- Speaker #0
En vrai, je cite l'exemple de la baby carotte, parce que la baby carotte, il y a ce côté très pratique. On s'installe, tu te fais ta petite partie de Allô, crunch crunch la carotte
- Speaker #1
Allô, crunch crunch la carotte C'est qu'ils n'y avaient pas pensé encore, Lucie, tout simplement.
- Speaker #0
Salut Hugo !
- Speaker #1
Salut Lucie !
- Speaker #0
Et bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans ce deuxième épisode de Solus, le podcast qui vous guide dans la culture jeux vidéo. Bon bah si vous nous écoutez après notre pilote, merci de votre confiance et de votre intérêt, on est ravis que ça vous plaise. Et puis si cet épisode est le tout premier que vous écoutez de Solus, restez. Mais après n'hésitez pas à jeter une oreille ou deux à notre premier épisode où l'on parle du malaise autour du mot gamer.
- Speaker #1
Et si jamais vous êtes encore sur votre appli, vous pouvez aussi vous abonner au podcast. Et puis vous pouvez laisser d'ores et déjà 5 étoiles. Je pense que c'est la note que mérite cette émission. On les mérite. Exactement. Et puis c'est aussi une première façon de nous soutenir. Puisque on le rappelle, Solus, c'est un projet qu'on fait sur notre temps et nos fonds propres. Donc voilà, si vous voulez soutenir cette émission, vous pouvez faire juste ça.
- Speaker #0
Donc cette semaine, on va aborder un sujet... un petit peu moins gênant que le mot gamer, mais tout aussi passionnant, je pense, la cuisine, la nourriture et les gamers. Alors, ce n'est pas forcément évident de prime abord de relier bouffe et jeux vidéo, mais on avait quand même très envie de le faire, d'essayer de le faire. Déjà parce que Hugo et moi, on adore manger et on adore cuisiner.
- Speaker #1
Alors ça, ce n'est pas forcément exceptionnel. Je pense que manger, globalement, c'est quelque chose que... Voilà, on n'est pas trop hors normes, tu vois, sur cuisiner.
- Speaker #0
Je pense que peu de gens aiment autant les Cheetos au fromage que moi
- Speaker #1
Franchement Je pense que j'en connais au moins une autre personne Qui est en face de toi On verra qui aime le plus les Cheetos J'ai acheté les Cheetos Merci Lucie Donc voilà, effectivement, on aime manger, on aime cuisiner Moi c'est vrai que la nourriture c'est un truc qui fait aussi beaucoup partie de ma vie Notamment parce que mes parents ils étaient primeurs Ils travaillaient sur les marchés Donc voilà, ils vendaient des fruits et légumes Ça a toujours fait partie de ma vie, la bouffe Et je pense que ma famille a une obsession avec la bouffe Tu vois, à chaque repas on finit par parler de ce dont on mange c'est toujours ça, et puis je pense aussi que la bouffe c'est un bon icebreaker, et je pense que d'ailleurs quand on s'est rencontré, on a dû assez rapidement parler de bouffe est-ce qu'on s'est parlé de nos Cheetos ? je ne sais pas,
- Speaker #0
mais je crois qu'on a parlé de bouffe oui j'ai commencé par le degré zéro de la nourriture, mais effectivement je sais cuisiner, je fais d'autres choses, j'aime aussi beaucoup cuisiner, et du coup ça nous paraissait assez naturel de consacrer un épisode à ce sujet effectivement,
- Speaker #1
et puis euh... Pour rappel, Solus, l'objectif c'est d'étudier le rapport entre le jeu vidéo et la société. Or, l'activité de se nourrir, de cuisiner, c'est une pratique qui est aussi sociale, c'est une pratique qui est culturelle. Et donc forcément, on va pouvoir retrouver des enjeux liés à ces phénomènes dans les pratiques vidéoludiques.
- Speaker #0
Sauf qu'en fait, en creusant un peu, on a réalisé que le sujet de la bouffe et des jeux vidéo, il était un peu plus complexe qu'il n'y paraissait. En fait, comme souvent, il y a deux niveaux d'analyse. D'un côté, l'acte de se nourrir et de cuisiner dans les jeux vidéo. Et de l'autre côté, ce qui se passe de l'autre côté de l'écran, chez les gamers et les gameuses. Et en fait, on a réalisé qu'en réfléchissant à ces deux niveaux, on avait des images très différentes. Qui nous venaient en tête. D'un côté, on avait des choses comme les recettes de Zelda qui ont souvent l'air assez délicieuses, la cuisine saisonnière de Stardew Valley, donc plutôt des choses positives.
- Speaker #1
La permaculture, toutes ces choses-là.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
Et de l'autre, il y a une toute autre imagerie qui se lit une fois qu'on regarde la nourriture hors du jeu vidéo, donc la nourriture réelle. Et là, on pense à des trucs un peu moins sympas. On pense au Doritos Gate et plus généralement à la malbouffe qui est associée un peu au gaming. Et on s'est demandé si ce n'était pas un petit peu un paradoxe, d'un côté la richesse culinaire et de l'autre côté cette nourriture réelle qui est associée aux jeux vidéo
- Speaker #0
C'est donc de ça dont on va parler aujourd'hui, moi en compagnie de Hugo et évidemment comme d'habitude avec des interviews d'expertes qu'on est très heureux et heureuses de faire intervenir sur ce sujet Et puis bah écoutez si ça vous branche c'est parti pour Solus épisode 2, comment nourrir mon gamer Donc, on va commencer par le plus simple et ce qui vous est le plus familier probablement, qui est la nourriture dans les jeux vidéo. Parce que quand on y réfléchit, la nourriture est partout dans les jeux.
- Speaker #1
C'est vrai que c'est un motif qui a toujours été là dans les jeux vidéo. Moi, immédiatement, quand j'essaie de penser à bouffe et jeux vidéo, la première image qui me vient, c'est les gros poulets rôtis qui sortaient des poubelles de la série de Streets of Rage, qui était un jeu de beat'em all en deux dimensions. Et donc, on devait taper sur des malfrats pour envoyer à la justice de la société, bien sûr. Mais aussi, pour recharger sa vie, on pouvait manger des poulets rôtis qu'on trouvait dans des poubelles.
- Speaker #0
qu'on trouvait dans des poubelles. Donc tu m'en commandes du poulet.
- Speaker #1
C'est là qu'on le trouve apparemment. C'est ce que m'a appris le jeu vidéo.
