, c'est une sorte d'autoportrait d'artiste en contrôle fric. Je pense que vraiment, Dupieux, qui fait absolument tout dans ses films, c'est un artiste qui est... travaillé par le contrôle et il y a quelque chose qui est incontrôlable, c'est effectivement cette entropie, cet écoulement du temps. Et le film est extrêmement séduisant, extrêmement drôle, extrêmement gracieux, mais il est aussi travaillé par quelque chose de plus sourd, de plus profond, qui est cette angoisse de mort qui lui donne quelque chose de profondément touchant, au-delà de sa légèreté et de ce qu'il a de très séduisant et très charmant.
Un spectateur ou une spectatrice pour parler de Dali au Théâtre de l'Alliance ?
Le temps que le micro arrive, j'en profite, c'est Marie avec l'émotion à confondu de Didier, c'est Didier Flamand. Oui,
c'est Didier Flamand, pas Didier Flamand.
Je vous le prie, je suis pas sûre que... Oh ben voilà, je vais mourir.
Non mais ça n'a aucune importance.
Je vais mourir mais ralenti dans un film de Quentin Dupieux en tombant d'un toit.
Une participation de votre part dans le public, monsieur ? Oui,
moi j'ai beaucoup aimé parce que je ne pouvais pas m'empêcher de penser, surtout avec le... Le rêve du religieux qui revient sans arrêt différemment à Louise Bunuel. C'est pour moi un super hommage à Louise Bunuel. Et j'ai beaucoup rigolé, évidemment, mais les décalages des films précédents de Comte du Pieux étaient presque dérisoires à côté de celui-ci. C'est que du décalage, c'est qu'on peut le voir 36 façons différentes.
Et on est surpris,
mais je ne sais pas quoi dire d'autre, tellement je suis encore les images qui défilent devant mes yeux quand j'en parle.
On passe maintenant à la bête de Bertrand Bonello, un film d'anticipation puisque nous sommes en 2044 et dans ce futur proche, les émotions n'ont pas leur place. Elles représentent même une menace, tandis que l'intelligence artificielle, elle, est efficace. Pour se nettoyer de toutes ces émotions et de leurs traces, Gabriel, l'éas et doux à l'écran, doit replonger dans ses vies antérieures. On retrouve donc la femme qu'elle fut à Paris en 1910, la femme qu'elle fut à Los Angeles en 2014, et la femme qu'elle est en 2044. A chaque fois, elle vit différemment ses sentiments pour Louis, interprété par le britannique George McKay. C'est donc une variation autour du sentiment amoureux et de ce qu'il devient à travers le temps. Et en ce 18 février 2024, la bête t'a fait quel effet, Marie ?
Je l'ai trouvée belle et froide. J'ai eu une petite bagarre avec ce film, parce que je suis contente de retrouver un peu plus de temps. Bertrand Bonello dans une grande forme et puis en même temps, tout ce que j'aime chez lui, c'est-à-dire là vraiment déployer le grand architecte, le maître de l'espace-temps. Il adapte Henry James, mais en même temps, il inverse, il le transpose. Et c'est presque un documentaire en même temps sur les AC double, parce que le film commence, elle est sur un fond vert, elle joue une actrice en 2014, et elle joue une séquence terrifiante, sans accessoires, sans partenaire. Et là aussi, il va y avoir un système de boucle, c'est-à-dire que cette scène va être amenée à se répéter. J'ai trouvé ça à la fois magnifiquement tressé, c'est-à-dire que... Les entrelacs temporels sont vraiment superbes. On ferme les yeux dans une époque, on se réveille dans une autre. On entend un claque dans une époque, on se réveille encore dans une autre. Ça, ça marche merveilleusement. Mais j'ai trouvé le film, ce labyrinthe, extrêmement théorique aussi. Et comme il avait à cœur, je crois, il a beaucoup dit en interview, de réaliser un grand mélodrame sentimental. Et bien, j'attendais, moi, beaucoup de sentiments. Et j'ai comme un écran qui m'entend. empêche d'accéder vraiment à l'émotion. Or, j'ai eu...
T'as pas eu peur sur la fin ?
J'allais dire que j'allais dire d'émotion amoureuse, parce que c'est censé être une grande histoire d'amour, et que je trouve qu'il ne se produit pas énormément de choses entre Léa Seydoux et Georges Maquet, mon grand regret. Et je trouve aussi que le film est malgré tout hyper chargé de signes, d'oiseaux, de pop-up, d'ordinateurs.
acteurs,
de cartes anciennes, etc. Et finalement, presque, j'aurais voulu voir trois films individuels plutôt que ce mélange-là.
Je reviens sur ce que tu dis sur le côté documentaire, sur la maîtrise de l'art de Léa Seydoux. Il y a une scène quand même où son amoureux, en 1910, ils sont attablés et il lui demande de lui montrer ce que c'est que le visage d'une poupée. Et elle se transforme à vue. Et elle devient une poupée. Et je me suis dit, il a fait le film pour cette scène. C'est extraordinaire.
C'est un plan magnifique. Le sujet du film, c'est comment le cinéma fabrique des émotions. Tout le sujet du film, c'est les émotions. Est-ce que les émotions nous enfreignent ? Ou est-ce qu'au contraire, elles nous portent ? Et le cinéma, comme fabrique d'émotions, qui en simulant les émotions, les fait advenir. Le film est effectivement très théorique, mais je le trouve assez bouleversant là-dessus. Moi, le film m'impressionne beaucoup parce qu'il a une telle ambition, je dirais une double ambition. Il a à la fois une ambition très forte de production. C'est-à-dire que c'est un film opulent, un film qui veut être... spectaculaire, romanesque, et en même temps une ambition expérimentale. C'est un film extrêmement audacieux, extrêmement innovant, et joindre ces deux-là, souvent l'ambition expérimentale, elle freine l'ambition de production, et vouloir faire un spectacle aussi total, mélanger dix films un an, faire à la fois un film de SF, un thriller mental à la Lynch, il y a des scènes qui ressemblent à du Cronenberg, mais on revoit aussi passer tous les films que Bonello a fait, les scènes de boîte de nu qui font penser à Saint-Laurent, c'est comme s'il voulait faire dix films un an, il en fait une sorte de montage un peu cubiste, toujours au bord de la saturation en effet, mais que je trouve vraiment magnifique, et inspiré tout le temps et d'une intensité incroyable. C'est vraiment un très grand film sur le cinéma, et je trouve aussi que son idée sur la nouvelle d'Henri James est vraiment géniale, il la transforme complètement, et en même temps il a identifié quelque chose de très très fort, c'est que la peur est peut-être le sentiment le plus contemporain, celui qui nous identifie le plus justement, qu'on est tous terrorisés par l'imminence d'une catastrophe, et là ce qu'il fait là-dessus c'est vraiment de l'ordre de la vision pure, et c'est d'une... pouvoir de suggestion et d'une éloquence inouïe.
On ne l'a pas précisé, effectivement, c'est une adaptation lointaine, on va dire, de La Bête dans la jungle d'Henri Thiem.
Et pour rebondir sur ce que tu as dit en mars, il y a une réplique, moi, que je trouve magnifique, à un moment où l'un des deux demande à l'autre mais qu'est-ce qui est le plus fort, ta peur ou ton amour pour moi ? Et de là après, chacun appréciera l'effet miroir de cette phrase. Moi, le film a beaucoup troublé parce que il se trouve que La Bête dans la jungle, donc cette nouvelle a été très souvent jouée au théâtre, moi je l'ai vue beaucoup de fois au théâtre. Il y a 20 ans, c'était Fanny Ardant et Gérard Depardieu, plus récemment Valérie Dréville, et je n'avais jamais rien compris. J'étais toujours passée à côté de ce texte, et là... Et curieusement, alors que Bonello la prend comme point de départ mais s'en éloigne, pour la première fois, j'ai eu l'impression de vraiment saisir ce que nous disait Henry James, qui est plutôt la première partie, on va dire, du film. Et en effet, cette préscience d'une catastrophe imminente, qui est en fait évidemment une peur paralysante de l'amour, et en gros c'est fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve. Gainsbourg l'avait magnifiquement résumé avec ça. Moi, je trouve le film très très beau. Alors... Un peu long, on ne l'a pas dit, 2h26, il faut quand même prendre le temps. La première partie, qui est la plus historique, la plus ancienne au début du siècle, m'a paru un peu longue et répétitive, mais alors plus le film avance, plus j'étais complètement prise, jusqu'à cette dernière demi-heure que je trouve d'une puissance dingue, qui à mon sens est celle qui finalement provoque le plus d'émotions, comme avec Marie, en tout cas sur la peur au final. Après, Léa Seydoux, elle est juste magistrale, son visage... est un paysage et il y a au cœur du film, je voudrais juste la citer, une séquence sous-marine qui est pour moi l'une des plus belles séquences que j'aurais vu au cinéma cette année.
Dans une usine de poupées.
Oui, c'est absolument magnifique. J'ai été absolument sidéré par ce film et en fait je suis passé par tous les états. C'est-à-dire qu'au début j'ai dit oui, c'est quand même très prétentieux. Et puis après j'ai me dit qu'est-ce que c'est superficiel et je ne comprenais pas. Et en fait tout à coup j'ai eu une espèce de révélation deux jours plus tard.
Le deuxième effet,
la règle. Deux jours plus tard, j'ai compris qu'en fait, on est vraiment dans un David Lynch, dans la mesure où on est dans Bullo Land Drive, on est dans Twin Peaks, c'est-à-dire on est dans la tête de quelqu'un. C'est-à-dire que tout le film est vu depuis la tête, en apparence, de Léa Seydoux, mais quand on y réfléchit, et c'est là où tout à coup j'ai trouvé ce film incroyable, en fait on est dans la tête d'une intelligence artificielle qui tente de comprendre l'humanité à travers un cobaye. qu'elle est assez doux. Et il y a une esthétique extraordinaire, vraiment numérique, très forte, et ses effets numériques s'expliquent. Je ne comprenais pas en voyant le film pourquoi il y avait des scratches d'écran, l'écran qui tout à coup se pixelisait, des choses comme ça. C'est parce que c'est une intelligence artificielle qui étudie l'humain, l'humain qui pour elle est une bête.