- Speaker #0
Les jeux vidéo ont une influence terrible sur la jeunesse. Moi, quand je réfléchis à bouffe et jeux vidéo, je pense aussi à la baston, directement. Plus particulièrement, je l'ai raconté dans le premier épisode, mais moi, j'ai joué à Breath of the Wild, Zelda, il y a quelques mois pour la première fois. Et donc, il y a beaucoup de combats dans ce Zelda. Et comme souvent dans les JV, il y a effectivement ce truc de, on peut en fait cuisiner. des repas, des plats pour gagner de la vie. Et le truc, c'est que mon partenaire est très fan de Zelda, donc il m'a beaucoup regardé jouer, et il m'a fait une réflexion un jour, il m'a dit, mais Lucie, quand tu te bats, tu passes ton temps à bouffer, en fait. Et en fait, il avait raison. En fait, moi, j'ai pas appris à parer, j'en avais rien à foutre de ma tenue. J'ai vraiment pas appris ce que le jeu voulait m'apprendre en fait en termes de farming entre guillemets. En fait j'ai appris un truc, c'était les recettes. Et je pense parce que le rapport était plus simple, enfin assez évident pour moi. Effectivement tu te nourris donc tu es plus fort. Et du coup je passais mon temps, c'est vraiment Link qui donne un coup d'épée, se prend un coup d'épée, bouffe un sandwich. Hop,
- Speaker #1
menu pause, je mange mes champignons et après je vais en commander. Après en vrai c'est globalement, je pense que beaucoup de gens ont expérimenté ça parce que c'est quand même la rythmique qui impose le jeu donc... Ça ne m'étonne pas du tout que tu aies joué comme ça à Breath of the Wild. J'ai joué aussi comme ça, c'est vrai que... Combattre le ventre plein, c'est ce que nous apprennent les jeux vidéo, c'est important. Mais évidemment, ça c'est une vision assez basique quand même de la nourriture dans le jeu vidéo, de juste manger pour regagner des PV, ok très bien. Mais on avait l'intuition que ça pouvait aller quand même un peu plus loin que ça. Et donc on est allé interroger une spécialiste pour nous aider à débroussailler un peu le sujet. Elle s'appelle Sophie Malinson, elle est narrative designer chez Maxis, qui est un studio d'Electronic Arts, et elle travaille notamment sur la licence des Sims. Alors déjà, on trouvait ça intéressant de l'interroger, parce que dans les Sims, la nourriture c'est un motif, c'est un outil de game design qui est important. Mais en plus, Sophie, elle a travaillé pendant ses études sur l'intersection entre la nourriture et les jeux vidéo, et c'est resté un de ses centres d'intérêt aujourd'hui. Et donc, elle nous a expliqué qu'en fait, en regardant bien... Le jeu vidéo, il a très vite dépassé cette vision un peu binaire de je mange et je gagne des PV
- Speaker #2
Si les années 80, c'était la décennie des jeux d'arcade, et c'est là où on solidifie la nourriture comme source d'énergie dans les jeux vidéo, de façon très simpliste, avec par exemple les fruits dans Pac-Man. Ça, c'est les années 80, mais pour moi, c'est les années 90 où on commence à avoir un essor des jeux de rôle. Et surtout au Japon, les jeux de rôle avec un peu de simulation de vie, je pense à des jeux comme Earthbound ou Pokémon Rouge et Bleu, où on va au-delà du combat ou du puzzle comme dans les jeux des années 80, et on essaie de représenter des communautés, des écosystèmes, avec des interactions sociales qui sont plus développées qu'avant. Et c'est là qu'on commence à avoir des représentations vraiment intéressantes. de la nourriture dans les jeux vidéo. Un exemple qui me vient en tête, et que je cite beaucoup quand je pense à ça, c'est... Je ne sais pas si tu as joué à Pokémon Rouge et Bleu, je suppose, parce que les gens de notre âge ont généralement joué à au moins un jeu Pokémon, mais le premier jeu Pokémon, il y a un gardien de sécurité qui a très soif, et on peut l'amadouer en lui offrant une limonade pour débloquer le chemin et accéder à la suite de l'aventure. Et ça, pour moi, c'est un des premiers gros exemples d'un jeu vidéo qui explore la dimension sociale de la nourriture et qui va au-delà du poulet qui donne des points de vie.
- Speaker #1
Donc là, ce que nous explique Sophie, c'est que l'acte de se nourrir dans le jeu vidéo, ça s'est très vite complexifié. Et surtout, ça s'est complexifié pour traduire tout un tas d'enjeux sociaux et culturels. Et là encore, toi et moi, on a pu assez facilement fouiller dans nos souvenirs pour trouver des exemples de ça. Moi, la dimension sociale, je la retrouve beaucoup dans des jeux où il y a des groupes. C'est vrai que Sophie, là, elle nous parlait de jeux de rôle. mais pas que, mais c'est vrai que dans les jeux de rôle c'est beaucoup des jeux qui se construisent sur la mécanique d'un groupe, des adolescents qui vont aller sauver le monde et tuer Dieu à la fin, ça c'est les JRPG, mais il y a d'autres jeux qui se reposent sur des groupes, moi je pense déjà à Persona 5, donc ça c'est un JRPG, il y a pas mal de moments où on va pouvoir manger au restaurant avec tout le reste de la team, ça va être des moments importants parce que c'est souvent des moments qui rythment la narration, quand on va attaquer un nouveau palace, donc il y a une des personnes qu'on va... devoir essayer de transformer, de rendre meilleur. Ça, c'est un peu l'histoire de Persona. Et ces moments-là, ils se font au restaurant. Donc, c'est un moment qu'on partage. En fait, c'est un moment de célébration aussi. Et puis, il y a un autre jeu qui m'a marqué, moi, sur la bouffe. C'est Red Dead Redemption 2. C'est un jeu qui avait beaucoup de vérité réaliste. C'est un jeu qui voulait vraiment nous plonger dans le day-to-day, dans la routine de cette espèce de gang un peu de malfrats, de bras cassés, qui essaient toujours d'obtenir de la thune. Mais il y a toute une partie du jeu qui se passe sur le camp. de ce groupe-là. Et la nourriture, elle est un peu centrale parce qu'il faut se nourrir. Et donc, le héros Arthur Morgan, quand il mange son ragout, il prend le temps de manger son ragout. Ce n'est pas juste qu'il ingère le truc d'un coup. Non, pas du tout. C'est cuillère après cuillère. Et en fait, ça va être aussi l'occasion de discuter avec les différents membres du groupe et donc d'apprendre à les connaître. Donc vraiment, dans ces jeux-là, où il y a une dynamique de groupe, on se rend compte que la nourriture, c'est souvent utilisé comme un motif pour lier justement le groupe, créer du lien social.
- Speaker #0
mais vraiment à l'intérieur de la narration Et le héros de Red Dead Redemption quand il se nourrit t'appuies sur X et il mange une cuillère ?
- Speaker #1
Oui, c'est vraiment littéralement les boutons, c'est ça qui est assez fou dans Red Dead Redemption c'est un jeu qui vraiment, ils essaient de se calquer sur le réel et il y a une temporalité de l'action qui est vraiment comme la nôtre en fait et ça c'est assez choquant moi c'est un jeu qui m'avait assez déstabilisé comme ça il y a presque un côté simulation Donc oui, simulation de manger ton ragoût, Lucie, c'est cuillère après cuillère.
- Speaker #0
Appuie sur X pour cuillère.
- Speaker #1
Exactement, presse X tout cuillère. Toujours dans ce contexte social, la nourriture, elle peut aussi être un outil de world building pour les designers et les designeuses. Et ça, c'est Sophie qui nous l'explique.
- Speaker #2
Par exemple, en tant que développeur, quand on est à l'étape où on est vraiment en train de poser les bases de l'univers d'un jeu, pour moi, se poser des questions par rapport à la nourriture, c'est la meilleure façon de commencer ce processus de world building. Parce que... Quand on pense à l'histoire du monde réel, l'accès à la nourriture, c'est à l'origine de plein de choses qui sont passées dans notre histoire. Les révolutions technologiques, agricoles, les grandes vagues d'immigration, les guerres autour des épices, par exemple. Tout ça est en lien avec la nourriture. Donc, quand on est dans ce processus de world building, j'aime bien me poser des questions comme comment la nourriture est-elle cultivée dans ce monde ? Qui cultive la nourriture ? Où ça ? Est-ce que ça s'importe, s'exporte ? Comment la population accède à la nourriture ? Est-ce qu'on mange de manière sociale ? Est-ce qu'il y a des rites, des traditions autour de ça ? Et les réponses à toutes ces questions vont avoir un effet boule de neige sur le reste de l'univers et ça aide à dessiner dans les grandes lignes un univers fictif de manière très efficace, de mon point de vue.
- Speaker #1
On peut aussi parler du plaisir esthétique lié à la nourriture. Tu n'es pas sans savoir, Lucie, que nous vivons dans l'ère du food porn. Tu consommes comme moi sur Instagram.