Au point que le générique de fin est un QR code.
Mais c'est ça.
Oui,
c'est vrai. J'ai mis deux jours à le comprendre.
Vous connaissez la dernière image. Le public du Théâtre de l'Alliance, est-ce que vous voulez intervenir sur ce film, La Bête, de Bertrand Bonello ? Rebecca. Bonjour. Moi je l'ai vu en présence de Bonello, à Beaubourg, avec M. Lalanne, et heureusement qu'il m'a expliqué le film,
parce que moi je n'ai rien compris. Je me suis emmerdé, et en sortant du cinéma de Beaubourg, j'ai parlé avec un couple qui avait vu, comme moi, qui n'avait rien compris,
qui n'a pas aimé ce film. Voilà. Désolé M.
Lalanne. Je suis pas le seul à aimer le film ici.
Non, on est même assez nombreux.
Ça met du temps à infuser.
Voilà.
On en reparle dans le temps, monsieur.
Le long métrage suivant est signé de la cinéaste polonaise Agnieszka Holand. Il s'intitule Green Border, Frontière Verte, donc en français dans le texte. Et il désigne une forêt marécageuse, immense, entre la Biélorussie et la Pologne. Dans cette forêt échouent hommes, femmes et enfants qui tentent de rejoindre l'Europe. Ils viennent de Syrie, d'Afghanistan ou du Maroc et ils se retrouvent pris en tenaille. dans cette zone, en étant les jouets d'enjeux géopolitiques qui les dépassent. Le film est inspiré de faits réels qui ont eu lieu en 2021. Agnès Carlande met successivement en scène les réfugiés, les gardes-frontières polonais et les activistes humanitaires avec parfois... Des scènes insoutenables. Malgré les attaques du gouvernement au pouvoir quand Green Border est sorti en Pologne, le film a réuni plus de 800 000 spectateurs et il a remporté le prix spécial du jury à la dernière Mostra de Venise. Charlotte ?
Alors moi, je n'étais pas prête, clairement. C'est-à-dire que psychologiquement, émotionnellement, je n'étais pas prête à voir ce film qui est quand même d'une force assez inouïe. Donc je trouve qu'il faut s'armer un peu quand on y va. C'est quand même un film qu'on n'a pas envie de voir. mais qu'il faut voir. Je trouve extrêmement intéressant. Alors d'abord, le film Tulsa Rebecca est très documenté, ce qui le rend évidemment d'autant plus effrayant. Et il est chapitré avec ses différents points de vue, qui à mon sens est une construction très intéressante, parce que du coup, ça permet de montrer quand même tout un système sur ces réfugiés qui sont balottés d'un côté à l'autre de la frontière.
Et qui sont traités comme du bétail.
Ah oui, c'est au-delà de tout ce qu'on peut imaginer de violence, de méchanceté, de racisme, de perversité, de tout ce qu'on veut. Donc, elle signe un brûlot politique, très clairement, en montrant un racisme d'État, une violence organisée à cette frontière biélorusse. C'est vrai que le film est très difficile, elle est extrêmement courageuse de l'avoir fait. Et moi qui porte un nom polonais, pour la première fois, je n'en suis pas très fière.
C'était Lipinska, Charlotte. Christophe ?
Écoutez, si c'était un reportage, je serais tout à fait d'accord avec Charlotte, mais c'est un faux reportage avec des comédiens qui font semblant d'être des migrants, qui font semblant d'être des polonais, qui font semblant d'être des humanitaires.
Alors, en l'occurrence, la comédienne qui joue l'humanitaire est véritablement engagée dans cette association.
C'est quand même un faux reportage, avec des caméras moteurs, on y va, coupez, etc. Je pense que qui veut trop prouver ne prouve rien. Et je pense que le problème, je comprends très bien la position politique d'Agnès K. Hollande, qui veut dénoncer les violences qui sont faites aux migrants quand ils tentent d'entrer clandestinement dans l'Union Européenne. Je comprends très bien, c'est un débat politique passionnant et je serais ravi que l'on le mène. C'est une question, simplement, elle en fait quoi ? Elle en fait un faux reportage, filmé avec une caméra qui tressaute sans fin. C'est-à-dire que moi j'avais mal au cœur au bout d'un quart d'heure. Et c'est un reportage dans lequel tout est manichéen. C'est-à-dire que vous avez des migrants qui sont des gens formidables, cultivés, sympathiques. On a envie de les inviter à dîner le soir même pour parler de Dali, vous voyez, par exemple. En face de ça, vous avez des Polonais, donc des gardes-frontières polonais, qui sont des sous-d'armes et des sous-d'armes. Mais je veux dire, les SS à côté passeraient presque pour sympas. Enfin, c'est des gens horribles. Ils regardent des films pornos entre deux coups de matraque. Enfin, c'est des gens abjects. Et puis, vous avez des humanitaires qui sont des héros. Formidable, les gens, le cœur sur la main. Donc ils arrivent, on va essayer de vous soigner, on vous cache. Donc voilà. Mais ce que je regrette, c'est que c'est très manichéen. Alors, c'est un tract. Donc un tract, c'est formidable, après tout, pourquoi pas. Mais c'est un tract qui dure 2h30. Alors moi, quand un tract dure 2h30, pour moi, c'est un tract qui rate sa cible.