- Speaker #0
Je consomme et j'en produis.
- Speaker #1
C'est vrai que tu en produis.
- Speaker #0
Je partage souvent sur Instagram.
- Speaker #1
Sur tes stories où il y a des préparations que vous avez faites. Je suis impatient de pouvoir y goûter moi-même. Je tiens à le dire dans ce podcast. Mais effectivement, c'est vrai qu'il y a une esthétique aussi de la mise en scène. de la nourriture qui a changé forcément avec les réseaux sociaux parce qu'on partage, on prend en photo ce qu'on mange et pas forcément quelque chose qu'on faisait avant ou en tout cas on le partageait pas de cette façon et ça les jeux vidéo ils se sont aussi appropriés cette esthétique là et là on peut peut-être penser à Final Fantasy XV qui est un jeu là encore où il y a un groupe de jeunes qui vont sauver le monde bien sûr mais ils vont se réunir pour préparer à manger et je sais que quand le jeu est sorti ça avait fait beaucoup parler parce qu'on voyait les images des plats qu'ils préparaient, donc des plats typiquement japonais, tu vois, ça va être des curies, des choses comme ça. Et il y avait une esthétique, tu vois, c'était luisant, c'était appétissant, on voyait qu'il y avait la petite huile de sésame, tu vois, qui lui faisait sur le truc. Et ça, c'était vraiment reproduit de manière extrêmement fidèle et ça a été beaucoup partagé. Et donc, il y a aussi ce plaisir esthétique là qu'on peut retrouver.
- Speaker #0
Ouais, et puis l'autre exemple qui me vient en tête, moi, c'est toute la culture des mods. Alors notamment dans les Sims, justement, on en parlait tout à l'heure. dans la communauté des sims, donc les sims qui à l'origine un jeu occidental, qui du coup dans la nourriture représentait beaucoup de la nourriture typiquement occidentale. Et beaucoup de joueurs et joueuses des Sims ont fait en sorte de produire des mods, donc des petits programmes qu'on peut télécharger pour améliorer son jeu, pour représenter des nourritures qui correspondaient davantage à ce qu'eux et elles mangeaient. Par exemple, on peut télécharger un mod pour manger des falafels, on peut télécharger un mod pour avoir un champon, qui est une soupe coréenne de nouilles et de fruits de mer. c'est un vrai exemple que je suis allée chercher hier sur internet et effectivement non seulement il y a ce côté identitaire de bah en fait c'est comme ça que je mange et j'ai envie que ce soit comme ça que les personnages mangent aussi et puis il y a un côté beau aussi de le design est vraiment très soigné et comme tu dis ça donne faim quoi
- Speaker #1
Ouais complètement et puis tu vois je sais pas avec les trucs comme on a Top Chef aujourd'hui toutes les émissions culinaires aussi on apprécie la nourriture aussi visuellement et presque même plus en fait que ce qu'on mange concrètement
- Speaker #0
Alors moi, j'ai une anecdote là-dessus, mais qui est liée à la nourriture, mais qui ne montre pas de nourriture en soi. Comme beaucoup de personnes, pendant le confinement, j'ai beaucoup, beaucoup joué à Animal Crossing. Donc j'étais coincée chez moi avec mon partenaire. On jouait à Animal Crossing et il y a eu un événement, je crois que c'était lié à Thanksgiving sans doute. Bref, l'événement de Thanksgiving, on pouvait gagner une... cocotte, une super jolie cocotte en fonte. Il fallait remplir plein de défis et moi, je n'ai pas réussi les défis jusqu'au bout contrairement à mon partenaire qui a eu la cocotte. Je demande à mon partenaire est-ce que je peux avoir ta cocotte ? Il me dit bah non, c'est ma cocotte, elle est belle. Et du coup, j'étais un peu triste. Et qu'est-ce que j'ai reçu à Noël ? Une vraie cocotte.
- Speaker #1
En cadeau. Il a géré. Il a géré. Il s'en est quand même bien sorti parce que c'était assez maladroit.
- Speaker #0
Et pour de vrai, cette cocotte dans Animal Crossing, je la trouvais adorable. J'en avais vraiment envie. Et le fait de la recevoir en vrai m'a donné, je pense, un plaisir similaire à ce que j'avais reçu sur Animal Crossing. Vraiment, pour moi, la vie physique et la vie numérique ne faisaient qu'un coup.
- Speaker #1
Alors que ça aurait coûté peut-être un peu moins cher sur Animal Crossing.
- Speaker #0
Probablement. Bon, donc ça, on est dans cette idée de cuisiner, mais il y a aussi un autre enjeu dans la représentation de la nourriture dans les jeux vidéo, c'est le fait de la fabriquer, de produire cette nourriture qu'on va manger. Donc ça, c'est par exemple l'idée, les jeux vidéo qui vont représenter l'acte de chasser, dans Zelda, on a parlé de Breath of the Wild, c'est complètement ça, c'est-à-dire que pour avoir des cuisses de poulet, c'est pas du poulet d'ailleurs, c'est des canards.
- Speaker #1
Il y a toutes sortes de choses à la chasse.
- Speaker #0
On peut chasser de la volaille, on peut chasser des sangliers, on peut chasser des animaux qu'on lance, du renard. Donc on va ensuite consommer la viande. Dans Animal Crossing, il y a l'idée d'avoir un potager. Donc là, on va pouvoir faire pousser des citrouilles, des carottes, du blé. Plus on en prend soin, plus on va obtenir... de légumes. Donc il y a vraiment cette idée de il ne suffit pas d'appuyer sur un bouton, il faut attendre et en prendre soin. Et puis alors même dans certains jeux, on va encore plus loin dans la nuance. Moi je pense notamment à Stardew Valley, qui est un jeu que j'adore. Dans Stardew Valley, il y a carrément cette idée de saisonnalité, c'est-à-dire que si tu plantes tes citrouilles à un autre moment qu'en automne, ta citrouille ne poussera pas, comme dans la vie physique, c'est-à-dire que la citrouille c'est un légume d'automne et ça ne pousse qu'en automne.
- Speaker #1
Ouais, il y a un truc vraiment de la nourriture qui est venu se greffer à toutes ces mécaniques de craft, qui sont arrivées et qui sont vraiment hyper populaires depuis Minecraft, notamment. Et puis, ça se greffe aussi à tous ces jeux d'économie, Animal Crossing, Star du Valais. La nourriture devient une ressource, en fait, et c'est quelque chose qu'on va pouvoir exploiter, travailler, retransformer. Et ça, les jeux vidéo qui veulent nous engager sur une certaine durée, comme ces jeux-là, ils vont pouvoir se reposer dessus. En fait, la nourriture devient un motif dans l'économie du jeu.
- Speaker #0
Mais ce qui est intéressant, c'est qu'on peut, je trouve, relier ça à toutes les réflexions qu'on a actuellement sur d'où vient notre nourriture. Dans la vie physique, j'entends. Il suffit d'aller au supermarché, avant d'acheter mon légume au supermarché, d'où il vient. Cette envie d'avoir son propre potager, de maîtriser un peu plus la chaîne de la nourriture. Moi, j'habite en ville et toi aussi, c'est un peu plus compliqué de faire ça quand on est en ville. Mais dans les jeux vidéo, on peut.
- Speaker #1
Alors, la traçabilité des citrouilles dans Animal Crossing, il faut se poser la question.