Marie ?
Moi, je rejoins Charlotte. Je trouve que c'est un film extrêmement puissant. Mais c'est hyper intéressant parce qu'en fait, c'est un débat de cinéma. C'est-à-dire que... Est-ce que le cinéma est là pour fabriquer les images manquantes ? Cette forêt de Bialowidza, qui est une des dernières forêts primaires d'Europe, qui est donc à la frontière de la Pologne et de la Biélorussie, cette zone a été interdite aux journalistes et même aux passants pour pouvoir effectivement immartiriser des réfugiés attirés par un pouvoir extrêmement cynique qui les fait venir juste pour emmerder l'Union Européenne. Et Agnieszka Hollande qui a... Traité de beaucoup de sujets historiques, Lolo d'Aumor, La Shoah, etc., elle se dit on ne pourra pas filmer cette situation, mais moi, avec mes outils de cinéma, je vais le faire Alors effectivement, le film est extrêmement documenté, avec une caméra qui est extrêmement empathique, qui est embarquée comme ça au cœur des choses, sauf qu'elle utilise aussi les outils de la fiction. Et là, pour moi, ça devient extrêmement fort. C'est-à-dire que sur ce thème de l'image manquante, ce qui me bouleverse le plus dans le film, Ce sont les images qui manquent, justement. C'est-à-dire que, changer de point de vue, d'un côté les gardes-frontières, de l'autre les humanitaires, et puis cette famille, ce n'est pas des migrants formidables, c'est une famille hyper attachante, avec des gens qu'on a l'impression de connaître tout de suite. Et en fait, chaque fois qu'on les quitte des yeux dans le film, on se demande ce qu'ils sont en train de dire. Est-ce qu'ils ont encore une valise ? Est-ce qu'ils ont encore un manteau ? Est-ce qu'ils ont faim ? Est-ce qu'ils sont blessés ? les gens qui vivent autour de cette forêt primaire, il y a beaucoup de scientifiques, il y a beaucoup d'intellectuels qui l'étudient, etc., racontent pour de vrai, on a fait un reportage dans Télérama, je vous conseille de le lire, c'est terrifiant, ils racontent pour de vrai que maintenant, quand ils vont se balader dans cette forêt, ils ont peur de tomber sur des corps. Et tout à coup, il n'y aurait pas de... Voilà, c'est des papiers dans des journaux un peu sérieux, c'est une minute au JT, et bien Agnieszka Hollande, 75 piges, elle prend sa caméra, elle va faire un film, on en sort furibard, voilà ce qui arrive quand on vote pour l'extrême droite. Le cinéma ça sert aussi à ça.
On en sort Furibar et on y pleure parfois aussi. Jean-Marc ?
Moi aussi je suis sensible à la force d'interpellation du film. Son côté didactique a une vertu, il y a vraiment une force de renseignement. On a vraiment le sentiment de tout à coup de tout comprendre et aussi de tout vivre parce qu'elle instaure une proximité avec chaque catégorie de personnages, aussi bien les gardes frontières que les réfugiés. Et là-dessus, sur la proximité, le film est assez fort. Moi je ne suis plus partagé sur sa mise en scène. Je trouve que par moments elle réussit des choses extrêmement fortes et souvent quand tu l'utilises... Des métonymies, quand elle essaie de ramasser en un seul plan une situation. Je trouve par exemple, il y a un plan que je trouve magnifique, où une maman va avec la main prendre la branche d'un sapin pour que de l'eau coule et qu'elle nourrisse, mais seulement de quelques gouttes, son enfant qui a soif. Il y a aussi un garde-frontière qui, à un moment donné, derrière des cartons, aperçoit le visage d'un réfugié, mais choisit de ne rien dire. Et ce plan comme ça, ce fragment de visage qui apparaît derrière les caisses... C'est d'une puissance figurative très impressionnante. Il y a un plan génial aussi où tout à coup, on entend une force de jacassement. Et puis un personnage regarde le ciel et on voit des oiseaux migrateurs. Et tout à coup, entre les personnages de migrants et les oiseaux migrateurs, ça dure une seconde, c'est fulgurant, mais c'est d'une puissance poétique incroyable entre les migrations empêchées et les migrations qui se font naturellement. Donc il y a plein d'images très très puissantes. Mais il y a aussi quand même des moments où je trouve qu'elles dilatent trop les scènes qui sont insoutenables de douleur. Il y a quand même le danger. d'être dans une complaisance de l'exhibition de la souffrance qui, à mon avis, affaiblit par moments le film.
Le film suivant se déroule entre la Jamaïque et Londres, puisqu'il s'agit de Bob Marley One Love, biopic hollywoodien, signé Redaldo Marcus Green. Ce film aussi développe une période précise de la vie de Bob Marley, les années 76-78, pendant lesquelles il est victime d'un attentat en Jamaïque, avant de s'exiler à Londres, et ce sont aussi les années où il devient... une star mondiale. Deux concerts mythiques encadrent ce biopic, de moments où Marley tente de réconcilier les clans qui plongent la Jamaïque dans la violence. Il me semble important de préciser que ce long métrage est produit avec la famille Marley. C'est son fils aîné, Ziggy Marley, qui assure la promo. D'ailleurs, on n'entend que son prénom prononcé dans le film, alors que Bob Marley en a eu beaucoup, des enfants. Et le scénario célèbre Rita, sa mère, en suivant l'adage, derrière chaque grand homme, il y a une femme. Cela dit... dans le cas de Marley, il y a eu beaucoup de femmes, dont Cindy Braxpear, qui fut sa passion amoureuse, et qui est totalement invisibilisée dans ce film.
T'exagères, il y a bien 22 secondes !
Voilà, c'est ça ! Jean-Marc ?
Oui, effectivement, le problème, comme tu l'as insinué, c'est que c'est vraiment une agéographie, et qu'il y a beaucoup d'aspects complexes, problématiques, même du personnage de Marley, qui sont totalement évacués par le film. Et cette agéographie est problématique à deux niveaux, à la fois parce que ça angélise le personnage et ça le rend du coup assez peu intéressant, assez peu attachant. Et formellement, ça produit aussi une imagerie très très lisse, une imagerie d'épinal, c'est une succession d'images pieuses qui fait que le film est vraiment assez peu captivant. Moi, je trouve qu'il y a une idée qui est vraiment assez belle, c'est qu'il y a deux bornes dans le film. C'est l'attentat raté dont il échappe miraculeusement et ça se termine avec l'annonce qu'il a un mélanome. et que probablement il va mourir. Et donc ces deux bandes qui sont une mort évitée de justesse, et une mort qui tout à coup va être inéluctable, ça donne en côté au film une force de présage, enfin quelque chose qui aurait pu être beau, mais qui est assez peu traité par la mise en scène, qui est juste une belle idée de scénario. Et je pense que le problème essentiel du film, c'est l'acteur, qui est vraiment... Qui est à la fois trop mignon et pas assez beau, comme Bob Marley pouvait être beau sans être mignon. C'est-à-dire que chez Bob Marley, il y avait un charisme,
une puissance,
et quelque chose... légèrement inquiétant. Enfin, il n'était pas aussi lisse que ce garçon qui est vraiment un mannequin et qui à aucun moment n'a la force charismatique de Bob Marley.
Et qui parfois, quand il doit jouer des scènes de concert, donne l'impression de bouger un peu comme une poupée mécanique. Charlotte ?
Oui, alors moi je serais pas aussi sévère sur Kingsley Benadir parce que parce qu'il est très agréable à regarder. Il fait à peu près deux fois la taille de Bob Marley mais bon, on n'est plus à sa presse, pas très grave. Alors moi je mets au crédit du film quand même alors je connaissais assez peu la vie de Bob Marley, je le confesse et j'avais complètement oublié ce contexte quand même politique et social de la Jamaïque dans les années 70 alors c'est même pas quand même un attentat c'est une tentative d'assassinat puisque des hommes sont rentrés chez lui et ont canardé à tout va faisant 4 blessés graves et miraculeusement aucun mort et ça moi je ne le savais pas du tout et en effet c'est quand même une sorte d'acte fondateur et qui fait qu'il n'aura de cesse après de prôner un message de paix et d'unité pour unifier son peuple qui est au bord de la guerre civile avec des élections à venir. Et donc ce contexte politique, je trouve, est assez bien rendu et me l'a rendu intéressant. Après, en effet, le fait que ce soit Rita Marley et Ziggy un peu aux commandes du projet, c'est la force et la faiblesse du film. La force, c'est qu'il y a un peu des témoignages, on va dire, de l'intérieur, une certaine intimité, certainement un peu authentique. Mais la faiblesse, en effet, c'est que les onze enfants, ils n'existent pas. Les sept autres femmes, ils n'existent pas. Et que c'est au-delà de la géographie. C'est-à-dire que c'est carrément presque messianique. Il y a des plans, des scènes où il est mis en scène comme... le fils de Dieu, quoi, de Zion, qui est là, sur scène. Moi, je trouve que quand même, les scènes de concert sont plutôt pas mal, et j'avoue que j'aime pas trop le reggae, mais là, le temps du film,
ça passe.
J'étais peace and love.
La force du film, c'est précisément la musique de Bob Marley, et c'est quand même très étrange d'entendre la voix de Bob Marley, parce qu'on l'entend chanter, c'est sa piste vocale. Ouais,
mais tu fermes les yeux !
Ah oui, d'accord. Allez au cinéma pour fermer les yeux, en fait. Mais toi, ça t'a plu, Christophe ?