- Speaker #0
Donc ça du coup c'est pour les aspects positifs de la représentation de la nourriture et de la cuisine dans les jeux vidéo, mais on peut aussi avoir des aspects négatifs, comme dans la vie physique encore une fois, parce que cuisiner et se nourrir ce ne sont pas que des enjeux sympas. Un bon exemple, Overcooked, jeu qui moi me terrorise, parce que c'est un jeu... Ah ouais, moi je peux pas jouer à Overcooked, ça me stresse trop. Parce que Overcooked, pour les gens qui ne connaîtraient pas, c'est un jeu de coopération dans lequel on doit coopérer pour faire fonctionner un restaurant, donc dans une cuisine de restaurant. C'est un jeu absurde, je veux dire. C'est très minimaliste. Voilà, et c'est parmi... Je me rappelle d'un niveau notamment où on doit jouer sur une banquise et il y a des pingouins. C'est pas réaliste.
- Speaker #1
C'est un party game aussi.
- Speaker #0
Mais n'empêche qu'il y a cette côté de stress qui est à l'image du stress qu'on a de travailler dans une cuisine professionnelle. Et puis, dans les autres aspects un peu négatifs, certains jeux vont clairement jouer sur le cliché sexiste de la cuisinière. Parce que vous n'êtes pas sans savoir que quand on est une femme, on a plutôt tendance à associer l'acte de cuisiner, en tout cas pour le foyer, au PAM. Un acte domestique. Et donc, du coup, l'exemple assez typique, c'est... Cooking Mama, qui est non seulement une femme, mais qui est plus une mama. Ce n'est quand même pas la même chose qu'être une Cooking Lady.
- Speaker #1
Cooking Lady. C'est vrai que tout de suite, on...
- Speaker #0
C'est pas la même chose.
- Speaker #1
Exactement, on n'invoque pas du tout le même imaginaire. Et effectivement, on tombe quelque chose qui est un imaginaire assez sexiste et très bien dans le patriarcat. Donc tout ça pour dire que, en fait, quand on regarde le jeu vidéo et les représentations de la nourriture dans le jeu vidéo... on voit qu'il y a une vraie diversité dans leur utilisation et la représentation. C'est pas seulement une bête ressource pour recharger des PV, on voit tout simplement que ça convoque toutes les choses qu'on peut retrouver dans nos vies, en fait, sociales et culturelles, le fait que ce soit un truc qu'on va partager. bientôt manger ensemble, ça va être un lien entre nous.
- Speaker #0
Tu veux savoir ce qu'on mange chez Mehdi ? Moi je pense qu'il faut le dire Est-ce que tu veux la prendre en direct ?
- Speaker #1
Oui j'ai envie de la prendre en direct.
- Speaker #0
On va manger de la courge au gochujang et aux graines de sésame.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
Le pot a vraiment retiré ses lunettes d'un air d'un air conquis.
- Speaker #1
Quand on commence à prononcer gochujang en général je suis dedans. Donc il y a ce lien social il y a aussi le côté de la fabriquer d'utiliser la nourriture comme une ressource pour se... pour se nourrir, mais aussi pour fabriquer des choses. Dans l'enfer parfois des cuisines aussi, le stress que ça peut être dans un restaurant. Et puis parfois, comme je disais sur l'économie, le craft, la nourriture, ça peut être au cœur du dispositif ludique. Et il y a des jeux où il faut littéralement cuisiner comme Cookie Mama. Donc tout ça, c'est bien beau, c'est la nourriture dans le jeu vidéo, on voit qu'il y a une représentation qui est assez diverse. Maintenant, on va essayer de s'intéresser à la nourriture, la vraie, celle qu'on lit au gaming, à l'activité, à la pratique du jeu vidéo. Et là, comme on le disait en intro, on voit des choses un peu moins sympas, et forcément, l'image d'Epinal, j'ai envie de dire, quand on pense à la nourriture maintenant dans le jeu vidéo, et notamment dans le milieu du journalisme, c'est celle du Doritos Gate. Alors... Pour rappel, c'est quoi le Doritos Gate ? Déjà, c'est un gate, donc ça a été un truc qui a été partagé sur les réseaux sociaux. C'était un problème, un drama. Essentiel. Exactement. Le Doritos Gate, en fait, c'est une image qui paraît en 2012. Et on y voit une personne. Cette personne, c'est Geoff Keighley, qui, à l'époque, est un journaliste spécialisé en jeux vidéo. Et sur cette image, il est entouré d'un paquet de Doritos et d'une colonne de Mountain Dew, pendant qu'il est en train de parler de Halo 4. Allô, c'est une des licences phares de Microsoft et de la marque Xbox. Et à l'époque, cette image est très discutée, très débattue. C'est un gate, on le disait tout à l'heure. Et pourquoi ? Parce qu'elle illustrait une certaine complaisance que pouvait avoir le journalisme spécialisé dans le jeu vidéo envers des produits industriels et puis aussi envers les éditeurs et les constructeurs de l'industrie.
- Speaker #0
Ce qu'on appelle image, c'était une capture d'écran d'une vidéo à laquelle il participait et qui est devenue en fait... même un mème, c'est-à-dire un peu une blague récurrente sur internet pour se moquer et critiquer les journalistes jeux vidéo et d'ailleurs ces critiques venaient aussi d'autres journalistes, pas que d'internautes. Par exemple en faisant des recherches on est retombé sur un édito du comédien Robert Florence qui était publié à l'époque chez Eurogamer et qui a des mots vraiment très durs sur cette fresque qui dit Donc, Geoff Keighley est souvent décrit comme un leader de l'industrie, un spécialiste des jeux vidéo, l'un des journalistes les plus proéminents du milieu. Et le voilà installé devant une table pleine de snacks. Pour toujours, c'est là qu'il restera, en train de nous servir de la merde. Bim ! Donc là, on ne prend pas de baguette, on ne prend pas de pincette, pardon, on est sur des mots très durs. Et en fait ce qui est intéressant dans cette citation, c'est pour ça qu'on vous la propose, c'est qu'on se rend compte que là en fait l'acteur compare carrément les jeux vidéo à la malbouffe. Sous-entendu, ce que fait Geoff Keighley c'est de la merde et même les jeux vidéo c'est un peu de la merde quoi.
- Speaker #1
Alors moi je sais pas si je l'interprète vraiment comme ça, tu vois, si genre il jugeait vraiment que le jeu vidéo c'était de la merde, si c'est vraiment ça qu'il voulait dire. Peut-être que c'était plus cette complaisance en fait à vendre des produits en fait à la fois... des produits des industriels, mais peut-être aussi juste servir de relais, de calendrier pour les éditeurs. En tout cas, moi, je l'interprète peut-être un peu plus comme ça. Et d'ailleurs, aujourd'hui, Geoff Keighley, il est connu pour autre chose que pour le Doritos Gate, il est connu pour être Monsieur Game Awards, qui est donc une cérémonie qui se déroule à chaque fin d'année pour donner des awards aux grands jeux de l'année. Est-ce que c'est les Oscars du jeu vidéo ? Je dirais peut-être pas jusque-là, mais en gros, c'est comme ça qu'il se vend. Et en vérité, qu'est-ce que c'est ? Là, c'est un... gros tapis rouge déroulé aux éditeurs et aux constructeurs pour faire leurs promos. C'est à ce moment-là qu'on a beaucoup de trailers. Donc voilà, dix ans plus tard, finalement, la posture et la façon de travailler de Geoff Keighley n'a pas tant changé.
- Speaker #0
Alors, ce qui est intéressant, c'est qu'en fait, ce sujet de la proximité entre, d'un côté, des marques de soda et de chips, et de l'autre, des journées de jeux vidéo, en fait, ça ne concerne pas du tout que les médias jeux vidéo. En fait, si Geoff Keighley se retrouve à côté de ces aliments-là, c'est parce que ces marques, donc là on a cité Doritos et Mountain Dew, ciblent depuis très longtemps les gamers et les gameuses. Et en fait, bêtement, on peut se demander pourquoi. Pourquoi est-ce que ces marques de snacking ciblent spécifiquement le gaming ? Parce que bah... Après tout, on pourrait se dire que les gamers mangent des baby-carottes et boivent de l'eau gazeuse. Oui,
- Speaker #1
pourquoi pas ? Ils pourraient manger ces produits. Mais vraisemblablement, ce n'est pas le cas. On ne mange pas de baby-carottes.