Oui, mais moi j'ai trouvé que ce film était... Moi ça m'a surpris parce que je ne suis pas un fan de reggae, ça me donne mal au cœur, donc je regarde le reggae de temps en temps. Mais là, j'avoue que j'ai trouvé ce film absolument ahurissant quand je l'ai vu, parce qu'en fait je me suis dit tiens, c'est le contraire absolu de Priscilla. Alors Priscilla, c'est Priscilla Presley qui dénonçait l'emprise du King, et là c'est Rita Marley qui dit il était génial, Bob était extraordinaire, mais du coup, j'ai découvert quelque chose que je ne connaissais pas ou très peu, c'est la religion rastafarienne. Et c'est un... clip de propagande pour la religion rastafarienne, c'est-à-dire que Kingsley Benadir, qui est un vrai prêcheur exalté, il cite la Bible toutes les deux secondes, même dans les scènes où il ne chante pas. Et je dois dire que j'ai trouvé qu'il y avait une espèce de ferveur mystique qui m'a totalement surpris. pris, et pour moi, le régué, c'était de la...
T'as pas trouvé que le rastafarisme était réglé en deux-deux sur une place ?
Non, au contraire, ça ne finit pas !
Il parle jusqu'à sa mort,
il parle de la Bible, il cite des passages, il cite l'Apocalypse, c'est rempli de références, c'est incroyable ! Il passe son temps à prêcher ! Elle en fait, peut-être que c'est sûrement pas la vérité de Bob Marley, mais elle en fait une espèce de prêcheur de Messie ! Et ça, j'ai trouvé ça, personnellement, assez étonnant. Je ne serais peut-être pas allé le voir si vous ne m'aviez pas dit d'y aller, mais oui, c'est quand même... Assez intéressant.
Et toi, Marie ?
Moi, je regrette beaucoup. Il n'y a pas la scène où il marche sur l'eau. Je ne comprends pas. C'est pour les bonus DVD, je ne sais pas.
C'est dans le mécanisme.
C'est absolument nul. C'est vraiment un des pires biopics que j'ai vus ces dernières années. Mais pour une simple raison, vous l'avez tous dit, c'est effectivement un truc piloté par la famille. C'est à la fois académique, monstrueusement mal foutu. On ne comprend rien. On ne comprend rien à la situation politique en Jamaïque. Il y a des cartons, heureusement. Mais non, mais personne... Personnage autour de lui n'existe Qui sont les Wailers, qui sont ces musiciens Et je me dis, en fait les biopiques Il faut aller les voir quand c'est pas la famille qui parle Et quand les gens n'ont rien à vendre Ils avaient qu'à, je sais pas, faire un documentaire Avec leurs archives familiales,
ça aurait sûrement été plus intéressant Et d'ailleurs il y en a un que je recommande Qui s'intitule Marley de Kevin Macdonald Qui est absolument remarquable On termine donc ce masque avec un film Qui réunit Christian Clavier Didier Bourdon, Sylvie Testu Marianne Denis-Court, c'est Cocorico de Julien Hervé. Jusqu'ici, Julien Hervé était plus connu comme auteur pour les guignols de l'info et surtout comme co-scénariste de la saga des Tuches ou du dernier bolet d'Astérix réalisé par Guillaume Canet. Dans Cocorico, des futurs mariés décident de réunir leur famille pour leur annoncer la noce à venir et aussi pour leur révéler les résultats des tests ADN. Ainsi, chacun pourra découvrir ses origines. Quand soudain, c'est le drame. On ne choisit pas pas ses ancêtres. C'est le sous-titre du film. Beaucoup a été dit sur le duo Clavier-Bourdon réuni à l'écran pour la toute première fois. Et Cocorico est le film qui connaît le meilleur démarrage et de loin depuis le début de l'année avec déjà 500 000 spectateurs en 10 jours. Charlotte ?
C'est pas sympa que ça tombe sur moi pour commencer. Non, bon, qu'est-ce que vous voulez qu'on dise ? Alors, non mais, bon... Bon, Christian Clavier et Didier Bourdon n'avaient jamais tourné ensemble, voilà c'est fait, fallait-il le faire ? Non, en tout cas pas là-dedans, c'est-à-dire qu'en fait tout est tellement attendu, c'est du mauvais théâtre filmé, c'est un film qui n'a aucun mouvement, aucun élan, on se demande même pourquoi ils n'ont pas assumé le huis clos jusqu'au bout ça aurait pu être un ping-pong verbal avec ses quatre parents et les enfants au milieu, des espèces de petites excursions dehors, et puis alors... Tout d'un coup, vous savez, on nous fait, en télévision, on appelle ça les plans à la Dallas. C'est-à-dire quand vous avez tout d'un coup un plan à la Dallas, c'est quand vous avez une scène d'intérieur entre deux bureaux, puis tout d'un coup, on vous met un plan de South Fork pour vous dire qu'on revient dans South Fork. Là, il y a un petit plan dehors et puis, paf, le château, on revient au château.
Je précise que ça ne se passe pas à South Fork. Voilà, comme son titre l'indique.
Non, alors j'étais tellement quand même un peu atterrée que j'ai fait un petit jeu. J'ai... Je vais vous lire le titre, ça aurait pu s'appeler ADN en délire Avec le synopsis suivant, Christian Clavier incarne François, un homme qui mène une vie tranquille jusqu'à ce qu'il reçoive un test ADN. Quand il reçoit les résultats de son test, à sa grande surprise, il découvre qu'il a des origines exotiques et lointaines, ce qui le plonge dans une confusion totale. La nouvelle se répand rapidement et François devient la cible de toutes sortes de quiproquos et de situations comiques. J'ai juste rentré dans ChatGPT Comédie avec Christian Clavier et un test ADN. Et ça a donné ça ? Et ça a donné ça.