- Speaker #0
En vrai, je cite l'exemple de la baby-carotte, parce que la baby-carotte, il y a ce côté très pratique comme chip. On s'installe, tu te fais ta petite partie de Allô, crunch crunch la carotte
- Speaker #1
Allô, crunch crunch la carotte C'est qu'ils n'y avaient pas pensé encore, Lucie, tout simplement.
- Speaker #0
Je pense que j'ai un avenir dans la communication, clairement. pour me faire embaucher moi. Jusqu'à ne pas avoir mieux ma vie, je pense.
- Speaker #1
Alors, effectivement, on se pose la question pourquoi. Et pour essayer de comprendre pourquoi, on s'est dit qu'on pourrait essayer de raisonner comme ces marques. Et si on veut raisonner comme elles, la première question qu'il faut se poser, moi j'ai fait du marketing, donc je peux vous dire ce que c'est. J'ai un diplôme pour ça. Quand on fait du marketing, la première question qu'on se pose, c'est à qui est la cible ? Ça, on n'est pas dans les petits papiers de ces marques, donc on ne peut pas forcément le deviner. Par contre, ce qu'on peut regarder, c'est le contenu de leur communication. Ça, ça nous permettra de comprendre leur cible.
- Speaker #0
Et donc, pour nous aider à décrypter cette communication, on est allé en parler avec Nora Boisouni, qui est autrice et journaliste. Elle se spécialise dans les questions sociales liées à l'alimentation. Elle a notamment écrit un essai que je vous recommande vraiment, qui s'appelle Feminisme quand le sexisme passe à table aux éditions Nourriture Fue.
- Speaker #1
Et là, elle va nous décrire donc les stratégies de quelques marques, notamment celles qu'appréciait Jeff Keighley.
- Speaker #3
Mountain Dew, ils sponsorisent énormément d'événements de JV et surtout, ils ont fait des partenariats avec... un nombre de jeux vidéo ahurissant. Il y avait Halo 3, il y avait WoW, il y avait Call of Duty, il y avait Forza, Dead Rising. Enfin, eux, ils sont quand même les plus, j'ai l'impression, intégrés à ce milieu du jeu vidéo et du gaming, et plus identifiés là-dedans. Et ils ont même donc une gamme qui s'appelle Game Fuel, donc ça veut littéralement dire carburant pour jouer ou pour gamer, avec des allégations qui sont, grâce à nous, vous allez pouvoir jouer plus longtemps, donc avec beaucoup de caféine, il y a de la théanine aussi dedans. Et c'est des choses dont l'allégation, donc la pensée magique, mais les allégations pseudo-scientifiques ou scientifiques sont, que ça aiderait à booster à la fois, et donc c'est écrit sur leur site, booster sa précision, sa vigilance et sa vivacité, tout ce qu'on veut quand on est gamer, pour avoir une session assez longue et intéressante. Et il y a une autre boisson qui s'appelle Rockstar, qui n'a rien à voir avec Rockstar, qui est une boisson avec de la caféine, du ginseng. Et pareil, allégation, réduire la fatigue, en tout cas sa perception. Donc avec tout ça, on voit vraiment bien qu'il y a une idée principale derrière tout ce marketing, c'est l'idée de la performance. Il faut performer quand on est gamer, c'est aussi pour ça qu'on joue beaucoup, pour performer, que ce soit contre des gens ou contre soi-même, ou bien s'amuser mais avoir peut-être aussi une idée de performance. En tout cas, on ne va pas boire du Mountain Dew pour faire des sessions de Stardew Valley pendant 25 heures. Ce n'est peut-être pas le même public ou d'Animal Crossing. ou même de Zelda. En tout cas, il y a cette pensée magique encore une fois. Et puis sur les snackings qui se mangent plutôt que ceux qui se boivent, Doritos, les chips, il y a une autre idée qui est plutôt une idée d'audace. Doritos, ils ont un slogan qui est for the bold donc pour les audacieux, et ils vont mettre en avant un goût pimenté. Et il y a eu des études qui ont été faites qui montrent que dans la génération Z, et les millennials, de gamers, je parle uniquement des gens qui jouent aux jeux vidéo, le goût qui est le plus plébiscité, c'est le goût pimenté. chez les hommes surtout, chez les jeunes hommes. Et chez les femmes, c'est plutôt le sucre qui est plébiscité. Donc, on voit bien à qui s'adressent ces marques. Ça s'adresse à des jeunes joueurs hommes et qui ont cette espèce de... Comment dire ? Qui aiment mettre en avant et qui aiment valoriser un goût, entre guillemets, du risque. En tout cas, un goût audacieux, comme le veut le slogan Doritos. Et au final, en troisième lieu, je dirais qu'il y a, encore une fois, ce côté régressif, qui est de manger de la nourriture... Pour être très caricaturale, je vais dire que les parents n'aiment pas.
- Speaker #0
Donc qu'on soit adulte ou qu'on soit ado ou qu'on soit enfant en tant que gamer ou gameuse, il y a cette idée que pendant qu'on joue, on est libre en fait.
- Speaker #1
Donc là, Nora, avec tout ce qu'elle nous dit, ça nous permet d'identifier en fait trois enjeux dans le ciblage des gamers. Les trois enjeux, c'est la régression, le défi et la performance.
- Speaker #2
Ouais, et d'ailleurs, quand on a préparé cet épisode, moi je me suis rappelé d'un article que j'avais publié pour le Figaro en 2018 sur Feed. Est-ce que tu sais ce que c'est le feed,
- Speaker #1
Hugo ? J'en avais entendu parler. C'était des barres comme ça qu'on pouvait manger. Et il n'y avait que ça à manger. Ça n'avait pas de goût. C'était juste pour te nourrir.
- Speaker #2
Alors, à l'origine, feed, c'est du repas en poudre. C'est une marque française qui propose, pour celles et ceux qui connaîtraient, c'est l'équivalent francophone du Soylent. En gros, leur concept, c'est de proposer des repas en poudre avec suffisamment de nutriments pour se passer d'un repas. Soit dit en passant, c'est un peu une réinvention à la sauce au start-up du Slimfast, le Slimfast qui est de la nourriture en poudre pour perdre du poids, qui était bien connu des femmes dans les années 80. Ça, c'est le petit aparté. Bref, donc Feed lance dans les années 2010 cette marque de repas en poudre. Ensuite, on commençait à proposer également des bars. Et donc Feed... A l'origine, ils visaient plutôt une cible d'entrepreneurs, d'entrepreneuses, de sportifs, de sportives. En gros, des gens qui n'ont pas trop le temps, qui supposément n'auraient pas le temps pour cuisiner ou même se nourrir, mais qui veulent quand même bien se nourrir, c'est-à-dire avoir...
- Speaker #1
Des soins d'apport nutritionnel, bien carré,
- Speaker #2
etc. Le côté un peu, mon corps est une machine et je veux cuisiner. Et bien à un moment, Feed a tenté de s'adresser aux gamers. c'est à dire que j'avais retrouvé moi des feeds à participer notamment à la Paris Games Week une année, il me semble en 2018 ou en 2019, alors ça a pas duré très longtemps parce que visiblement ça a pas trop pris mais je trouve ça quand même assez intéressant parce que dans cette communication, le feed justement ils étaient beaucoup autour de cette idée de la performance c'est à dire, t'es un sportif et t'as pas le temps de bouffer donc vas-y bois ton repas en poudre et tu perdras pas de temps à aller cuisiner et tu pourras consacrer ta soirée à ta partie de jeu quoi hum
- Speaker #1
Donc tu l'as dit, aujourd'hui, Fid, ils ont lâché le gaming. Est-ce que c'était parce que le goût n'y était pas ?
- Speaker #2
Alors, soit dit en passant, c'était dégueulasse. J'en ai bu, c'était vraiment pas bon. Non, mais au final, le goût importe peu. Quand on parle de ce genre d'opération marketing, en fait, les marques, ce sur quoi elles communiquent, c'est plutôt sur des choses plus subtiles. En fait, dans notre interview avec Nora, il y a une notion qui est beaucoup revenue et qui nous paraît vraiment essentielle dans cette discussion, c'est la... Pensée magique. Pensée magique, moi c'est un concept, personnellement, avant de lire les livres de Nora, je ne la connaissais pas, je crois que toi non plus.
- Speaker #1
Ça ne me dit rien non plus.
- Speaker #2
Voilà, on l'a un peu découvert. Et donc en fait, la pensée magique, c'est un concept qui existe depuis assez longtemps, qu'on peut mobiliser sur plein de sujets différents, notamment l'anthropologie. Et Nora, elle, elle choisit de l'appliquer à l'alimentation. En gros, la pensée magique suppose qu'on attribue des pouvoirs ou des capacités à des choses ou à des personnes. Un exemple très bête. Quand j'étais petite, j'étais persuadée que rien de mal ne pouvait m'arriver si j'avais mon doudou avec moi. Alors que mon doudou n'était qu'un bout de chiffon plein de bave et n'avait pas de pouvoir magique. Mais grâce à la pensée magique, je me sentais en sécurité avec. Et bien en fait, dans la nourriture, la pensée magique c'est que quand on absorbe un aliment, non seulement on absorbe ses nutriments, mais aussi ses qualités supposées, qu'elles soient scientifiques ou pseudo-scientifiques. Pareil, exemple très simple, si je bois une tisane nuit calme, j'espère avoir une... lui calme. Du coup, dans l'alimentation des gamers, cette pensée magique c'est que manger des chips, boire des sodas, des boissons énergisantes, c'est se projeter dans des scénarios assez précis. Je passe une bonne soirée, en solo ou avec mes potes, je suis un ado ou alors je joue au grand ado et je suis suffisamment surexcité, performant pour tenir toute la nuit et bien jouer. Et surtout, et là du coup on en arrive à cette question que tu évoquais, la fameuse cible, ces scénarios et ces valeurs portées par ces marques, en fait elles sont éminemment masculines. Et d'ailleurs Nora dans notre discussion le soulignait, c'est-à-dire que vendre des Doritos ou du Red Bull aux gamers, c'est aussi supposer que les gamers sont des hommes, parce que ben en fait c'est des aliments qui sont davantage consommés par des garçons et valorisés dans un contexte de masculinité.
- Speaker #0
Si on décrypte les publicités, si on décrypte la sémantique, si on décrypte les couleurs utilisées, si on décrypte les logos, les slogans, la voix, enfin, tout ça montre à qui on s'adresse. On est sur, encore une fois, l'idée d'une performance, et la performance, elle est valorisante et valorisée chez les hommes, moins chez les femmes. Et puis, comme on l'a déjà dit, ces nourritures-là, le snacking, c'est très gras, très sucré, très salé. Ce ne sont pas des nourritures que les femmes déjà consomment dans ce qu'elles déclarent consommer, parce qu'en fait, ça les fera grossir, ou ça ne les fera pas maigrir. Donc, vu que les femmes sont en permanence sous cette pression d'être minces, de le rester ou de le devenir, en tout cas de ne pas être grosses ou de ne pas grossir, une femme qui mangerait ce genre de choses, elle serait assez mal vue et elle aurait peur. Elle aurait peur de ne plus être désirable, puisque la valeur des femmes dans cette société patriarcale repose sur eux. leur désirabilité vis-à-vis des hommes. Mais je crois qu'il y a ça aussi au fond. Si tu veux être une femme qui mange des chips, qui mange des jeux vidéo, qui boit du Mountain Dew, donc qui a un régime entre guillemets codé masculin, il faut que tu puisses compenser. Donc il faut que tu restes entre guillemets féminine, désirable, il faut que tous tes potes aient envie de se mettre avec toi en couple, il faut que tu rigoles mais pas trop fort. Il faut compenser la performance. Il faut performer la féminité beaucoup plus. parce que tu performes la masculinité par ailleurs.
- Speaker #1
Et voilà, on a donc en fait la raison de cette association un peu historique entre la malbouffe, entre guillemets, et les gamers. Ces marques, pourquoi elles sont venues investir le gaming ? Tout simplement parce qu'elles ciblaient une certaine catégorie de la population, les jeunes hommes. Mais ça... Est-ce que c'est un problème en soi ?
- Speaker #2
Alors, c'est là qu'on voulait faire un petit point qui nous paraissait vraiment important, parce que parler de la nourriture, comme on le dit, c'est parler de la société, et c'est parler de plein d'enjeux vraiment complexes. Et notre discours, c'est vraiment pas dire que boire des sodas ou manger des chips, c'est mal. Déjà parce que moi et Hugo, on adore ça.
- Speaker #1
Les chapdos déjà dans l'intro.
- Speaker #2
Hugo venait chez moi pour enregistrer, j'ai haché les Cheetos, j'adore les Cheetos, j'adore les Doritos, nachos, cheese, voilà. Le truc, c'est qu'on a tout à fait conscience et on... Vous devez aussi avoir conscience que tous les discours autour de ce qu'on appelle la malbouffe, qui est déjà un concept qui a s'exprimer, comme s'il y avait de la mauvaise et de la bonne bouffe, tous ces discours sont ancrés dans du mépris de classe, dans de la grossophobie. Donc, critiquer ce genre d'alimentation, ce n'est pas neutre, ce n'est pas anodin. Et en fait, nous, ce qu'on voulait dire, c'est que voilà, étant nous-mêmes consommateurs et consommatrices des aliments, on a conscience que voilà, on peut avoir du plaisir à consommer ce genre de choses. C'est juste un plaisir différent à celui de préparer et de manger un repas maison. Mais ce n'est pas grave, il y a plein de manières de s'alimenter. En fait,
- Speaker #1
c'est ça, c'est de dire que les produits là qui nous sont vendus, en tant que tels, ce n'est pas forcément un problème. C'est plus la démarche et justement qui on va cibler. comment on va le cibler.
- Speaker #2
Voilà, nous ce qui nous intéressait en fait en analysant un peu ces campagnes marketing, c'est de réfléchir à comment ces marques en fait entretiennent un imaginaire du jeu vidéo qui est assez particulier et qui est surtout réservé aux jeunes hommes. Si vous avez écouté le premier épisode de Solus, on a parlé de ce concept qui était le gatekeeping, c'est-à-dire comment en gros on entretient l'idée que le jeu vidéo est réservé aux garçons et que les filles en sont exclues. Eh bien, le fait d'associer le gaming au snacking... c'est une autre manière d'exclure les femmes. Non pas de la pratique réelle, parce que, encore une fois, les femmes représentent la moitié des joueurs, mais par contre on les exclut de l'aspect public et revendiqué de la pratique vidéoludique. Et puis ce qui est intéressant aussi, c'est que ces marques, non seulement elles communiquent une certaine vision de la masculinité, mais surtout elle est très ancrée dans une certaine vision de l'adolescence. En fait, quand on imagine des gamers qui mangent des Doritos devant leur écran, on imagine des ados. On n'imagine pas des adultes, on n'imagine pas des personnes de plus de 50 ans ou même des personnes de notre âge, de 30 ans. On imagine vraiment plutôt des personnes de 15-25 ans. Donc du coup, on a vraiment cette idée de la masculinité qui serait forcément un modèle lié à la performance et lié à la liberté de faire ce qu'on veut sans se soucier des conséquences, par exemple pour sa santé.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Il y a un côté rebelle et on s'en fout de tout ça, qui est vraiment très entretenu par l'imaginaire que développent ces marques. Et ça, encore une fois, c'est une certaine idée de la masculinité, mais c'est un point dans le spectre de tout ce que peut être la masculinité. Et on voit bien que c'est ça qu'elle valorise.