Merci de me passer la parole. Il y a toujours eu deux types de comédies. Il y a les comédies, on pourrait dire, moi j'ai eu la chance dans mon jeune âge de jouer dans des comédies de qualité, écrites par Jean-Loup Dabadie, des choses comme ça. Je ne m'y ai pas mis, Robert. On pourrait dire l'héritage, ça serait d'un cachet tolé d'anneaux, qui font des comédies comme ça, avec du contenu, du sens, de l'émotion. Et puis des comédies bas de gamme, il y en a toujours eu. Aujourd'hui, pour moi, Cocorico incarne ce type de comédies un peu bas de gamme. Pourquoi ? Parce que d'abord, effectivement, au niveau de l'intrigue, il y a quatre enveloppes, on attend qu'ils les ouvrent. Donc enveloppe numéro un, enveloppe numéro deux. Puis après, on se dit, il y a encore deux enveloppes, donc on attend. Il y a un moment où ils vont ouvrir les quatre enveloppes, c'est une évidence. Et surtout, c'est là où ce n'est pas justement une comédie de qualité, c'est frileux. C'est-à-dire que quand, je vais quand même un tout petit peu spoiler au moins Didier Bourdon, quand Didier Bourdon ouvre son enveloppe, alors vous voyez, on aurait pu, ça parle des origines. Alors, on a parlé de Green Border tout à l'heure. Des origines, il y en a beaucoup sur Terre aujourd'hui. Mais Didier Bourdon, il est allemand. Alors, il fait Ah, mon Dieu, c'est trop affreux ! Je suis d'origine allemande, c'est trop affreux, je vais me suicider ! Vous voyez, tout est comme ça. Il y a Marianne de Nicourt qui découvre qu'elle a 10% de sang portugais. Ah non, je vais faire un infarctus, je suis portugaise ! Enfin, vous voyez, on est toujours dans une espèce de... Il passe à côté d'un sujet, en fait, pour en faire quelque chose de mièvre et de légèrement poujadiste.
Mais il ne passe pas tellement à côté d'un sujet, je pense que c'est vraiment le... cœur du problème, c'est qu'ils ont voulu traiter un sujet, un sujet qui serait un article de journal. Il y a une mode, les gens font des tests ADN, qui sont complètement bidons par ailleurs. Tous les généticiens disent que ça ne repose sur aucune validité scientifique, mais voilà. Avec votre test ADN, on est capable de, en gros, statistiquement, vous classer dans un ensemble de populations. Donc on va dire, vos ancêtres viennent plutôt de, je ne sais pas, Scandinavie, etc. Et il s'est dit, ça suffit pour faire un film. Ben non ! Ben non,
en fait. Ça dépend des origines.
Mais ce qui est intéressant, c'est que, évidemment, ça peut provoquer une crise existentielle, mais ne peuvent vivre une crise existentielle, je dis beaucoup de the que des personnages qui existeraient. Or, cela n'existe pas du tout, évidemment. Et c'est d'autant plus dommage que la question de la francité, la question de l'identité, elle est assez intéressante. Et là, en fait, plus qu'un film sur les origines, la francité, l'ADN, c'est un voyage dans le temps. temps, c'est-à-dire que ce sont des noms de personnages dans une non-époque qui serait les années 50 où on dit encore les Bosch, Schnell, vive les Mercedes. C'est dément de proposer de la daube pareille aux gens, mais comme c'est mécanique, comme ça débarque sur des centaines d'écrans avec deux pros du rire qui ont un ADN vraiment intéressant. On a ri avec le Splendide, on a ri avec les Inconnus. Moi, j'aime bien l'idée d'hybrider leurs univers et de rire avec ces gars-là qui ont tant de métiers. C'est une honte de proposer ça au public.
Oui, moi aussi je trouve que c'est une honte. Le film coûte 10 millions. On se demande où ils sont. On ne le coûte pas en salon. On pense que les deux acteurs principaux ont absorbé la moitié du budget. Moi, ce qui me rend vraiment fou dans le film, c'est que c'est un film sur le racisme, mais qui invisibilise absolument les personnes qui sont victimes du racisme. C'est-à-dire que cette espèce d'entourloupe de l'ADN permet de faire circuler des blagues racistes extrêmement pénibles. mais que sur des personnages qui sont tous blancs, en évacuant absolument une question aussi tendue que celle de l'immigration en France aujourd'hui. Donc le film est vraiment aberrant, à la fois très frileux, très pleutre, comme le disait Christophe, et en même temps un peu dégueulasse.
On n'a pas aimé, quoi.
Alors là, sur mon conducteur, je lis, virgule. Ça veut dire que c'est l'heure de vos coups de cœur, films, podcasts, livres, etc. Jean-Marc, c'est à toi.