- Speaker #2
Dans l'alimentation et ailleurs par ailleurs. Exactement.
- Speaker #1
Mais finalement, ce qui pose peut-être le plus problème, c'est que cette représentation-là de la nourriture qui est liée au gaming, ben... elle est fausse en fait, elle n'est pas représentative de la réalité. Pourquoi ? Parce qu'on a parlé de marketing, et le marketing, c'est ça le travail de marketing en fait, c'est de simplifier les choses, d'essentialiser même les choses pour pouvoir vendre un produit, et essayer de trouver des imaginaires auxquels les gens pourraient se rattacher, mais ça, en faisant ça, ça dessine quand même notre vision du monde et de notre réalité. Donc il y a un truc un peu... Le marketing distord un peu la réalité. Et ça, c'est intéressant parce que quand on a commencé et on a continué à faire des recherches sur cet épisode, on est tombé sur une étude qui est parue en 2023 qui s'appelle Extending the Narrative of a Junk Food Gamer. Donc voilà, déjà, il y avait des études qui se posaient la question de pourquoi on associait la junk food au gaming. Alors, cette étude, elle a été publiée par des chercheurs des universités de Turku et Vasa en Finlande. Je ne sais pas si je prononce correctement, mais voilà. Et en fait, déjà dans cette étude, la première chose qu'on apprend, c'est que... Cette vision-là, cette association, en fait, elle a... Il source dans les LAN parties. Alors juste pour rappel, c'était des événements où des gens se réunissaient en emmenant leur PC avec eux pour jouer à des jeux vidéo ensemble et on se branchait en LAN en fait. Tout était câblé parce qu'on n'était pas sur Internet.
- Speaker #2
T'as déjà fait des LAN, Hugo ?
- Speaker #1
Je n'ai pas fait ça, effectivement. C'est pas un truc que j'ai connu, moi. Est-ce que toi, tu as connu des LAN ?
- Speaker #2
Non, mais ça me fascinait un peu. Après, je pense qu'on est un... tout petit peu trop jeune pour les LAN party parce que moi en tout cas à mon époque au collège et au lycée mais les gamers de mon entourage ils allaient encore un petit peu au cybercafé.
- Speaker #1
Ouais ça j'ai un tout petit peu connu effectivement.
- Speaker #2
Mais les LAN c'était déjà plus la peine de les faire quoi.
- Speaker #1
Ouais je pense que vraiment c'est ça aussi le jeu vidéo c'est que c'est un médium qui a évolué hyper vite, la culture a évolué hyper vite et en fait ne serait-ce que 5 ans de différence ça peut faire en fait des ça crée des rapports négatifs d'expériences et des parcours qui sont vraiment hyper différents.
- Speaker #2
Et pourtant, l'image est restée. Oui,
- Speaker #1
exactement, c'est ça, c'est que l'image est restée. Alors après, ce n'est pas forcément une surprise en soi, parce que les LAN parties, c'était quoi ? C'était un moment de célébration, d'amusement, c'était un truc très festif. Et donc, ce n'est pas étonnant de manger des pizzas et de boire des sodas à un truc festif, comme nous, on peut le faire à d'autres occasions festives. Je ne sais pas, un anniversaire pour des ados ou même des moins ados. Enfin, tout est possible, en fait. On peut consommer ces produits dans des cadres festifs autres que le gaming, en fait.
- Speaker #2
Ouais, moi les Doritos honnêtement, je les associe à des fêtes Parce que moi j'aime bien les Doritos C'est vraiment un truc typique Moi si tu m'invites à une soirée,
- Speaker #1
je ramène deux choses Des radis et des Doritos Tu vois moi c'est plutôt les Cheetos C'est mon signature move De me ramener avec des Cheetos Cet épisode n'est pas à ce moment-ci Je voulais juste le rappeler Le Cheetosgate Donc, en fait, vraiment, c'est cet imaginaire-là qui est restreint, qui concerne assez peu de personnes dans la population qui pourrait jouer, mais qui a cimenté cet imaginaire-là. Mais ce que cette étude essaie d'explorer, c'est Ok, c'est ça que les gamers et les gameuses mangeraient, on va étudier. Et en fait, évidemment, ils se sont rendus compte que ce n'était pas du tout le cas, qu'en fait, les gamers ne mangent pas vraiment de manière différente que d'autres groupes socioculturels. En fait, comme tout le monde. Il et elle ont un régime alimentaire qui est complexe, qui est basé sur des parcours différents, des aspirations, des envies diverses, et puis aussi qui dépend beaucoup des contextes. Encore une fois, on ne va pas manger la même chose quand on est dans un environnement festif que quand on est dans sa routine quotidienne, je ne sais pas, le midi quand on prépare son repas entre ces deux horaires de taf. Moi, de la même façon, je ne mange pas... toujours pareil, tu vois, j'aime bien dire que j'aime bien cuisiner et faire des bons petits plats et tout, mais hier, en fait, avant de venir, j'avais quasiment plus rien chez moi, j'ai mangé des pâtes au ketchup avec du gruyère, tu vois, c'est un petit peu moins foufou. Et c'est ça, en fait, on a toutes et tous des régimes alimentaires qui sont extrêmement complexes, extrêmement pluriels, parce qu'on va piocher dans plein de trucs différents, à la fois dans les choses qu'on nous a appris à manger en famille, les choses qu'on a consommées étant étudiants, étudiantes, et après, ce qu'on a appris à faire, bon, bref, il y a beaucoup de choses qui rentrent en jeu. Et donc tout ça nous montre bien que cette vision qui a été portée par le marketing, et en fait le marketing s'est approprié cet épiphénomène, j'ai presque envie de dire des line parties et de comment on y mangeait, pour dessiner comment devraient manger les gamers et les gameuses, alors que c'est faux.
- Speaker #2
En conclusion. Quand on parle de jeux vidéo et de nourriture, il y a une première vision qui est très utilitariste et qu'on retrouve à la fois dans les jeux et dans la vie physique. C'est la nourriture qui rend les PV, donc tes fameux poulets de poubelle. Ou alors les gamers dans la vie physique qui sont ciblés par des aliments qui les rendraient supposément plus performants ou en tout cas qui les aideraient à performer leur masculinité. Et en fait, ce qui est intéressant, et ça c'est quelque chose qui est revenu dans notre entretien avec Sophie, en fait on peut y voir une forme de gamification de nos vies c'est ce que je disais tout à l'heure cette vision du corps machine de si je mens suffisamment de nutriments si je remplis certaines cases alors mon corps fonctionnera d'une telle manière ce qui a un rapport déjà un pas très marrant et puis par ailleurs assez faux parce qu'on n'a pas tous les mêmes corps et ils ne fonctionnent pas de la même manière donc il y a ce côté gamification et puis par ailleurs chips et sodas deviennent un élément supplémentaire de gatekeeping qui dit que le jeu vidéo serait une pratique de jeunes hommes. Mais dans les jeux vidéo, comme dans la vie physique, on se rend bien compte qu'on dépasse vite ces clichés de la performance, des PV. Déjà, en début d'épisode, on a cité plein d'exemples de jeux vidéo qui ont un rapport beaucoup plus nuancé à la cuisine et à la nourriture. Et puis, derrière les écrans, les gamers aussi mangent comme n'importe qui. C'est-à-dire qu'un gamer masculin, son régime ressemblera à celui... d'un homme qui ne joue pas. Alors j'insiste là-dessus, il y a quand même des vraies différences entre l'alimentation des hommes et des femmes. Il y a plein d'études qui le montrent, que les hommes ont effectivement tendance à manger plus de chips que les femmes.