Alors, mon coup de cœur, c'est un film qui s'appelle Sans jamais nous connaître de Andrew Haig. C'est un grand film d'amour, un grand film de fantôme, un grand film sur le deuil, et aussi un grand film sur le coming out, puisque c'est l'histoire d'un homme gay dont les parents sont morts lorsqu'il avait 8 ans, qui n'a jamais pu faire son coming out. Et ses mots ravalés vont totalement déterminer sa vie amoureuse. C'est un film absolument déchirant, avec en plus Frankie Ghost Hollywood et Pet Shop Boys. Deux chansons géniales qui sont utilisées génialement dans le film.
C'est validé. On redonne le titre ?
Sans jamais nous connaître.
Marie.
Alors c'est un film qui s'appelle 20 000 espèces d'abeilles et comme je suis dingue, j'ai évidemment choisi un film basque-espagnol dont je vais avoir du mal à prononcer le nom de la réalisatrice, à qui je présente d'avance mes excuses. Estibalise, Urezola, Sous la Gourenne. Alors c'est un film de vacances, on suit une famille, la mère, les enfants. On retrouve la grand-mère qui est un peu une grenouille de bénitier, la grand-tante qui est apicultrice. Et puis au centre, il y a une petite fille extraordinaire qui s'appelle Coco. Elle a de naissance un autre prénom et elle a un autre prénom qu'elle va choisir et on va comprendre pourquoi. C'est un... Non-drame, c'est la manière la plus intelligente que j'ai vu depuis longtemps de traiter la transidentité. 20 000 espèces d'abeilles avec une petite fille qui s'appelle Sophia Otero qui a eu un ours d'argent à Berlin. Destibalise, Oresola, Solagouren.
Bravo Marie ! Yes ! Charlotte !
Alors moi c'est plus facile à prononcer, Jean-Jacques Hannault, avec la ressortie en salle mercredi prochain du Nom de la Rose de 86 et qui ressort, figurez-vous, en version restaurée 4K. Et ce n'est pas qu'un petit détail, puisque le film était invisible depuis de nombreuses années pour des obscures questions de droit. Je ne vais pas vous faire l'affront de vous rappeler le cœur de ce film qui reste quand même peut-être l'étalon du polar en robe de bure. C'est un thriller religieux qui, 37 ans après, est toujours d'actualité dans le sens où c'est vraiment un plaidoyer sur la culture et la connaissance face à l'obscurantisme. Et donc, le revoir sur grand écran avec... le flègue, mais le sourcil dressé de pleine poignerie. Voilà, je vous le conseille sur grand écran, ça en jette.
Christophe ? Alors moi,
je prends la suite de Bertrand Bonello, puisqu'après Léa Seydoux, je vais vous parler de Nicolas Seydoux. Nicolas Seydoux qui vient de sortir un livre qui s'appelle Le cinéma, 50 ans de passion, 600 pages. Alors, Nicolas Seydoux, c'est le grand-oncle de Léa Seydoux. Et dans le livre, il y a beaucoup de portraits de cinéastes, dont un très beau portrait de Jean-Luc Godard, et il révèle toute une correspondance. qu'il a mené avec Godard tout au fil des années, donc en révélant un grand nombre de lettres inédites et c'est très émouvant.
Et je ferme le banc avec Hitchcock s'est trompé, fenêtre sur cours, contre-enquête, c'est signé Pierre Bayard. Alors Pierre Bayard il est professeur de littérature, il est psychanalyste aussi et il est l'auteur de livres indispensables comme Comment parler des livres qu'on n'a pas lus. Et dans celui-ci donc Bayard affirme que Hitchcock s'est trompé de coupable dans Fenêtre sur cours. Il s'est laissé balader par ses personnages alors que lui Bayard... Pierre va enfin nous révéler la vérité. Donc il reprend le dossier à zéro avec l'étude minutieuse des lieux du crime, les plans du film, la psyché des personnages. C'est à la fois très drôle et très urudit parce que Bayard convoque une histoire de la critique de Fenêtres sur cours. Et finalement, il remet au centre celui qui a le pouvoir dans une salle de cinéma. Ce n'est pas le cinéaste, ce ne sont pas les acteurs, mais c'est nous. les spectateurs. Donc Hitchcock s'est trompé, fenêtre sur cours, contre-enquête de Pierre Bayard, c'est édité par les éditions de minuit. Charlotte, Marie, Christophe, Jean-Marc, merci d'être venus à la tribune aujourd'hui. Je précise que l'émission spéciale dédiée à la remise du prix des auditorices du masque sera enregistrée le jeudi 22 février à 19h, je le redis, jeudi 22 février à 19h toujours au Théâtre de l'Alliance. Pour y assister, découvrir en avant-première les lauréats de Prestige et leur poser des questions, il suffit de vous inscrire sur le site maison-de-la-radio-et-de-la-musique.fr. Merci à Audrey Ripu qui a réalisé cette émission, et c'était avec Jérémy Kaufmann, Charles Bouticourt et Cédric Châtelus aujourd'hui. Merci à Iniken et Goulesco. pour la préparation au cordeau de cette émission avec l'aide précieuse de Célestine Babinet. La semaine prochaine, il sera question de l'actualité littéraire. Alors, à dimanche sur France Inter, évidemment.
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