- Speaker #1
On est plus exposé à ces produits-là et on est plus ciblé par ces produits-là.
- Speaker #2
On est plus conditionné à les consommer parce que les femmes, comme l'a expliqué Nora, subissent beaucoup plus une pression à la minceur, au fait de se maîtriser, je mets des gros guillemets, etc. Mais ces différences sont des différences genrées et ne sont pas corrélées à la pratique ou non du jeu vidéo. Du coup, en conclusion, on avait envie d'évoquer une dernière pratique qui peut-être fait le pont entre tous ces sujets, entre les jeux vidéo, les joueurs, les joueuses, et puis cette vision qu'on aimerait un peu plus complexe de l'alimentation et de la cuisine, au-delà de l'aspect de la performance. On avait envie de parler de cette tendance, j'ai l'impression d'être une grosse boumeuse en disant ça,
- Speaker #1
C'est la nouvelle tendance dans les jeux vidéo, celle de reproduire des recettes sorties. de jeux vidéo, Lucie. Parlez-nous.
- Speaker #2
Mais ça, c'est un vrai truc, en fait. Qui est poussé à la fois par les joueurs et les joueuses et aussi par les éditeurs et les éditeurs de jeux vidéo. On pense, par exemple, alors en France, il y a un youtubeur qui fait beaucoup ça, qui s'appelle GastronoGeek, qui a construit sa carrière autour du fait de proposer des recettes inspirées de jeux vidéo, et pas que d'ailleurs. Il fait aussi des divers fantastiques. Il y a aussi sur TikTok, notamment, beaucoup d'internautes qui s'amusent à se dire, ben voilà, cette recette dans Zelda, est-ce qu'on peut la reproduire ? Il y a une vidéo de Brian David Gilbert pour Polygone qui m'avait fait mourir de rire, où il essaie de reproduire toutes les recettes de Zelda. Et notamment, par exemple, il y avait la recette un oeuf. Voilà, c'est le genre d'humour qu'il fait. Et en vrai, il y a aussi du côté des éditeurs, pas mal de livres de recettes qui commencent à émerger officiels. Je pense notamment à Stardew Valley, qui a annoncé en 2024 la sortie de son premier livre de recettes. Et... Je vous le dis tout de suite, je vais l'acheter parce que clairement, moi, c'est un univers qui me parle et qui me fait envie. Et puis, pareil, je pense aussi au jeu Vemba, qui est un jeu narratif qui est sorti fin 2023 et qui met en scène une famille d'origine indienne qui vient s'installer au Canada. Et donc, c'est un jeu, un puzzle game qui est vraiment centré autour des recettes de cuisine. Et Vemba a annoncé qu'ils allaient sortir un livre de recettes numériques pour leurs joueurs et joueuses. Donc ça, pareil, moi, je suis super contente parce que c'est un jeu qui m'a donné faim, clairement. Et moi, je serais contente de pouvoir reproduire ces recettes.
- Speaker #1
Et puis, ça, c'est ton avis en tant que joueuse. Mais on a aussi voulu avoir l'avis d'une développeuse. Et donc, on a demandé à Sophie ce qu'elle en pensait.
- Speaker #3
Moi, je trouve ça génial. Pour moi, c'est juste une forme hyper créative de fanfiction, en fait. De la même façon qu'il y a des gens qui vont écrire des sortes de nouvelles avec leur personnage préféré ou ils les mettent en scène. Pour moi, c'est une façon de célébrer un univers fictif qu'on apprécie et de prolonger l'expérience au-delà du jeu lui-même. Donc en tant que joueuse, déjà, je suis très fan de ça. Moi-même, je collectionne un peu les livres de recettes inspirés de différents univers de jeux vidéo. Il y a le livre de recettes de Destiny, il y en a un pour le dernier jeu Zelda, par exemple. Celui de Star du Valais aussi a été annoncé récemment. Mais aussi en tant que développeuse de jeux vidéo, si jamais un jour je vois qu'il y a un joueur ou une joueuse qui a écrit une recette ou qui a cuisiné un plat inspiré de quelque chose que moi j'ai mis dans un jeu, je pense que je ne peux partir à la retraite. J'ai accompli mon rêve de développeuse.
- Speaker #2
Et toi Hugo, tu as un plat que tu aimerais reproduire qui vient d'un jeu vidéo ?
- Speaker #1
J'avoue que je ne suis pas certain et justement j'en avais discuté avec Sophie et on plaisantait ensemble parce qu'elle me disait notamment que dans ces recettes-là, il va falloir trouver des équivalents pour des ingrédients qui n'existent pas. Tu vois l'extrait de monstre. Je ne sais pas si tu peux retrouver dans des épiceries proches de chez toi, mais je ne crois pas. Et en fait, l'objectif de ces recettes, c'est souvent encore une fois de s'approcher plus du visuel. plutôt que d'avoir un goût très cohérent. Et peut-être que je suis un peu à l'ancienne là-dessus, peut-être que je vais plus vouloir rester sur des recettes traditionnelles. Donc je ne sais pas s'il y a des trucs que j'ai envie de reproduire dans les jeux vidéo. Je ne sais pas si ça m'a donné faim de jouer aux jeux vidéo.
- Speaker #2
C'est marrant parce que cette pression du visuel, je la ressens très fort en pâtisserie. La pâtisserie, c'est très compliqué de faire un gâteau qui est bon et beau. Et il n'y a pas longtemps, j'ai réalisé que j'étais marquée par une image qui me vient des jeux vidéo. C'est le mode cuisine dans Adibou 2. Je sais pas si t'as joué à Adibou quand t'étais petite, moi je jouais à Adibou quand j'étais petite. Et voilà, on peut faire des plats et on peut faire des gâteaux et notamment des tartes. Et c'est des tartes, genre des ultra belles tartes, ultra grandes. Et en fait, je sais que je saurais jamais faire ça. Je saurais jamais faire des gâteaux aussi beaux que dans Adibou.
- Speaker #1
Peut-être que ça doit rester comme ça, lui.
- Speaker #2
Ça me mine.
- Speaker #1
Donc voilà, on va pouvoir conclure là-dessus, je crois, sur ces belles images de gâteau d'Adi Bou. Merci de nous avoir écoutés. Merci à Nora Bouazouni et à Sophie Malinson d'avoir répondu à nos questions. On a vraiment pu faire cet épisode grâce à elles. Lucie, comme d'habitude, je vais te demander où c'est qu'on te retrouve sur l'Internet.
- Speaker #2
On me retrouve sur pas mal de réseaux sociaux sous mon prénom et mon nom. Donc Lucie Ronfaux. Et puis vous pouvez aussi suivre ma newsletter qui s'appelle hashtag Règle 30 et qui est proposée par Numérama.
- Speaker #1
Très bien. Et puis moi, vous pouvez me retrouver aussi sur les réseaux sociaux Hugo Terra, je suis un peu partout. Et puis en podcast dans Fin du Game et sur YouTube avec Game Next Door. On se retrouve normalement dans une semaine pour le troisième épisode de ce mus. Prenez soin de vous et de vos épices.
- Speaker #2
Bon appétit !